SÉRIE (2/6). Peu encadrée par
la loi, l’enquête interne fait l'objet d'une grande diversité des pratiques dans les entreprises, à
commencer par le choix des personnes qui vont mener l’enquête. Petites ou
grandes, les entreprises se structurent davantage, et les barreaux commencent quant
à eux à proposer des formations. A Lyon, des démarches sont en
cours pour créer un label « avocat enquêteur ».
Entreprise : dans les coulisses des enquêtes internes
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Un salarié accusé de
harcèlement, des soupçons de corruption dans l’entreprise, et celle-ci décide
de lancer une enquête interne, afin de savoir si les accusations sont fondées,
pour prendre les éventuelles mesures appropriées. Mais à qui la confier ?
En effet, sa conduite n’est
légalement soumise à aucune autorisation, formation ou certification – si ce
n’est que le salarié mis en cause ne peut lui-même mener l’enquête.
Enquête confiée à des salariés : attention
aux biais
L’entreprise peut confier
l’enquête à un ou plusieurs salariés. Selon la taille de l’entreprise, il peut
y avoir un service dédié à l’enquête interne ou une personne dont les missions incluent
la réalisation d’enquêtes internes. Dans d’autres cas, surtout quand les
enquêtes sont très ponctuelles, ces dernières sont à la charge d’une personne
qui a des connaissances mais pas spécialisation, ou confiées à une personne
différente selon les signalements.
Carmen Briceno, directrice
juridique et conformité du groupe Raja et présidente de la commission d’experts
compliance de l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE), observe
cependant une professionnalisation croissante du poste d'enquêteur.
L’avantage en interne est que
les personnes connaissent bien le fonctionnement de l’entreprise… au risque d’avoir
certains biais. La psychologue clinicienne Emma Pitzalis assure que c’est
notamment le cas dans les petites entreprises, où il existe souvent « des
liens affectifs » dans l’ensemble de l’équipe, ce qui complique la
tenue d’une enquête.
L’enquête interne peut être confiée
à des responsables des ressources humaines. Encore plus quand l’enquête
concerne des accusations sur le comportement (harcèlement moral ou sexuel,
discrimination). L’intérêt étant qu’ils connaissent le droit du travail, sur
lequel s’appuie l’enquête interne. Et si l’enquête révèle des dysfonctionnement
organisationnels ou managériaux, ils sont les plus à-même d’impulser un
changement.
L’enquête peut être aussi
confiée à des responsables juridiques, ou conformité. Ces derniers ont comme
avantage une base juridique solide, et dans certains cas, une spécialisation en
conformité. Les juristes ont, selon Wafa Ayed, responsable juridique experte
éthique et conformité de Capgemini et membre de l’AFJE, l’avantage sur un
prestataire de bien connaître l’entreprise et son climat.
Elle-même tire parti de son
passé d’avocate pénaliste, durant lequel elle avait commencé à mener des
enquêtes internes, s’inspirant des pratiques policières qu’elle observait en
défendant ses clients. Elle s’astreint aux « mêmes standards, avec la
même attitude » que quand elle était avocate.
« Ce n’est pas parce
que je travaille pour une entreprise que je vais prendre parti,
assure-t-elle. Je dois être impartiale, je ne suis pas là pour biaiser
l’enquête », reconnaissant tout de même qu’elle ne sait pas si tous
les juristes ont la possibilité d’avoir la même attitude. Selon les cas de
figure, elle peut faire appel à des profils spécifiques – par exemple un
responsable informatique en cas d’éléments très techniques, et trouve qu’un
travail en binôme est souvent pertinent.
Contrairement à une enquête
de DRH, les juristes vont généralement rester sur l’aspect très légal des
signalements, et ne pas se pencher sur les dysfonctionnements organisationnels.
Dans les grandes
entreprises, des pôles dédiés
Les enquêteurs à temps plein
restent pour l’instant l’apanage des très grands groupes, même si Carmen
Briceno pense que cette pratique pourrait se diffuser peu à peu. Pour Wafa
Ayed, « on ne peut pas confier ce travail à un junior, il faut
quelqu’un qui ait de la bouteille, capable d’absorber les éléments difficiles ».
