Lors d’une séance de
questions d’actualité au gouvernement ce mercredi 10 avril, Jean-Raymond Hugonet a mis en cause le « déni
idéologique qui paralyse l’action publique » après le récent décès d’un
collégien roué de coups, et demandé au gouvernement d'« ouvrir les
yeux ».
« La disparition tragique
de cet adolescent sauvagement massacré vient s’ajouter à une trop longue et
insupportable liste » a fustigé cet après-midi, au sein de l’Hémicycle,
le sénateur de l’Essonne Jean-Raymond Hugonet.
Une prise de parole en
réaction à la mort du jeune Shamseddine, 15 ans, violemment agressé à quelques
mètres de son collège, à Viry-Châtillon, jeudi 4 avril. Depuis, cinq individus
dont quatre mineurs ont été interpellés et placés en garde à vue, puis déférés
en vue d’une mise en examen, dimanche dernier.
En
janvier dernier, deux adolescents de 14 et 18 ans avaient été mortellement
poignardés à Saint-Denis (93), en moins d’une semaine, sur fond de rivalité entre jeunes ; l'un d'eux sur le quai d'une station de métro, l'autre à proximité de son lycée.
« Qu’allez-vous enfin
entreprendre en profondeur ? »
Ce 10 avril, profitant de la
séance des questions d'actualité au gouvernement, et après avoir dénoncé une « fermeté
de façade qui ne trompe plus personne » et un « gigantesque
déni idéologique qui paralyse l’action publique », Jean-Raymond
Hugonet a ainsi interpellé Gabriel Attal.
« Au-delà des sempiternelles
déclarations solennelles du Président de la République jurant : « la
main de l’Etat ne tremblera pas, l’école doit rester un sanctuaire »
alors qu’elle est devenue un coupe-gorge, qu’allez-vous enfin entreprendre en
profondeur, Monsieur le Premier ministre, avec l’aide de votre gouvernement,
pour lutter contre ce qui n’a plus rien à voir avec la fatalité ? »
Propos auxquels la ministre
de l’Education a immédiatement réagi, les jugeant « gravissimes ». « L'ensemble
de nos équipes éducatives, de nos personnels, sont arc-boutés pour que l'école
reste un lieu de sécurité et de sérénité » a vertement répliqué Nicole
Belloubet. Et d’ajouter : « C’est
un véritable bouclier de sécurité que le gouvernement met autour des
établissements scolaires, un bouclier fondé sur les forces de l’ordre, sur le
travail pédagogique, sur le respect des valeurs républicaines (…) ».
Le député alerte face à « ultra
violence juvénile »
Le sénateur de l’Essonne a toutefois
balayé ce discours d’un revers de main, mettant en garde contre « l’ultra
violence juvénile ». « Partout l’autorité est bafouée et l’anomie
nous guette, alors au moment où les piliers de notre société sont
consciencieusement dynamités, l’heure n’est plus aux missions flash ; l’urgence
commande d’agir ! Mais quand allez-vous enfin ouvrir les yeux sur ce qui
se passe dans notre pays ? » s’est emporté Jean-Raymond Hugonet.
Hier, à l’Assemblée, le garde
des Sceaux était pour sa part revenu sur
la notion de « crime d’honneur » plusieurs fois évoquée pour
parler de cette affaire dans laquelle (notamment) deux frères ont souhaité
venger leur sœur de l’adolescent qu’ils ont tué jeudi 4 avril. « Il n’y
a pas de crime d’honneur, il n’y a que des crimes d’horreur, et en l’occurrence,
d’horreur absolue », avait tenu à rappeler Éric Dupond-Moretti, sous
les applaudissements, avant d’annoncer que la « justice essonnienne »
serait bientôt renforcée. 20 magistrats, 14 greffiers, 15 attachés de justice sont
attendus.
Bérengère
Margaritelli