Huit bouteilles repêchées au
large des côtes marseillaises = une paire de baskets. Voilà le pari que se sont
lancé Alexis Troccaz et Paul Guedj, co-fondateurs de Corail. En
pleine campagne de crowdfunding,
la start-up vient tout juste de remporter le concours « Go For Good » organisé par
les Galeries Lafayette.

Pouvez-vous
nous présenter Corail ?
Corail, c’est une basket tissée à
partir de bouteilles plastiques repêchées à Marseille, par notre crew de
pêcheurs de plastique. Dans chaque paire, il y a huit bouteilles en
plastique.
Comment est
né votre projet ?
Notre histoire est celle de beaucoup
d’autres jeunes de notre génération : après plusieurs années à travailler
dans un grand groupe, on a fini par se demander : « pourquoi ? ».
La réponse est arrivée sur une plage à
Marseille où nous étions en vacances. Le terrible spectacle de la mer de
plastique que nous y avons trouvé a été un choc et nous a décidés : il
fallait que l’on monte un projet qui nous parle, qui ait un vrai impact concret
et qui fédère le plus grand nombre. Un projet positif, qui fasse bouger les
choses, mais sans discours culpabilisant ou moralisateur. Un projet écologique
qui nous ressemble. Nous avons donc décidé de quitter notre travail respectif
dans la foulée, en septembre dernier, après cinq ans en entreprise dans un
grand groupe de cosmétiques, pour avoir un vrai impact concret. C’est comme ça
que Corail est né.
Maintenant
nous savons donc pourquoi Marseille… Mais pourquoi des baskets ?
Les baskets sont portées par beaucoup de monde, de plus en plus, et elles sont
malheureusement très souvent fabriquées avec des matériaux contestables, dans
des conditions douteuses. Confectionner des baskets faites en plastique recyclé
nous permet donc d’avoir un fort impact social, à grande échelle. Au-delà de
tout cela, nous sommes fans de baskets, et nous adorons travailler dans ce
domaine au quotidien.
Comment vous
êtes-vous lancés ?
Nous avons passé énormément de temps
à choisir les bons partenaires afin de réaliser notre projet, tout en
construisant notre marque (nom, proposition de valeur, identité visuelle), pour
enfin passer à l’étape de prototypage et de lancement de notre campagne de crowdfunding
sur Ulule.
L’éco-responsabilité
étant dans l’air de temps, cela vous a-t-il aidés à concrétiser ?
Malgré l’essor de
l’éco-responsabilité, le domaine est encore vraiment en balbutiement du côté
production, et l’information est très souvent peu transparente. C’est la raison
pour laquelle nous avons beaucoup réflechi à ce volet-là, et que nous avons
décidé de maîtriser notre propre filière de recyclage de bouteilles plastiques.
Combien
êtes-vous à travailler sur le projet ?
Pour le moment, nous ne sommes que
deux cofondateurs, mais nous ne travaillons pas seuls nous travaillons
main dans la main avec nos pêcheurs de plastique marseillais. Nous comptons
recruter nos premiers profils dès la fin de notre campagne.
Justement,
dites-nous en plus sur cette phase de crowdfunding !
Les résultats sont-ils à la hauteur de vos attentes ?
Après une semaine, nous en étions
déjà à 1 200 paires pré-commandées, qui seront livrées dès janvier
2020. Nous avions donc dépassé notre objectif de 400 %, ce qui est absolument
incroyable. Nous ne nous attendions pas à un tel succès, et nous sommes très
heureux de voir que les projets éco-responsables suscitent de plus en plus
d’engouement ! Forts de ce succès, nous nous sommes fixé un nouvel
objectif fou de 2 000 paires, qui nous permettrait de consolider nos
opérations de récolte, au-delà de recycler plus de bouteilles en plastique.
Quelles sont
les étapes à venir ?
Nous sommes toujours en campagne, nous souhaitons donc
la clôturer avec le meilleur résultat possible. À son terme, nous ouvrirons
notre propre boutique en ligne, et nous sommes actuellement en train de
négocier notre référencement avec des distributeurs physiques.
Si Corail
est un succès, envisagez-vous d’étendre l’opération à d’autres villes ou
produits ?
Pour l’instant, nous nous concentrons sur Marseille, car
c’est l’une des villes les plus touchées par la pollution plastique en France.
Cependant, nous avons pour projet de nous ouvrir à d’autres villes françaises.
Par ailleurs, si nous comptons nous focaliser dans un premier temps sur les
baskets, nous avons encore beaucoup d’idées !
Propos recueillis par Bérengère Margaritelli