Ainsi, chez Orange, les
enquêtes internes sont menées par le « pôle national d’accompagnement
des affaires complexes », qui a également absorbé le pôle de
médiation. Ce pôle est rattaché à la Direction financière, puisqu’il est sous
l’autorité du directeur de l’audit et du contrôle interne. Cependant, les
responsables des ressources humaines ont aussi la possibilité de faire appel à
des cabinets externes spécialisés, notamment pour les cas de harcèlement,
sexisme et violence au travail.
La décision d’ouvrir une
enquête peut être confiée à une seule personne ou un service (la direction
juridique, conformité, ou RH selon les cas de figure) ou à une commission,
pérenne ou constituée selon les besoins quand un signalement est effectué.
Chez Raja, en cas de
signalement, un comité éthique se réunit, rassemblant la direction juridique,
la direction financière, la direction des ressources humaines, et la direction
de la filiale éventuellement concernée. S’il estime une enquête nécessaire, il décide
selon la nature du signalement de la confier à la direction des ressources
humaines, pour les questions RH, à l’audit interne, pour la fraude, ou à la
direction juridique et conformité pour les sujets éthiques. La direction
concernée peut alors choisir de mener l’enquête en interne ou de
l’externaliser.
Un autre choix possible est
d’associer les représentants du personnel à l’enquête interne. Si celle-ci est
déclenchée suite au droit d’alerte du comité social et économique (CSE), il
doit nécessairement être impliqué, ne serait-ce que dans la supervision. Dans les
autres cas, ce n’est pas obligatoire. Mais plusieurs intervenants plaident pour
que ce soit plus systématique.
Outre une éventuelle
supervision de l’enquête, les membres du CSE peuvent aussi aider dans certains
cas à comprendre la dynamique à l’œuvre entre les salariés impliqués, savoir si
des accusations même informelles ont déjà été portées contre les mis en cause…
Certaines entreprises
choisissent même une enquête paritaire pour assurer une plus grande impartialité
et légitimité, avec un représentant salarié et un représentant du personnel.
Ainsi, Canal Plus a mis en place un système d’enquête interne en binôme. Un
représentant syndical et un représentant des ressources humaines mènent
l’enquête en duo, de façon tournante. La commission qui s’en occupe s’assure
qu’aucun des deux enquêteurs ne soit dans le même service ou trop proche des
personnes impliquées.
Michel Valleix, responsable
syndical de Plus Libres, qui a lui-même mené une enquête, trouve « ce
système paritaire important : les personnes ne s’expriment pas de la même
façon face à un représentant du personnel ou de la direction », et
encore différemment face aux deux en même temps. Le groupe n’a, depuis 2020,
externalisé que deux affaires, mettant en cause des profils sensibles.
Petites entreprises ou cas complexes :
opération externalisation
La personne responsable ou le
comité de pilotage de l’enquête peuvent aussi externaliser intégralement ou
partiellement leurs enquêtes internes. C’est plus simple pour les petites
entreprises qui souvent n’ont pas les ressources en interne et ne savent pas
comment faire, même si se pose la question du budget. Cela peut aussi être le
choix de grandes entreprises pour des cas complexes. A la direction juridique
de Raja, Carmen Briceno reconnait apprécier « l’externalisation auprès
d’avocats, qui peuvent être très pointus sur ces sujets ».
Un avantage à externaliser
est d’avoir plus d’objectivité et de recul. A condition que le cabinet choisi
par l’entreprise ne soit pas soupçonné de collusion avec la direction. L’enquêtrice
privée Chantal Engel reconnait d’ailleurs qu’on lui a déjà demandé « des
enquêtes qui vont dans un certain sens ». « Je refuse. Si je mène
l’enquête, c’est comme je pense qu’elle doit être faite, pas pour aller dans un
sens ou dans l’autre ».
Certains intervenants ont
cependant l’impression que le marché de l’enquête interne, en pleine explosion
regorge d’offres très hétéroclites, des plus pointues aux plus bâclées.
