JUSTICE

Ouverture d'archives de procès par le ministère de la Justice : quels documents historiques sont désormais librement consultables ?

Ouverture d'archives de procès par le ministère de la Justice : quels documents historiques sont désormais librement consultables ?
Publié le 27/04/2024 à 11:23

En ouvrant, par un arrêté du 15 avril 2024, les archives relatives au procès de Paul Touvier, complice de crime contre l’humanité pour son rôle sous l’Occupation, le ministère de la Justice permet à toute personne d'accéder à différents types de documents tels que le dossier de procédure du procès ou les archives de la Cour de cassation sur l'instruction du procès. Une communication permise « près de cinquante ans avant la date normalement prévue pour leur ouverture ».

Les archives des trois procès pour crime contre l’humanité en France pendant la Seconde Guerre mondiale sont désormais toutes consultables !

A quelques jours de la Journée nationale du souvenir des victimes de la déportation qui sera célébrée cette année le 28 avril, le ministère de la Justice et le ministère de la Culture ont de nouveau autorisé l’ouverture de nouvelles archives, concernant cette fois le procès de Paul Touvier, clos il y a de ça 30 ans. Ancien responsable de la milice de Lyon, fonctionnaire du régime de Vichy et premier français reconnu coupable de complicité de crime contre l’humanité pendant l’Occupation, celui qui était qualifié de « tortionnaire » ou d’« assassin » avait finalement été gracié par Georges Pompidou en 1971 après des années de clandestinité, alors condamné à mort par contumace en 1946.

Les documents liés au procès Touvier peuvent donc être consultés grâce à l’arrêté du 15 avril 2024 portant ouverture des archives relatives à ce procès, publié au Journal officiel cinq jours plus tard.

Cette ouverture anticipée se fait « près de cinquante ans avant la date normalement prévue pour leur ouverture » précisent les deux ministères dans un communiqué, et ce dans le but « de progresser dans la connaissance de ce procès historique, et de favoriser toujours davantage le travail de mémoire et de vérité », en plus de « contribuer à lutter contre le révisionnisme et l’oubli ».

Des transcriptions dactylographiées des audiences parmi les archives

Selon l’arrêté, il est possible de consulter une vingtaine de documents dans les Fonds du département de la Justice et de l’Intérieur aux Archives nationales, à savoir le dossier du parquet général de la cour de sûreté de l'État relatif à Paul Touvier, des dossiers du cabinet de Robert Badinter et d'Alain Peyrefitte, les transcriptions dactylographiées des audiences du procès tenu devant la cour des assises des Yvelines en mars et avril 1994, des dossiers de la direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la Justice, dont le dossier de recours en grâce et des dossiers d'action publique, ainsi que les archives de la Cour de cassation relatives à l'instruction du procès de Paul Touvier, au procès et à ses suites.

Aux archives départementales du Rhône et de la métropole de Lyon, peuvent être consultées les archives sous la cote 4557 W 8. Les archives sous les cotes 1603 W 1 à 64, « à l'exclusion des scellés n° 26 et 27 contenus dans l'article 1603 W 59 », sont quant à elles sont consultables aux Archives départementales des Yvelines.

Les Archives nationales avertissent toutefois : « Les dossiers ouverts au titre de cet arrêté sont pour certains conservés dans des articles contenant d'autres dossiers encore non librement communicables car ne concernant par le procès de Paul Touvier. Leur consultation immédiate n'est donc pas possible. Il est demandé aux lecteurs de passer par la demande d'une communication par extrait, accessible depuis le compte personnel dans la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales. »

Les archives des procès Barbie et Papon également consultables

Ces archives relatives à un procès pour crime contre l’humanité en temps de Seconde Guerre mondiale ne sont pas les premières à être ouvertes par anticipation, puisque par un arrêté du 30 juin 2017, les deux ministères avaient déjà autorisé la communication des documents en lien avec le procès de Klaus Barbie, chef de la Gestapo de la région lyonnaise reconnu coupable de 17 crimes contre l’humanité en 1987.

Par les arrêtés du 28 mars 2022 et du 26 janvier 2023, ce sont les archives du procès de Maurice Papon, jugé en 1998, qui ont été ouvertes, soit plus de 57 ans avant la date normalement prévue, en 2079. Tous les documents entre 1983 et 2004 sont ainsi consultables, c’est-à-dire les documents d’avant et pendant le procès, mais également des documents ultérieurs, indiquait au micro de radio France la Cheffe de service interministérielle des archives de France Françoise Banat-Berger.

Parmi ces archives concernées par la dérogation, des documents liés à la procédure, à la préparation de l’audience, à la veille médiatique, à la correspondance des particuliers adressées aux autorités judiciaires, la correspondance entre le ministère et le parquet, les dossiers de recours en grâce notamment. Autant de documents qui concourent à l’objectif visé par le gouvernement de mémoire mais aussi de connaissance, et qui ont permis de mettre en lumière des échanges entre les professionnels judiciaires par exemple.

Et si depuis 1998, des dérogations pour ouvrir des archives relatives à la Seconde Guerre mondiale ont été prononcées, cinq arrêtés portant ouverture d’archives relatives à la guerre d’Algérie ont également été pris en 2019, 2020, 2021 et 2023.

Allison Vaslin

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