C’était le 5 juin à la cour
d’appel de Paris. Lors de la finale interdépartementale du Concours d’éloquence
2025, une compétition citoyenne qui valorise les talents oratoires des élèves
de l’Essonne et du Val-de-Marne, la victoire a été ravie par deux collégiennes
du 91. Thématique abordée cette année : la parole de l’enfant, sa prise en
compte et son traitement par les institutions judiciaires.
Comme dans un vrai procès :
les huit collégiens et collégiennes ont débattu, chacun dans un rôle précis, et
rejoué, dans le cadre prestigieux de la cour d’appel de Paris, de grandes
affaires criminelles qui avaient pour point commun la parole de l’enfant.
Ce jour-là, les quatre
représentants de l’Essonne ont affronté leurs homologues du Val-de-Marne, et
deux collégiennes ont remporté ce concours devenu en cinq ans un rendez-vous
phare de l’éducation à la citoyenneté, porté notamment par les CDAD des deux
départements et par l’association Justice et ville.
Le jury, représenté par la présidente
du tribunal judiciaire de Créteil Catherine Mathieu et par la première
vice-présidente chargée du tribunal pour enfants d’Evry Stéphanie Le Bouffos, a
choisi de récompenser Kimberly Ayadji, élève du collège Olivier de Serres de
Viry-Châtillon, dans le rôle du procureur de la République, et Anamaria
Kamladze en tant qu’avocate de la défense. Cette dernière représentait le
collège Sédar-Senghor de Corbeil-Essonnes.
Frédéric Bernardo, procureur
de la République adjoint d’Evry, Patricia Vandenbroucke, directrice du greffe de
Créteil, Solenn Declercq, directrice du greffe d’Evry, Yolaine Bancarel, bâtonnier
de l’ordre des avocats du Val-de-Marne, et Cassandre Huchet, bâtonnier de
l’ordre des avocats de l’Essonne, faisaient également partie des jurés.
Coachés par des avocats et
des magistrats
Ce sont donc des dossiers
sensibles, médiatiques, qui ont mobilisé tous les talents oratoires des jeunes
Franciliens sélectionnés pour cette finale. Les classes avaient préalablement suivi
quatre ateliers de préparation avec des avocats et magistrats du parquet. Au
terme de ces ateliers, chaque établissement a sélectionné deux élèves pour les
représenter lors du concours.
Lors de la première phase de
la finale, les candidats avaient débattu sur une affaire de revenge porn
et de harcèlement, qui avaient en 2021 conduit au suicide d’une jeune fille de
15 ans à Pessac. Les quatre meilleurs orateurs de cette manche s’étaient ensuite
affrontés sur une affaire de violences sur enfants à Nantes, impliquant un
animateur périscolaire accusé de maltraitances.
Les épreuves qualificatives, en
mars et avril, portaient quant à elles sur le jugement de Jean-Marie Villemin,
père du petit Grégory, et sur l’affaire Marina Sabatier, une petite fille
décédée en 2009, victime de graves maltraitances par ses parents.
« Une victoire pour
l’éloquence et la justice »
« Au-delà du
prestige, les candidats ont été récompensés pour leur engagement », souligne
le CDAD de l’Essonne, qui s’est réjoui de cette performance sur ses réseaux
sociaux. Dans son discours de clôture, Catherine Mathieu a salué « l’extraordinaire
investissement des élèves ». « Ce concours rappelle
l’importance de l’éducation juridique et de la prise de parole pour les jeunes
générations, une initiative à renouveler pour les années à venir »,
espère-t-on du côté des organisateurs.
L’association Justice et
Ville a offert à chaque apprenti orateur l’ouvrage Parler avec style, de
Julien Barret, dédié à l’art oratoire. Les vainqueurs ont également reçu une carte
cadeau de 100 €, tandis que les finalistes et les autres participants ont
respectivement reçu des cartes cadeaux de 50 € et 30 €.
« Une victoire de
l’Essonne, mais surtout une victoire pour l’éloquence et la justice ! »,
s’est réjoui le CDAD de l’Essonne sur ses réseaux sociaux.
C’est dès 2015, dans un
contexte de nombreuses rixes entre jeunes en Essonne, que le CDAD 91 a créé ce
concours d’éloquence. Objectif affiché alors : « Sensibiliser les
jeunes aux valeurs de la citoyenneté et leur faire connaître la justice. »
Mylène
Hassany