S’entourer d’un avocat pour la
rigueur et la pédagogie
Le professionnel de référence
pour mener une enquête est évidemment l’avocat. Les avocats ont les compétences
en droit, peuvent mener des interrogatoires. Selon leur spécialité, ils sont
compétents pour les enquêtes à dominante RH, droit des affaires, éthique.
Leur approche est en général purement
axée sur l’aspect juridique, et non sur d’éventuels problèmes organisationnels.
Leur déontologie propre garantit une plus grande rigueur. Certains barreaux et
organisations intègrent d’ailleurs des annexes à leurs règlements sur la
pratique des enquêtes internes. Ainsi, le barreau de Paris a publié un vade-mecum, et le Conseil national des barreaux, un guidesur
le sujet.
Albane Lancrenon, avocate
associée en droit pénal des affaires au cabinet De Gaulle Fleurance, estime
« essentiel que le droit social et le droit pénal soient associés dans
les enquêtes pour corruption, car c’est un sujet qui fait appel à ces deux
pratiques ».
Elle et sa consœur Claire
Tergeman, avocate associée en droit du travail, expliquent être souvent « appelées
quand une première enquête a été menée en interne et que l’entreprise
s’aperçoit qu’il y a peut-être quelque chose de plus grave, comme une
infraction pénale ». Elles travaillent parfois avec d’autres
professionnels, forensic, experts informatiques, pour récupérer des données, ou
encore médecine du travail.
Déontologiquement, l’avocat
enquêteur ne doit pas être le conseil habituel de l’entreprise, pour éviter les
conflits d’intérêt – même si le constat n’est pas unanimement partagé. Il y a
par ailleurs une différence entre un avocat enquêteur et un avocat qui
conseille de l’extérieur un juriste ou un RH qui mène l’enquête en interne.
Dans ces cas-là, certains
avocats estiment qu’il n’y a pas de problème à ce que l’avocat attitré de
l’entreprise mène cette mission. Plusieurs avocats expliquent en tous cas
qu’ils sont aussi là pour faire de la pédagogie auprès de leurs clients quand
ils ne sont pas formés sur l’enquête interne.
Cabinets de conseil, psychologues
et enquêteurs privés sur le pont
D’autres professions peuvent
également intervenir, par exemple des cabinets de conseil RH. C’est le cas du
cabinet Eleas, membre de l’association FIRPS, Fédération des intervenants en
risque psychosociaux, qui cherche à homogénéiser les pratiques.
Le cabinet intervient souvent
« dans des situations complexes, qui ne permettent pas à l’entreprise
de réaliser elle-même l’enquête, par exemple dans des cas où cela concerne un
membre du CSE, un membre de la direction, un membre du comité de direction »,
liste Damien Delvaux. Eleas défend « une approche pluridisciplinaire ».
« On considère que pour appréhender des sujets de harcèlement, il faut une
compétence juridique, une compétence RH et une compétence organisationnelle ».
Le cabinet JLO a également
cette approche pluridisciplinaire, et peut mener l’enquête de façon
externalisée ou proposer un simple accompagnement lors d’une réalisation de
l’enquête en interne.
Des psychologues du travail
peuvent aussi être appelés. Ainsi, Emma Pitzalis mène des enquêtes sur les
problématiques RH, notamment de harcèlement. Les entreprises qui la contactent
lui demandent presque systématiquement de mener une enquête, mais pour elle, ce
n’est justifié que dans la moitié des cas. Le reste du temps, elle préconise
plutôt d’autres solutions, selon que les faits sont déjà avérés sans enquête, ou
au contraire qu’il est évident sans enquête qu’ils ne relèvent pas du
harcèlement. Dans tous les cas, cela peut mener à un accompagnement sur la
réorganisation de l’entreprise.
Des enquêteurs privés peuvent
également intervenir et se concentrent alors sur l’enquête pure, et non sur des
questions organisationnelles. C’est le cas de Chantal Engel, ancienne
directrice des ressources humaines. Elle a monté sa société d’enquête, après
une formation d’agent de recherches privées, qui enseigne les techniques
d’auditions de témoins, d’investigation ainsi que les aspects juridiques.
