JUSTICE

Gérald Darmanin nommé ministre de la Justice par François Bayrou

Gérald Darmanin nommé ministre de la Justice par François Bayrou
© Jacques Paquier/Flickr
Publié le 23/12/2024 à 22:27

L’ancien ministre de l’Intérieur écarté du précédent gouvernement fait son retour et occupe à nouveau un ministère régalien. Le choix interroge certains magistrats, qui voient dans le député du Nord un détracteur de l’indépendance de la justice et un proche des syndicats de police.

EDIT : article mis à jour le 24/12/2024 à 10h34.

Il avait été évincé par Michel Barnier, le voici de retour au gouvernement. Gérald Darmanin, à qui a été attribué la Chancellerie par le Premier ministre, occupe depuis le 23 décembre une nouvelle place importante au sommet de l’Etat et succède ainsi à Didier Migaud.

Un temps envisagé pour le poste, Xavier Bertrand avait fait savoir qu’il refuserait d’intégrer un gouvernement formé « avec l’aval de Marine le Pen » ; elle-même aurait menacé, selon L’Express, d’une « censure automatique » un gouvernement formé avec l’élu LR. Pour éviter un nouveau renversement, François Bayrou aurait préféré faire preuve de prudence, estiment les commentateurs politiques.

Réagissant sur le réseau social X, le nouveau garde des Sceaux annonce une feuille de route guidée par « la fermeté, la rapidité et la proximité pour défendre les victimes. » Il poursuit en assurant un « soutien total aux magistrats, aux greffiers, aux agents pénitentiaires, aux agents protecteurs de la jeunesse et à tous les auxiliaires de justice. Du côté des syndicats de police, on « prend acte » de cette nomination, « signe que le binôme régalien police/justice pourrait enfin parler d’une même voix », se satisfait le syndicat Alliance.

Une décision contestée

De quoi contredire les instances représentatives des magistrats, qui accueillent cette nomination avec bien plus de froideur. « Gérald Darmanin n’a pas hésité à critiquer les décisions de justice qui lui déplaisaient ou à mettre en doute l’appréciation des juges, leur compétence, voire leur légitimité dans des affaires individuelles », déplore ainsi le Syndicat de la magistrature dans un communiqué publié le 24 décembre (mise à jour du 24/12 à 10h34).

Une référence à peine voilée aux propos de l’ancien ministre de l’Intérieur publiés sur le réseau social X, quelques heures après les réquisitions du parquet lors du procès des assistants parlementaires, qui avait demandé cinq ans d’inéligibilité pour Marine le Pen. Gérald Darmanin avait fustigé des réquisitions « profondément choquantes », estimant que « si le tribunal juge qu’elle doit être condamnée, elle ne peut l’être électoralement, sans l’expression du peuple ».

« Après l’avoir si souvent entendu prendre le parti de la police contre la justice, comment croire à sa volonté affichée de défendre l’institution judiciaire et de protéger sa mission constitutionnelle ? Les magistrates et les magistrats ne peuvent qu’être extrêmement inquiets de le voir, encore tout imprégné de la place Beauvau, arriver place Vendôme », poursuit le syndicat.

Dans une analyse un peu plus prudente, Ludovic Friat, président de l’Union syndicale des Magistrats, déclare, dans des propos rapportés par France info : « C'est sûr que, dit comme ça, Monsieur Darmanin à la tête du ministère de la Justice, cela peut paraître antinomique. On peut espérer que les habits de garde des Sceaux feront que Monsieur Darmanin mettra ses compétences et ses capacités au service de l'institution judiciaire ».

Passation à venir

Issu de la droite sarkozyste, proche d’Emmanuel Macron, Gérald Darmanin est élu maire de Tourcoing dès 2014. En 2017, il rejoint le Président de la République et est nommé ministre de l’Action et des comptes publics dans le gouvernement Philippe.

En 2020, Jean Castex le propulse ministre de l’Intérieur, un poste qu’il occupe jusqu’à la dissolution du gouvernement en juin 2024 ; il rejoint alors les bancs de l’Assemblée en tant que député de la 10e circonscription du Nord, élu lors des élections législatives anticipées. Il sera installé officiellement place Vendôme ce mardi 24 décembre. Reste à savoir pour combien de temps.

Mylène Hassany

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