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Le marché international (MIN) de Rungis, qui prône les produits alimentaires frais et de qualité se porte bien, à en croire les chiffres annoncés par Stéphane Layani, son PDG. Et le président ne compte pas s’en arrêter là. Des projets sont en cours pour privilégier les circuits courts et les produits locaux.
Il semble bien que le ventre
de Paris en déménageant soit devenu le ventre d’une partie de la France, un centre économique
et logistique névralgique de premier ordre, à l’heure où les sites stratégiques
connaissent un regain d’attention.
Trois millions de tonnes de
nourriture transitent par cette organisme chaque année, avant d’arriver dans
nos assiettes. Sur une emprise de 234 hectares, le plus grand marché d’Europe, nourrit un Français sur
quatre. La place a vu son chiffre d’affaires augmenter de 1 milliard d’euros en
2024.
Stéphane Layani, est à la
tête du plus grand marché de produits frais au monde depuis 12 ans. Invité du
Cercle par son président, Jean Castelain, il affirme début octobre : « Rungis,
pour le comprendre, il faut le vivre ». Chaque matin, la structure
gigantesque accueille 30 000 personnes. Le président se réjouit de la cohésion
des acteurs qui travaillent dans la zone : « Les gens cohabitent
entre eux, quelles que soient leurs origines, quels que soient leurs niveaux,
il y a un caractère familial ».
D'ici à la fin de l’année, Rungis devrait enregistrer un chiffre d’affaires de 12 milliards d’euros, a indiqué Stéphane Layani (au milieu), invité par le président du Cercle Jean Castelain (à g.)
Cette fourmilière qui nourrit
environ 18 millions de Français regroupe 13 000 salariés. Toutefois, le PDG
s’inquiète des difficultés de recrutement de la filière : « Souvent,
nos enfants ne veulent pas faire les métiers de leurs parents. On est en
pénurie d’emplois sur les bouchers, sur les poissonniers et sur des tas de
métiers qui nous sont nécessaires ». Pour Stéphane Layani, l’une des
solutions à ce problème serait de permettre aux étrangers d’accéder à
l’emploi : « Les entreprises ont besoin d’étrangers. Dans le débat
qui va s’ouvrir sur l’immigration dans les jours qui viennent, il ne faut
évidemment pas avoir de tabous. »
Également soucieux de faciliter l’intégration des femmes dans ce milieu autrefois très masculin, et de les mettre à l’honneur, le dirigeant a voulu créer la première crèche de nuit en France. « À Rungis, il y a une crèche qui ouvre à quatre heures du matin, où les femmes qui y travaillent déposent leurs enfants. Il y a une cinquantaine de berceaux. Et c’est formidable, parce que ça change leur vie. Elles peuvent travailler et vers 8 ou 9 heures, elles récupèrent leurs bébés et peuvent s’en occuper toute la journée ».
Le président de Rungis coupe
court à certaines spéculations autour de l’alimentation de notre société : «
Quand on me dit qu’on ne mange plus de viande, non ce n’est pas vrai. La
réalité, c’est que l’on mange de plus en plus de viande de qualité, et de moins
en moins de bas morceaux et de steaks hachés. Donc, en réalité, Rungis va
bien ». En effet, le marché semble se porter pour le mieux puisque
d'ici à la fin de l’année, Rungis devrait enregistrer un chiffre d’affaires de
12 milliards d’euros, soit un milliard de plus que l’année précédente.
Malgré le contexte
d’inflation, les consommateurs achètent. Ils semblent se diriger de plus en
plus vers les commerces de proximité et de moins en moins vers la grande
distribution. Ils préfèrent les produits des circuits courts, alors Stéphane
Layani s’empare de ces pratiques actuelles pour lancer un projet ambitieux.
Le Marché international de
Rungis va se doter d’une plateforme complémentaire : Agoralim. Le PDG du
MIN souhaite y promouvoir le circuit court et mettre en avant des exploitations
et des entreprises à proximité : « Nous allons faire un marché de
la fourche à la fourchette et de la terre à l’assiette ». Cette grande
halle gourmande, sera située au nord de l’Ile-de-France et proposera des
productions du territoire dans un rayon de 200 km autour du site. Le projet
Agoralim devrait se chiffrer entre 1 et 1,4 milliards d’euros et pourrait voir
le jour à l’horizon 2027.
Si Rungis a déjà diminué de
19% son empreinte carbone depuis 2019, il compte bien ne pas s’arrêter en si
bon chemin. Stéphane Layani annonce viser une réduction de l’empreinte carbone
de 26 % d’ici à 2030, notamment à la demande de ses actionnaires : mairie
de Paris, département du Val-de-Marne, Crédit agricole et État, entre autres.
Ce projet s’annonce très ambitieux
puisque le MIN est pénalisé par le poids de ses marchandises qui représentent à
elles seules 85% de son empreinte carbone, le reste étant lié au transport et à
l’énergie.
Mélanie
Pautrel
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