Il lui semble indispensable
d’avoir une bonne connaissance du monde de l’entreprise pour être efficace,
pour « comprendre comment fonctionne une entreprise, ses enjeux de
pouvoir ». Pour elle, faire appel à une personne extérieure permet à
l’entreprise d’être « sereine, d’avoir quelqu’un d’indépendant qui s’en
charge, sans parti pris ». Elle estime que son positionnement, sans prestation
d’accompagnement à vendre par la suite, peut garantir une plus grande
impartialité.
Mener une enquête à deux est généralement
vu comme un avantage. De préférence avec un profil différent. Ainsi, l’avocat
Gilles Sabart explique toujours travailler avec un ancien policier. Selon la
difficulté du sujet, Emma Pitzalis travaille seule ou en binôme avec une
avocate. « Cela permet un double éclairage. Et elle peut conseiller s’il
y a risque de contentieux ».
Chantal Engel réalise
toujours ses entretiens en binôme. « Je trouve ce double regard
précieux. Déjà parce que je prends énormément de notes en audition, et dans ce
cas on ne peut pas être attentif à tout, notamment visuellement. Mais aussi
parce que cela permet d'échanger, de confronter les points de vue et d'éviter
d'avoir trop de biais dans notre analyse. Je travaille notamment avec un expert
en analyse comportementale, également coach, donc ayant lui aussi une bonne
connaissance du monde de l’entreprise et un regard acéré sur le non-verbal ».
Qu’il s’agisse d’intervenants
extérieurs ou de membres de l’entreprise, les personnes qui mènent l’enquête ne
sont toutefois pas celles qui donnent une éventuelle sanction, qui est à la
discrétion de l’employeur. Les enquêteurs ont pour rôle de faire la lumière sur
les faits.
Le vice-président du conseil de
prud’hommes de Paris, Jacques-Frédéric Sauvage, reconnaît apprécier les
dossiers où l’enquête interne a été menées par un prestataire externe, car cela
assure « une certaine neutralité ». Mais il assure regarder « avant
tout » la qualité de l’enquête.
Des formations pour diffuser « les standards
et bonnes pratiques »
La formation à l’enquête
interne reste un point crucial. Or, celle-ci n’est pas enseignée en tant que
telle. Dans les petites entreprises, et même parfois dans les plus grandes,
cela peut être un problème, s’il n’y a personne de véritablement formée au
sujet.
A Canal Plus, le groupe a
prévu un kit de préparation des entretiens, que la responsable des affaires
sociales veut encore faire évoluer, par un retour d’expérience de toutes les
personnes qui ont enquêté, pour améliorer les procédures et mieux former les
personnes qui vont mener des enquêtes. De son côté, Orange a réalisé un guide
de l’enquête interne ainsi qu’une charte de déontologie.
Et si les avocats spécialisés
sur le sujet ont évidemment une bonne connaissance de la matière et une bonne
pratique, même eux ont un certain nombre de questionnements. Quelques barreaux
commencent donc à proposer des formations.
L’Ecole française du barreau
de Paris propose depuis la rentrée 2023 une formation certifiante sur dix mois,
avec dix sessions, menée par des avocates du cabinet Navacelle, née à la fois
de la volonté du barreau de se pencher sur l’enquête interne, des
interrogations d’avocats en la matière et de premières formations ponctuelles
de Navacelle durant le covid, notamment suivies par des avocats accompagnant
des salariés dans le cadre d’enquêtes internes.
Pour Roxane Castro et Julie
Zorrilla, avocates du cabinet Navacelle qui ont participé à la création de cette
formation, cela répond vraiment à un besoin. D’autant qu’il n’y a « pas
de module sur le sujet intégré à la formation initiale, et jusqu’à récemment il
n’y avait même pas de sensibilisation en formation initiale »,
regrette Roxane Castro.
Elles croisent au cours de la
formation - composée d’une quarantaine de personnes par promotion -, aussi bien
des avocats individuels que d’autres appartenant à de grands groupes.
Initialement réservé aux avocats, le dispositif a été ouvert cette année aux
juristes, et devrait l’être l’an prochain aux magistrats.
