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Interview de Jean Messinesi, nouveau Président du Tribunal de commerce de Paris

Interview de Jean Messinesi, nouveau Président du Tribunal de commerce de Paris
Publié le 16/02/2016 à 14:20


Jean Messinesi a été élu Président du Tribunal de commerce de Paris en octobre 2015, pour quatre ans, succédant ainsi à Frank Gentin, qui exerçait cette fonction depuis le 15 janvier 2012. Son mandat a officiellement débuté lors de la rentrée solennelle de la juridiction, mercredi 20 janvier 2016. Le Journal Spécial des Sociétés l’a rencontré, à son bureau du 1, quai de Corse, sur l’Île de la Cité.


JSS Quels sont les grands projets de votre mandat ? Quelles en sont les priorités ?


Ma première priorité rejoint celle du nouveau Ministre de la justice : trouver des moyens pour ce tribunal. Il faut savoir que les moyens du Tribunal de commerce ont été considérablement réduits ces dix dernières années. De 115 000 euros en 2006, notre budget de fonctionnement, c'est-à-dire hors entretien du bâtiment, est passé en 2015 à 11 000 euros par an. On ne donne pas beaucoup de moyens aux bénévoles qui doivent utiliser leurs ordinateurs, leurs codes, leur papier…

La deuxième priorité, c’est de faire connaitre l’excellence du Tribunal, la qualité de ses décisions et la rapidité avec laquelle elles sont rendues. Bien entendu, nous n’arrivons pas à avoir le même temps que le temps de l’entreprise. Le temps de l’entreprise est très court, mais nous essayons de rendre nos décisions suffisamment rapidement pour que l’impact du délai d’attente soit minime. Par rapport aux délais que prennent d’autres juridictions, nous sommes exemplaires et cela est encore plus vrai lorsque l’on nous compare au temps que prend l’arbitrage.

La troisième priorité c’est de pouvoir donner aux juges plus de facilités. Pas seulement en termes financiers. Il s’agit d’aides à la décision que les juges sont en droit d’attendre : l’accès aux bases de données juridiques. Pour l’instant nous n’avons qu’une seule base accessible alors que nous souhaiterions avoir, comme les magistrats, accès à celles que développent la Cour d’appel et le Tribunal de grande instance.


JSS :    Quels sont les grands défis du Tribunal de commerce ?


Le grand défi c’est de faire reconnaitre les atouts des Tribunaux de commerce, en particulier en matière internationale. Il faut que le droit français soit plus largement accepté et que les contrats internationaux soient plus souvent soumis aux juridictions françaises. Les juges consulaires, qui sont des professionnels de l’économie, du commerce, de la banque mais aussi des ingénieurs. Ils connaissent le monde réel dans lequel opèrent les agents économiques. La justice commerciale à Paris, mais aussi dans la majorité des tribunaux de commerce en France est le résultat de cette cohabitation entre la nécessité de la vie économique et la règle de droit. L’efficacité de cette justice consulaire nait de l’expérience, de la compétence des juges en matière économique et de leurs connaissances en matière juridique. Le Tribunal consacre énormément d’efforts aux juges qui le rejoignent. C’est ainsi grâce à cette double compétence que nos décisions sont très largement acceptées.


JSS :  Sur votre blog, vous revenez souvent sur les « critiques » qui sont faites à la juridiction. Comment leur répondez-vous ?


Vous savez, on nous reproche un peu hâtivement d’être soit incompétents soit corrompus. Tout cela est un peu rapide. Les Tribunaux de commerce ont considérablement changé depuis 15 ans. La déontologie, le souci d’être attentif à la moindre apparence de conflit d’intérêt font que je suis convaincu que nous ne sommes pas plus critiquables que d’autres. Toute activité humaine, malheureusement, comporte des risques. Mais aujourd’hui pas plus ici qu’ailleurs. Mais il faut que les règles déontologiques soient très claires et nous sommes très favorables à ce que pèsent sur nous les mêmes obligations que celles qui pèsent sur les magistrats.


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