Diaspora Santé a été créé par Mama Mfomegnam.
Ce service propose de souscrire à une assurance maladie 100 % digitale au
profit d’un proche habitant en Afrique. Le bénéficiaire reçoit ainsi une carte
de santé tiers pays qui lui permet de se soigner sans avancer les frais au sein
des structures appartenant au réseau de soins conventionnés. Nous avons
interviewé le fondateur de la plateforme qui, par la création de ce service,
vise à faciliter l’accès aux soins en Afrique.
Pouvez-vous nous présenter
Diaspora Santé ?
Diaspora Santé a été fondé en 2015 pour permettre à la
diaspora africaine d’assurer la protection santé de leurs proches restés sur le
continent. Les premières souscriptions ont débuté après deux ans de
R&D et de partenariat avec les grands acteurs de l’assurance en France et
en Afrique. À partir de diasporasante.com, une personne vivant en France
ou dans un autre pays peut prendre une assurance santé pour un proche « resté
au pays ». Ce proche peut être un enfant,
un parent, mais aussi un membre de la famille élargie comme un neveu (ou même
un ami d’enfance s’il le souhaite).
Quand et comment est née
l’envie de créer ce service ? Quel a été l’élément déclencheur ?
J’ai travaillé pendant quinze ans dans le
secteur des assurances en Afrique et en France, notamment comme responsable
innovation dans l’assurance traditionnelle et responsable infrastructure de
production dans l’assurance digitale, ce qui m’a permis d’étudier ce secteur
d’activité.
En Afrique, le taux de couverture santé est très
faible comparé aux pays européens (seulement 2 % au Cameroun en 2016).
Comme dans la plupart des pays africains, il n’existe pas de caisse primaire
d’assurance maladie. De plus, les offres sont davantage orientées vers les
entreprises. En général, c’est la diaspora africaine qui prend en charge la
santé de leurs proches restés au pays. Il faut alors passer par le transfert
d’argent, et une fois sur place, l’argent n’est pas toujours utilisé à bon
escient. L’automédication et le recours aux tradipraticiens sont encore très
développés chez certaines populations.
En étant sur le terrain, j’ai pu me rendre compte du
problème d’accès aux soins de santé et de l’absence d’offre simple, complète et
accessible partout pour les particuliers. J’ai donc décidé de lancer la
plateforme diasporasante.com pour fédérer la diaspora africaine, en
améliorant l’accès aux soins de santé de leurs proches restés sur le continent.
Quels étaient les
principaux objectifs ?
Tout d’abord de permettre au plus grand nombre
d’Africains d’avoir une bonne couverture santé.
La santé est un droit humain fondamental, toute personne doit avoir la
possibilité de souscrire à une assurance santé. Il y a ensuite un travail
d’information pour faire comprendre les bénéfices d’une assurance maladie.
Enfin, pour la diaspora africaine, Diaspora Santé a été créée pour simplifier
la prise en charge de leurs proches en Afrique et surtout pour leur éviter le
stress du transfère d’argent en urgence en cas de maladie d’un proche.
Nous souhaitons aussi apporter une dimension humaine
derrière cette plateforme. Bien que cette dernière soit 100 % digitale,
les personnes qui nous contactent doivent bénéficier des meilleurs conseils et
d’un suivi rapide et personnalisé.
Vous êtes lauréat du
Réseau Entreprendre Yvelines – promotion 2018. Qu’est-ce que cela représente
pour vous ?
C’est tout d’abord une reconnaissance pour Diaspora
Santé. Cela nous conforte dans le fait que notre société a un beau potentiel et
répond à un réel besoin. C’est aussi un grand soutien dans notre processus de
développement. Nous ne sommes plus seuls dans l’aventure entrepreneuriale. Nous
bénéficions d’un vrai accompagnement d’un parrain entrepreneur expérimenté et
expert dans notre domaine d’activité. Sur ce point, je tiens à remercier
Monsieur Patrick Dohin et tous les membres du Réseau Entreprendre
Yvelines, et plus particulièrement Monsieur Vincent Tonneau, pour son aide
précieuse et son appui de tous les jours.
Quels profils souscrivent
majoritairement à votre service ?
Surtout des Camerounais, puisque nos solutions ne
sont pour l’instant disponibles qu’au Cameroun. Nous allons cependant ouvrir en
cette fin d’année deux nouveaux pays : le Tchad et la Côte d’Ivoire.
Les personnes qui souscrivent sont principalement en
Europe mais aussi en Amérique du nord, au Maghreb, et bien sûr au Cameroun. Nos
différentes formules permettent de toucher le plus grand nombre : depuis
l’étudiant qui souscrit pour sa mère au pays, le salarié ou encore le cadre
dirigeant qui souhaite protéger ses enfants, son conjoint ou ses frères et
sœurs, etc.
Combien de salariés
avez-vous pour l’instant ?
Nous avons plusieurs équipes. L’une est présente en
France pour le développement et la plateforme d’appel. Au Cameroun sont
installées une équipe d’ingénieurs pour la plateforme numérique ainsi qu’une
équipe d’animation commerciale. C’est plus d’une dizaine de personnes qui
travaillent sur Diaspora Santé.
Créer sa start-up n’est
pas toujours facile. Avez-vous reçu des aides ? Avez-vous reçu une
formation spécifique ? En quoi consistait-elle ?
Travaillant dans le secteur informatique depuis des
années, j’avais les compétences nécessaires dans le développement de la
plateforme. J’ai par ailleurs réalisé une licence en économie gestion ainsi
qu’un master en finance option assurance, avant de me lancer et d’obtenir
l’agrément en France.
Dans les Yvelines, YCID nous a octroyé un
financement de 30 000 euros et une bourse de stage qui nous a permis
d’agrandir notre équipe en France.
Quels sont, à moyen
terme, vos objectifs ?
Nous souhaitons distribuer nos solutions dans
25 pays d’Afrique d’ici 2020. Après la Côte d’Ivoire et le Tchad à la fin
de l’année, nous poursuivrons avec le Sénégal, le Mali, la Guinée Conakry et le
Nigéria. Nous espérons ainsi augmenter le taux de couverture santé dans tous
ces pays pour qu’il se rapproche du niveau européen.
Propos recueillis par Constance Périn