Parmi ses propositions, le laboratoire d'idées Impact Tank suggère de mettre en place des stratégies de « résilience
productive » en favorisant l'économie locale et circulaire, ou encore de
pérenniser l'inclusion économique à travers les « territoires zéro chômeur
de longue durée ».
Le chiffre est éloquent :
près de 9 Français sur 10 estiment que les entreprises doivent accorder une
place centrale aux enjeux environnementaux et sociaux, selon l’Observatoire de
la perception de l’engagement des entreprises. Essayer d’aider les entreprises
à mieux gérer leur impact sociétal et environnemental sur les territoires où
elles sont implantées, tel est justement l'objectif principal des
recommandations formulées au sein du rapport « Mesurer l’impact social &
l’ancrage territorial des entreprises ».
Ce dernier, remis à Olivia
Grégoire, ministre déléguée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation,
lors de la 2ème édition du Sommet de la Mesure d’Impact le 18 avril, a été
élaboré par Impact Tank, un think tank (association loi 1901) dédié à l'évaluation d'impacts des innovations sociales et environnementale et engagé à fournir des informations
d'utilité sociale aux pouvoirs publics.
Selon Agnès Audier,
présidente d'Impact Tank, plusieurs facteurs ont conduit à l'élaboration de ce vaste
rapport de 225 pages. Elle explique : « Tout a commencé à partir de la crise
des gilets jaunes. On avait remarqué qu’il y avait un problème de vie locale,
un sentiment d’abandon et de déclassement des habitants qui expliquaient les
nombreuses adhésions au mouvement ». Un constat qui avait mené à la
rédaction d'un premier rapport sur les initiatives du secteur social en milieu
périurbain, mais celui-ci avait laissé une impression d'inachevé aux yeux du think tank. « Nous nous sommes dit que nous étions passés à côté de
quelque chose et qu’il fallait que l’on fasse une deuxième version, plus
centrée, cette fois-ci, sur les initiatives des entreprises et notamment des
grandes entreprises en réseau », précise-t-elle.
Pour garantir la précision de
ses recommandations et la fiabilité des données collectées, Impact Tank a
travaillé en étroite collaboration avec les entreprises. Dans cette démarche,
un référentiel a été élaboré, fournissant aux entreprises une liste d'indicateurs
relativement faciles à obtenir pour évaluer leur impact local, détaille Agnès
Audier.
Des recommandations afin de
« diffuser les bonnes pratiques »
Une des propositions phares avancées
par l'association : mettre en place des stratégies de « résilience
productive » en favorisant l'économie locale et circulaire à travers les
achats publics et privés. « Si vous avez des entreprises locales qui
fonctionnent et qui recrutent, cela favorise un équilibre et une dynamique
économique locale, soutenant ainsi les commerces de proximité, entre autres.
C’est ça la notion de résilience, c’est d’aller au-delà de la création
d’emplois directs », argue Agnès Audier.
La présidente d’Impact Tank
souligne que les entreprises établies sur un territoire pourraient dispenser leurs
formations aux habitants locaux - en parallèle de celles qu’elles dispensent à
ses propres collaborateurs -, plutôt que de laisser cette tâche au service
public. « L'idée est de diffuser les bonnes pratiques », insiste-t-elle.
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Le rapport table aussi sur
l'importance de l'ingénierie territoriale avec la proposition d'une stratégie «
France Coopération ». En pratique, cette dernière impliquerait de renforcer les
pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) en territorialisant des
contrats à impact social, et en favorisant le développement du modèle des
joint-ventures sociales (JVS), entreprises créées conjointement par une
structure de l'ESS et une entreprise classique, ainsi que l'investissement dans
les monnaies locales pour promouvoir la relocalisation des activités
économiques.
Plusieurs mesures
d’expérimentation sociale
Autre proposition majeure :
soutenir les expérimentations locales à impact social. À cet égard, le rapport
suggère de pérenniser l'inclusion économique à travers les « territoires zéro
chômeur de longue durée », une initiative lancée en France en 2017, mais
initialement expérimentée dès 2011. Le dispositif vise à éliminer le chômage de
longue durée sur un territoire donné en proposant des solutions mobilisant à la
fois les outils de politique publique et privée.
Agnès Audier l’admet : cette
initiative est assez coûteuse par demandeur d’emploi et peu généralisable au
niveau national. Elle admet que « cela suppose d’avoir un groupe d’acteurs
au niveau local particulièrement motivé et prêt à prendre en charge chaque cas
individuellement pour apporter des solutions ». Toutefois, le dispositif a
déjà donné des résultats positifs, de quoi l’amener à affirmer que « cela a
brisé l’idée selon laquelle il était impossible de mettre en place ce type de
mesure ».
Le rapport souligne, par
ailleurs, l'intérêt pour les entreprises de recourir, lorsque nécessaire, à des
microcrédits bancaires. Pour Agnès Audier, ce dispositif, destiné aux porteurs
de projets indépendants, « devrait principalement servir à financer
l'accompagnement avec un minimum de formation ». Elle souligne
également l'importance de sensibiliser sur l'existence des microcrédits,
généralement proposés par des structures à but non lucratif comme l’Association
pour le droit à l'initiative économique (ADIE), plutôt que par des banques
traditionnelles. Selon elle, cette approche facilite l'accès pour les chômeurs
créateurs d'entreprise, car ils peuvent plus « facilement s'adresser à
ces structures connaissant déjà leur situation », plutôt que de
solliciter des banques « traditionnelles » comme la BNP ou la Société
Générale.
Enfin, le rapport encourage
l’expérimentation d’une sécurité sociale de l’alimentation durable
territorialisée qui viendrait étendre les principes
du régime général de la Sécurité sociale.
Un rapport remis à l’État
pour faire progresser la coordination entre entreprises
Concrètement, le rapport
d’Impact Tank souhaite sensibiliser sur le potentiel inexploité qui pourrait
contribuer à améliorer la coordination des entreprises avec les territoires où
elles opèrent. Agnès Audier est convaincue que « démultiplier »
l'utilisation de dispositifs tels que les territoires zéro chômeur serait
bénéfique pour la société.
Néanmoins, elle souligne que
pour cela, il est d’abord nécessaire que tous les acteurs, tels que les
collectivités locales, les chambres de commerce, de métiers, d'agriculture « apprennent
à mieux travailler ensemble ». Le rapport vise à transmettre un message
clair : « Il y a plein de choses inspirantes qui existent », affirme la
présidente du think tank. Cependant, la faisabilité et la réalité de ces
initiatives restent à déterminer.
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Dans tous les cas, le rapport
est désormais entre les mains d’Olivia Grégoire, et devrait fournir au
gouvernement les outils nécessaires pour progresser sur ces différentes
thématiques, selon les dires d'Agnès Audier : « La ministre nous a confirmé
qu'elle travaillerait sur la consolidation de ces outils et que le travail que
nous avions accompli pour créer ce rapport avait été utile. Je pense que ce que
nous avons écrit l’a convaincue que ça valait la peine de bouger ».
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Romain
Tardino
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