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Entretien avec Denis Salas - Président de l’Association Française pour l’Histoire de la Justice

Entretien avec Denis Salas - Président de l’Association Française pour l’Histoire de la Justice
Publié le 29/11/2016 à 17:27

Le 2e salon du livre judiciaire approchant, nous nous sommes entretenus avec Denis Salas, président de l’Association Française de l’Histoire de la Justice qui organise cet évènement. Diplômé de l’école Nationale de la Magistrature, cet éminent magistrat et essayiste, est actuellement directeur scientifique de la revue Les cahiers de la justice (ENM/Dalloz). Pour ce passionné d’Histoire, présider l’AFHJ est une consécration tant « la perspective historique est un point de passage obligé pour rendre intelligible le présent ». Lors du salon le 3 décembre prochain, il animera la table-ronde « Mémoire des génocides ».



Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je suis docteur en droit, magistrat de formation ayant exercé des fonctions juridictionnelles dans un premier temps ; puis j’ai été détaché à l’IHEJ (Institut de Hautes études sur la Justice) avant d’être nommé secrétaire général puis président de l’AFHJ. Je suis désormais chercheur, essayiste et, à l’école Nationale de la Magistrature, j’anime la revue les Cahiers de la justice (Dalloz).



Vous présidez l’Association Française pour l’Histoire de la Justice. Quel est l’objet de cette association ?

L’AFHJ créée par Robert Badinter en 1986 puis présidée par Pierre Truche jusqu’en 2015 est chargée de promouvoir l’histoire de la justice et de ses professions. Elle anime des cycles de conférence à la Cour de cassation, des journées d’études dans les cours d’appel, décerne tous les deux ans le prix Malesherbes qui couronne un livre important dans notre champ et publie une revue à la Documentation française. Notre dernier ouvrage s’intitule « Justices en Guyane ». Depuis peu, avec l’arrivée de Sylvie Humbert comme secrétaire générale il y a deux ans, nous avons d’autres activités : des journées internationales d’histoire de la justice et un salon du livre judiciaire.

 

Qui en sont les adhérents ?

Nous avons environ 150 à 200 adhérents : ce sont des avocats, magistrats, greffiers, étudiants, chercheurs et plus généralement des passionnés d’histoire. Notre siège se trouve au ministère de la Justice (sur le site Millénaire 3) où officie notre chargé de mission Vincent Bernaudeau, historien.


L’association fêtera ses 30 ans en juin 2017. Que lui souhaiteriez-vous pour cette occasion ?

Pour nos trente ans, nous souhaitons rendre hommage à nos pères fondateurs : Robert Badinter et Pierre Truche.


« L’histoire est un éternel recommencement ». Une bonne culture des affaires passées, voire lointaines, apporte-t-elle une aide dans l’exercice de la justice aujourd’hui ou, au contraire, est-elle une mauvaise amie ?


Notre ligne de conduite est de chercher dans le passé les expériences qui peuvent servir à éclairer le présent. Comme le disait Tocqueville « s’il ignore son histoire, l’esprit avance dans les ténèbres ». Comment, par exemple, comprendre la notion de procès politique sur laquelle nous travaillons sans remonter à Socrate et à Louis XI. Avec le droit comparé, la perspective historique est un point de passage obligé pour rendre intelligible le présent.



La journée du 3 décembre est consacrée au salon du livre judiciaire au Conseil Supérieur du Notariat. 10 tables rondes y sont prévues dont celle à laquelle vous participerez : « Mémoires des génocides ». Notre civilisation en ignore-t-elle certains ?

La question du génocide est un défi majeur pour la justice. Ce concept est reconnu depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Depuis lors, il n’a cessé d’être mobilisé après la guerre de l’ex-Yougoslavie, au Cambodge et au Rwanda. Nous revenons d’un séjour d’études au Rwanda où nous avons pu mesurer la place centrale des différentes formes de justice dans l’après-guerre. Aujourd’hui, plus de 20 ans après le génocide, la question du pardon est d’actualité dès lors que tous doivent vivre ensemble sur une même terre. Mais cette question aurait-elle pu se poser sans la mobilisation de la justice comme acteur de la transition démocratique ?



Qui sont les acteurs de ce salon ? Quelles retombées peut-on espérer ?

Le maître d’œuvre du salon est Hervé Leuwers professeur d’histoire à Lille II. Nos partenaires sont la Documentation française, Historia, l’Association de la presse judicaire, le Conseil Supérieur du Notariat qui nous ouvre ses portes et vous-même. à côté des habituelles séances de dédicace, il y aura des tables rondes destinées à présenter les livres de façon dynamique et favoriser les échanges avec le public. (…)



Propos recueillis par C2M


 

Retrouvez la suite de cet entretien dans le Journal Spécial des Sociétés n° 88 du 26 novembre 2016

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