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Salon international de l’agriculture : les agriculteurs au défi de la transmission des exploitations

Salon international de l’agriculture : les agriculteurs au défi de la transmission des exploitations
Publié le 10/03/2023 à 18:22

Les problèmes de recrutement se multiplient en France depuis le début de l’année. Dans l’agroalimentaire, ce manque de main d’œuvre est présent depuis encore plus longtemps, aggravé par les difficultés de reprises d’exploitations par les jeunes qui entrent sur le marché du travail. Au Salon international de l’agriculture de 2023, les notaires ont pu répondre à certaines de leurs questions et dissiper leurs inquiétudes.

Comment réconcilier la jeunesse avec son agriculture ? Alors que la France fait face à de grosses difficultés de recrutement dans le secteur, la problématique de la reprise des exploitations faisait partie des sujets abordés au Salon international de l’agriculture, dont les portes se sont refermées le 5 mars dernier.

Présents chaque année, les notaires du Conseil supérieur du notariat (CSN) ont également ressenti une inquiétude sur ces questions au fil des quelque 60 consultations par jour. « Il y a beaucoup d’enjeux de transmission, avec le départ à la retraite de nombreux agriculteurs. Le corollaire de cette transmission est l’installation des jeunes agriculteurs ou les regroupements d’exploitation », selon Thomas Roux, notaire dans les Deux-Sèvres et présent sur le stand du CSN au salon.

50 % des agriculteurs auront en effet l’âge de partir à la retraite dans les dix ans à venir. L’urgence est donc réelle pour ces futurs retraités de trouver un moyen de passer la main de la manière la plus transparente possible pour l’exploitation et ses clients. « Il est important que les futurs retraités et les jeunes passent par un notaire pour avoir un conseil plus large, qui peut aller au-delà de la transmission de l’entreprise pour s’intéresser à la transmission de patrimoine aux enfants. » D’après Thomas Roux, le réflexe du notaire n’est pas assez ancré, « c’est pourtant très important pour éviter certains écueils fiscaux et patrimoniaux ».

Des craintes pour les transmissions hors cadre familial

Le notaire peut notamment aider dans le cas de transmissions qui se font hors cadre familial, le bail rural classique n’étant pas transmissible dans cette situation. « C’est un point d’inquiétudes rencontré par les agriculteurs qui partent à la retraite, car si l’on ne peut transmettre le foncier qui porte l’entreprise agricole, alors celle-ci n’a pas d’assise », comme nous l’a expliqué le notaire deux-sévrien. Il est possible pour les professionnels de trouver des solutions pour éviter un risque de refus des propriétaires de conclure de nouveaux baux.

Mais même à l’intérieur du cadre familial, la reprise de l’exploitation n’est pas toujours chose aisée. « Aujourd’hui, on a des exploitations qui ont parfois un gros capital et même les enfants n’ont pas les capacités financières pour reprendre l’exploitation de leurs parents », a de son côté déploré Rémi Dumas, viticulteur dans l’Hérault et vice-président du syndicat Jeunes agriculteurs, qui se revendique seul syndicat agricole entièrement dédié à la cause des jeunes.

Le groupement a publié un livre blanc sur le sujet avec un objectif : « Faciliter la transmission de parent à enfant et pouvoir renouveler les générations en agriculture. » « Il y a un enjeu fort de renouvellement, en tant que chef d’entreprise comme au niveau de la souveraineté alimentaire du pays. »

Beaucoup de frais, et des aides pour s’en sortir

Comme l’a précisé le viticulteur, de nombreux frais sont à prévoir au moment de l’installation, ce qui peut freiner les nouveaux entrants dans l’agriculture. « Le syndicat est là pour mettre toutes ces problématiques en avant et les travailler politiquement. »

L’organisation accompagne aussi les jeunes pour bénéficier de la dotation jeune agriculteur (DJA) qui aide à l’installation les porteurs de projets.

Rémi Dumas souhaite également l’obligation d’avoir un diplôme pour exercer le métier d’agriculteur. « Pour nous, ce n’est pas un frein, au contraire. Cela permet notamment aux enfants d’agriculteurs d’être formés et avoir des bases solides de chef d’entreprise pour être agriculteur »

Avec toujours la problématique de faire venir les jeunes dans un métier qui n’attire plus, le syndicat a créé dans ce but l’association « Demain je serai paysan », qui veut rassembler l’ensemble des filières agricoles pour faire la promotion de tous les métiers de l’agroalimentaire, notamment les laiteries et abattoirs. « Ce sont des professions souvent décriées, ou méconnues. Il faut réussir à faire comprendre à tous qu’il y a du sens dans tous nos métiers. » 

 

Alexis Duvauchelle


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