ENTREPRISE

INTERVIEW. "Créer une connexion entre les entreprises en recherche de talents et les travailleuses indépendantes était une évidence !"

INTERVIEW.
Publié le 16/05/2023 à 15:00

Lancée en 2020, Elleboss.fr vient de boucler sa première levée de fonds. Cette plateforme, soutenue par Réseau Entreprendre Yvelines, met en relation des entreprises qui peinent à recruter de façon « classique » et des travailleuses indépendantes en quête de missions flexibles. Entretien avec sa co-fondatrice, Juliette Mandrin.

JSS : Pourquoi avoir créé Elleboss ? Quel a été le « déclencheur » ?

Juliette Mandrin : Nous sommes un couple à l’initiative du projet. L’idée est venue d’un ras-le-bol du salariat et de ses contraintes pour ma part, et d’un besoin de plus de liberté et d’autonomie dans ma prise de décision tout en ayant un bon équilibre entre vie professionnelle et personnelle. J’ai constaté que de nombreuses femmes partageaient cette envie de travailler autrement, à temps choisi pour plus de flexibilité.

De son côté, mon conjoint et associé, Nicolas Jaboulay, chef d’entreprise dans les assurances depuis 25 ans, identifiait depuis longtemps chez ses clients de vraies difficultés de recrutement, le besoin pour les entreprises d’être soulagées sur des sujets chronophages et de trouver des alternatives à l’intérim et au CDD. De ces différents constats est née la plateforme Elleboss.fr.

Si l’idée a émergé juste avant la crise sanitaire, nous l’avons mise en œuvre courant 2020, juste après le Covid qui a provoqué de réelles mutations du marché du travail. Créer une connexion entre les entreprises ayant besoin de talents et les travailleuses indépendantes était alors une évidence !

Quel est l’objectif de votre plateforme et quels sont les services proposés ?

Elle met à disposition des entreprises un vivier d’expertes. Elleboss initie l’échange entre les deux parties. Les entreprises peuvent être autonomes (déposer une mission gratuitement, réaliser un devis, contractualiser avec la ellebosseuse) ou être accompagnées par un manager qui gérera tout pour elles. Idem pour les candidates, qui ont de surcroît l’avantage d’accéder à une assurance de responsabilité civile professionnelle indispensable pour pouvoir exercer, ainsi qu’une prévoyance et une garantie de paiement.

 

Juliette Mandrin, co-fondatrice de elleboss.fr

« J’ai constaté que de nombreuses femmes partageaient cette envie de travailler autrement, à temps choisi pour plus de flexibilité. »

Par ailleurs, outre un accompagnement personnalisé, la plateforme propose aux ellebosseuses des tests de compétence et de personnalité, ce qui rassure également le client.

La plateforme propose enfin tout un panel de services d’accompagnement via des ateliers pour rompre l’isolement, développer une communauté inclusive et valoriser l’entrepreneuriat féminin tout en répondant aux enjeux RSE de mixité dans les entreprises, sujet très ancré dans l’actualité.

Vous organisez notamment des webinaires et ateliers. Quels sont les sujets du moment, les préoccupations phares ?

En effet, nous organisons un à deux webinaires par mois sur des sujets identifiés auprès de nos utilisateurs. Animés par des professionnels, ils sont notamment orientés sur le bien-être des travailleuses indépendantes ou sur les bonnes pratiques en matière d’utilisation des réseaux sociaux, le tout en partenariat avec les Foliweb (ateliers gratuits pour aider les TPE, entrepreneurs et indépendants à réussir avec internet, ndlr). Nous proposons également des rencontres en présentiel.

Pour l’heure, nos ateliers s’adressent aux travailleuses indépendantes qui font appel à nous, mais nous aimerions aussi en proposer qui soient orientés vers les entreprises.

Quels sont les profils qui font appel à vous ? Combien de candidates Elleboss recense-t-elle ?

Côté travailleuses indépendantes comme côté entreprises, les profils sont extrêmement variés, mais nous remarquons une récurrence dans certains domaines : l’administratif, le juridique, la comptabilité, la communication, le marketing, la RSE, le design graphique, l’informatique…

D’autre part, notre typologie de « ellebosseuses » est très large, nous comptons parmi elles des étudiantes, des retraitées, des mamans, des freelances ayant choisi cette voie depuis longtemps. Et les hommes aussi peuvent postuler ! Nous recensons environ 1 300 candidates actuellement - une centaine nous rejoignent chaque mois – et notre taux de récurrence de mission s’élève à 70 %.

Quels éléments vous distinguent d’autres plateformes similaires ?

Nous essayons de nous démarquer de la concurrence par notre positionnement humain. Avec Nicolas, nous incarnons notre entreprise. Pour ma part, j’ai un profil autodidacte et atypique, et les femmes se reconnaissent dans ce que je fais.

Le développement des services mêlant l’humain et le digital avec un accompagnement personnalisé auprès des entreprises et des ellebosseuses est également un plus. Mais surtout, nos candidates sont des femmes qui sont leur propre boss, et qui sont donc très engagées et expertes en leur domaine.

Aussi, en passant par Elleboss, les entreprises s’exemptent des lourdeurs administratives et des risques salariaux. Elles apprécient également la souplesse du service que nous proposons : une entreprise peut tester la formule, sans engagement, et trouver le service sur mesure dont elle a besoin.

Elleboss.fr est aussi une alternative intéressante à l’intérim, notamment financièrement, car les entreprises ne paient qu’au moment de la finalisation d’une mission. Les clients et les ellebosseuses peuvent bien sûr s’offrir des services complémentaires accessibles sur abonnement, mais l’accès à la plateforme est lui totalement gratuit.

Enfin, chez Elleboss, il y a une vraie relation de prestataire à client entre travailleuses indépendantes et entreprises plutôt qu’une relation hiérarchique, et c’est ce qui fait, je pense, notre force.

Vous venez de boucler une première levée de fonds. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Nous venons en effet de boucler notre première levée de fonds et, bien que cela n’ait pas été simple étant une structure de taille intermédiaire, nous avons levé au total 400 000 euros. Nous avons trouvé nos business angels au sein de nos clients et de réseaux d’entrepreneurs, et nous nous sommes rapprochés de la Banque publique d’investissement (BPI) pour compléter cette levée.

Ces fonds nous permettent d’augmenter notre visibilité et nos actions de notoriété, mais aussi de recruter deux salariés supplémentaires dans notre équipe actuellement constituée de deux associés, deux business developpers et deux salariés à la fonction-support sur la partie utilisateur. Nous entendons également développer toute la partie client, grands comptes et start-up.

Quelles sont les évolutions prévues à moyen terme ? Envisagez-vous de vous étendre au-delà de l’hexagone ?

Notre objectif est de proposer de plus en plus de services aux utilisateurs et de faire évoluer la plateforme et les outils.

Nous voudrions également proposer un axe formation plus fort et faire grandir le réseau d’ambassadrices issues de notre communauté d’ellebosseuses. Nos ambassadrices sont nos meilleurs porte-paroles avec notre équipe commerciale et permettent d’entretenir une relation de proximité avec de futures ellebosseuses.

Pour l’heure, nous nous concentrons sur le territoire français. Nous souhaitons rayonner dans la France entière d’ici deux ans et nous nous déployons en priorité dans les grosses métropoles comme Lyon, Bordeaux et Lille. Nous envisagerons peut-être une seconde levée de fonds à horizon 2025 pour poursuivre notre évolution.

 

Propos recueillis par Allison Vaslin


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