JUSTICE

À quoi ressemble la première structure d'accompagnement vers la sortie inaugurée par Éric Dupond-Moretti à Noisy-le-Grand ?

À quoi ressemble la première structure d'accompagnement vers la sortie inaugurée par Éric Dupond-Moretti à Noisy-le-Grand ?
Le centre de 5 000 m2 dispose de 120 places de détention, dont 30 en quartier de smi-liberté @JSS
Publié le 07/05/2024 à 14:47

Cette nouvelle prison hybride, faisant partie du plan des 15 000 places lancé par le ministère de la Justice, accueillera ses premiers détenus à partir du mois de juillet. Elle proposera des programmes d'accompagnement personnalisés aux personnes en fin de peine, dans le but de faciliter leur réinsertion dans la société.

« Je suis toujours content d’inaugurer, c’est le signe que les choses bougent », c’est un Éric Dupond-Moretti relativement enjoué qui s’est rendu à Noisy-le-Grand, jeudi 2 mai, dans le cadre de l’inauguration de la toute première structure d’accompagnement vers la sortie (SAS).

Ce nouveau type d'établissement s’inscrit dans le cadre du plan 15 000 places lancé en 2018 par le ministère de la Justice et promis par le président de la République, un programme immobilier pénitentiaire visant à réduire la surpopulation carcérale pour garantir une meilleure prise en charge des détenus.

Les cellules de cet établissement sont notamment composées d'un bureau, d'une petite salle de bain et de toilettes @ JSS

C’est d’ailleurs la raison de l'ouverture de cette SAS, destinée à être un centre de réhabilitation pour les personnes condamnées à des peines de moins d’un ou deux ans à des condamnées à de longues peines dont le reliquat de peine est inférieur à deux ans afin de lutter contre la récidive. Certains détenus pourront par ailleurs bénéficier d’une mesure de semi-liberté, leur permettant de sortir de la prison selon des horaires fixées par le juge.

La SAS de Noisy-le-Grand, tout comme les quatorze autres structures d'accompagnement à venir, seront « rattachées aux centres pénitenciers les plus proches », avec lesquels elles partageront le même personnel. Budget alloué à la réalisation du bâtiment : près de 32 millions d'euros, dont 22,86 millions d'euros rien que pour les travaux.

« Repenser les codes pénitentiaires »

Pour concrétiser ce projet de prison hybride, aucun détail n'a été négligé dans la conception de cet établissement que le Garde des Sceaux considère comme « un lieu de passage et de transition pour les détenus ». D’après le ministre, l'objectif est de revoir « les codes pénitentiaires traditionnels afin d’intégrer le bâtiment dans le tissu urbain avec l’objectif d’optimiser les partenariats avec le monde civil ».

Une approche qui se reflète dans l'accessibilité de la SAS, située à proximité de la station de RER de Noisy-le-Grand, ce qui devrait faciliter la venue des intervenants « attendus dans le cadre des projets individuels de réinsertion des personnes détenues », a expliqué le ministre de la Justice.

D’autres dispositifs devraient par ailleurs être mis en place en partenariat avec France Travail, la CAF, les services sociaux et la mission locale, dans le but d’aider ces personnes à trouver un logement ou un emploi, afin d’éviter les risques de récidive élevés liés à la sortie « sèche », selon Éric Dupond-Moretti,

En ce qui concerne les formations, Sadia Medjbour, responsable de la SAS de Noisy-le-Grand, est catégorique : les détenus seront suivis dès le début de leur incarcération jusqu'après leur libération. « Nous avons prévu plusieurs formations qui débuteront à partir de septembre 2024. Des formations en écriture, en mathématiques, en informatique » a-t-elle informé. Certaines formations seront également dispensées par des partenaires privés pour aider les détenus à rédiger leur CV ou leurs lettres de motivation.Haut du formulaire

Des inquiétudes au sujet de la sécurité de Noisy-le-Grand

Lors de l’inauguration, le Garde des Sceaux a souligné que la nouvelle infrastructure, qui, à ses yeux, rappelle « un peu la Provence », a été conçue pour offrir « un environnement serein, autant pour le personnel sur place que pour les détenus ». Même la couleur de l’édifice - le rose - a été choisie pour évoquer l'apaisement et la réduction des tensions, a affirmé le ministre de la Justice.

En 2022 toutefois, la maire (LR) de Noisy-le-Grand Brigitte Marsigny s'était opposée au projet, le qualifiant de « Club Med de Marrakech », rapportait alors Le Parisien. L’édile exprimait également des craintes concernant la proximité de la prison avec les habitants de Noisy, surtout avec des détenus ayant la possibilité de sortir en journée.

Le ministre de la Justice a annoncé que le personnel de la SAS serait notamment composé de 34 surveillants et 4 CPIP @ JSS

Répondant aux préoccupations des Noiséens, le ministre de la Justice a indiqué qu'il « compren[ait] bien les inquiétudes » mais qu'il n'y avait « pas de risque réel ». Quant à la comparaison avec un « Club Med », Éric Dupond-Moretti l’a qualifiée de « ridicule », arguant que les personnes en voie de réinsertion, qui bénéficient donc d’un accompagnement, sont les moins susceptibles de récidiver. Et d’ajouter que les « abords d'un établissement pénitentiaire sont le lieu le plus sécurisé, grâce à la présence constante des forces de l’ordre ».

Sur un éventuel impact sur l'immobilier, autre argument régulièrement avancé, Éric Dupond-Moretti a assuré qu'il n'y aurait pas de conséquence négative sur les prix, notamment du fait de son « intégration dans le paysage », mais aussi car l’infrastructure ne se trouve pas réellement au cœur du centre-ville mais sur le Boulevard du Rû de Nesle, proche de la sortie vers l’autoroute A4.

Un projet qui lance définitivement le programme des 15 000 places de prison

Le projet s'inscrit dans le cadre du déploiement du plan des 15 000 places de prison souhaité par le gouvernement. Cette SAS, la première à être inaugurée, devrait être suivie par deux autres centres cette année : l'un à Colmar et l'autre à Toulon.

En 2024, la moitié des établissements prévus dans cette programmation immobilière devraient être opérationnels « sur les 50 opérations prévues » renseigne le ministre de la Justice.

D'ici la fin du quinquennat, une nouvelle maison d’arrêt avec 705 places en Seine-Saint-Denis, à Tremblay-en-France, devrait également voir le jour, « ce qui permettra de diversifier la typologie des établissements pénitentiaires pour mieux adapter les régimes de détention des détenus selon leur parcours, leur peine et leur projet de réinsertion ».

Des ouvertures que le garde des Sceaux juge « capitales » pour que la justice française soit « moderne, ferme mais humaine, et qu’elle ait du sens pour le détenu et notre société ».Haut du formulaire

Romain Tardino

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