Dans le cadre d’un dispositif
porté par la Communauté d’Agglomération de l’Étampois Sud-Essonne, qui vise l’accompagnement
de 2 300 jeunes chaque année, sept associations ont défendu leurs projets autour
de la petite enfance, du décrochage scolaire et de l’insertion professionnelle,
pour obtenir des financements auprès de chefs d’entreprises du territoire.
C’était une première du
genre. Lundi 26 février, le théâtre intercommunal d'Étampes a abrité une soirée
un peu spéciale. Sur les planches, pas de comédiens, mais des associations
venues pitcher leurs projets destinés à lutter contre la précarité et le
déterminisme social des jeunes, devant plusieurs dizaines d’entreprises du
territoire susceptibles de devenir mécènes.
Une
étape supplémentaire - et cruciale ! - au sein du dispositif porté par la
Communauté d’Agglomération de l’Étampois Sud-Essonne (CAESE) via sa dotation
d’action territoriale (DAT), dans le cadre de la convention de partenariat nouée
en 2022 avec l’organisation humanitaire Break Poverty, laquelle est à
l’initiative de cette démarche déployée sur la France entière. « Mais
en Essonne, nous sommes les premiers à en être à ce stade », se
réjouit Corinne Tiquet, chargée du développement de l'emploi local pour la CAESE.
1 300
jeunes à risque de décrochage scolaire sur le territoire
La mise en place de ce
dispositif par la CAESE part d’un double constat : à trois ans, un enfant
issu de famille précaire maîtrise 500 mots de moins qu’un enfant issu de
famille aisée, et les enfants dont les
parents sont issus de milieux sociaux défavorisés ont en moyenne quatre fois
plus de risques de sortir de l’école sans diplôme.
Pour
mieux cibler le nombre de jeunes concernés et chiffrer ainsi les besoins à
l’échelle de son territoire, la communauté d’agglo avait commencé par effectuer,
quelques mois en arrière, « un diagnostic sur les 37 communes de
l’agglomération », nous explique Corinne Tiquet. Les résultats avaient
mis au jour près de 200 enfants au sein de familles monoparentales précarisées,
plus de 1 300 jeunes à risque de décrochage et pas loin de 800 jeunes « NEET »
(ni en études, ni en emploi, ni en formation) sans diplômes.
Des projets autour de la
petite enfance, du décrochage et de l’insertion professionnelle
« Après
ce bilan, nous avons lancé appel à manifestation d’intérêt en septembre 2023 à
destination des associations », retrace la chargée du développement de
l’emploi local pour la CAESE.
A
l’issue de cet appel, le comité de pilotage – notamment constitué du président
de l’Agglo Johann Mittelhausser, de représentants de la Direction Départementale
de l’Emploi, du Travail et des Solidarités, de la déléguée du Préfet délégué à
l’égalité des chances, et de deux chefs d’entreprise : Jean-Léry Lecornier,
PDG de l’Union des forgerons, et Damien Souris, dirigeant de Renault Trucks à
Etampes - avait retenu sept projets sur les 15 adressés, articulés autour
de trois champs d’intervention : le soutien à la petite enfance, la prévention du
décrochage scolaire et l’insertion professionnelle des jeunes.
Les chefs d'entreprises étaient invités à voter pour leur(s) projet(s) "coup de cœur" dans le cadre d'un éventuel financement © com CAESE
Parmi
les projets retenus en fin d’année dernière, il y a celui de l’association Zup
de co, qui consiste en un accompagnement hebdomadaire sous forme de mentorat du
CM1 à la terminale, celui de l’association Passer’elles, qui vise à organiser
des groupes de discussions et des ateliers pour booster la confiance en soi des
jeunes filles, ou encore celui du Réseau étincelle, qui propose un parcours de
formation et de découverte du monde professionnel de sept jours au cœur
d’entreprises partenaires.
Du
« gagnant-gagnant » grâce à un impact sur le territoire
Depuis
le mois d’octobre, la CAESE s’était donc lancée dans une opération
communication auprès des entreprises du territoire ; « un travail
de longue haleine », confie Corinne Tiquet, qui voit dans la soirée du
26 février un beau coup d’accélérateur pour le dispositif.
Lundi soir, c’est entre
autres en présence du président de l’agglomération, du président de Break
Poverty Denis Metzger, du commissaire à la lutte contre la pauvreté
d’Ile-de-France Christian Forterre, du préfet délégué à l’égalité des chances Alain
Castanier et du sous-préfet d’Etampes Stéphane Sinagoga que les sept
associations lauréates de l’appel à manifestation d’intérêt ont défendu leurs
projets sous les yeux attentifs des chefs d’entreprises présents ; du médecin
libéral au patron de Scop, tous types d’entreprises et de secteurs (industrie,
service, grande distribution…) confondus.
Objectif de la manœuvre,
indique Corinne Tiquet : « Lancer officiellement l’opération de
mobilisation, pour que les entreprises puissent se rendre compte de la qualité des
projets et de l’impact que ces derniers vont avoir sur leur territoire, leurs
entreprises ». Car le cahier des charges était strict, précise la
chargée du développement de l'emploi local pour la CAESE : les
associations devaient nécessairement essaimer sur l’ensemble de l’agglomération.
Une façon d’être
« gagnant-gagnant », comme l’a d’ailleurs souligné Christian Forterre,
commissaire à la lutte contre la pauvreté, qui a livré à cette occasion un
véritable plaidoyer mettant en lumière l’alliance de la puissance publique, des
associations et des entreprises.
2 300 jeunes accompagnés
chaque année
Autant de démonstrations qui
ont, semble-t-il, porté leurs fruits, puisque les entreprises présentes,
invitées ce soir-là à signaler leur(s) projet(s) « coups de
cœur », préalable à un éventuel financement, « ont vraiment bien joué le jeu », rapporte
Corinne Tiquet, qui précise avoir déjà eu « des retours de promesses
d’engagement financier ». « L’émulation commence ! »
se félicite-t-elle.
Désormais, le but sera de
déboucher sur des conventions de mécénat pour trois ans, pouvant s’accompagner
d’un engagement des collaborateurs des entreprises (mécénat de compétences,
bénévolat, mentorat, etc.). De côté de la CAESE, il s’agira d’assurer le suivi du
déploiement des projets sur le territoire, avec des indicateurs d’impact, mais
aussi de tenir les entreprises informées, plusieurs fois par an, de
l’avancement des projets soutenus.
Aujourd’hui, la CAESE vise 2 300
jeunes accompagnés chaque année, et une levée de fonds globale de 150 000
euros par an.
Bérengère
Margaritelli