En plus d’un éclairage et
d’une certification, les participants sont très intéressés par la possibilité
d’échanger entre confrères sur leur pratique, mais aussi « les mises en
situation et les cas pratiques, encore plus que les éléments théoriques »,
constate Roxane Castro. Un des objectifs est de diffuser « les
standards et les bonnes pratiques, selon Julie Zorrilla. Comment envoyer
une invitation dans le cadre d'une enquête interne ? Comment rédiger un plan
d'enquête interne ? L’idée est de donner les clés et les limites de la
jurisprudence et la réglementation ».
Roxane Castro observe entre
autres « énormément de questions sur la phase d’entretien, dès la
première séance, car c’est une situation où l’avocat a un rôle important et n’a
pas droit à l’erreur ». Julie Zorrilla note aussi des questions sur
« la collecte d’éléments professionnels appartenant au salarié, sur les
contours et les limites de ce que l’avocat peut consulter. Deux autres sujets
sont aussi les délimitations de l’enquêteur et le rapport ».
A Lyon, une formation de
l’Edara, Ecole des avocats Rhône-Alpes, a formé cette année une quinzaine
d’avocats, et des démarches sont en cours pour créer un label « avocat
enquêteur ». Pour Gilles Sabart, président de la commission compliance du
Barreau de Lyon, qui a participé à la création de la formation, « une
enquête interne repose sur la recherche des faits, et un avocat n’a pas
forcément de compétences en investigation ».
L’avocat le justifie en
expliquant que les avocats doivent « donner des garanties aux clients
sur le caractère impartial, sur le respect des droits fondamentaux, sur les
méthodes d’investigation ». « Au début, les entreprises ont peut-être
eu affaire à des personnes qui n’étaient pas compétentes en la matière, ce qui
a pu leur poser un certain nombre de problèmes. Donc cela a aussi été une
demande des entreprises et des conseillers des prud’hommes : avoir des
enquêtes internes faites dans les règles de l’art ».
Aude
David
Petites et grandes entreprises : « la différence réside surtout dans la culture de la compliance »Les entreprises d’une certaine taille ont des obligations spécifiques concernant les dispositifs de signalement : mise en place d’un dispositif spécifique permettant aux salariés de signaler des faits potentiellement condamnables, pour les entreprises à partir de 50 salariés ; présence d’un référent harcèlement, à partir de 250 salariés. Est-ce que cela signifie que les grandes entreprises sont plus matures que les petites entreprises sur les enquêtes internes ? De ce qu’en observe Damien Delvaux, président du cabinet de conseil en ressources humaines Eleas, « les grandes entreprises commencent à se structurer de manière à faire elles-mêmes leurs enquêtes internes, au moins sur les sujets simples, alors qu'elles avaient tendance à externaliser systématiquement auparavant. Les petites externalisent plus, car c’est souvent leur première fois ». Et il peut y être plus compliqué de mener l’enquête en interne, car il est plus difficile de trouver de salarié qui n’ait pas de lien avec les personnes impliquées. Le budget pose aussi davantage problème pour les petites entreprises, mais plusieurs intervenants assurent qu’elles savent s’adapter. Selon Albane Lancrenon, « la différence réside surtout dans la culture de la compliance, qui est sans doute plus prégnante dans des grands groupes. L’autre différence repose sur la gestion de la confidentialité. Dans les petites entreprises le déroulement des enquêtes internes est en général connu des salariés et nécessite l’implication de la gouvernance. Dans les entreprises de plus grande taille, il est souvent demandé [aux avocats] de veiller à maintenir la confidentialité de l’enquête même pour ne pas stigmatiser une équipe ou un département ». Pour autant, Olivier Bailly, responsable de l’offre « Enquête harcèlement » du cabinet en ressources humaines JLO, note que si les grandes entreprises ont souvent « des mécaniques plus éprouvées, de la formation, des moyens, plus de réactivité », certaines petites entreprises peuvent aussi être « très structurées » quand certaines grandes entreprises vont avoir « peu de maturité. La culture ne dépend pas forcément de la taille. Certaines petites structures vont nous faire confiance quand de grandes entreprises vont être plus orthodoxes et laisser peu de marge ». |