Les agressions sur de jeunes
victimes, le plus souvent perpétrées dans le cercle proche de l’auteur, peuvent
notamment s’expliquer par des facteurs familiaux ou par l’influence du
numérique, qui banalise les comportements violents.
« Encore trop souvent
sous-estimées », les violences sexuelles commises par des mineurs sur
de jeunes victimes sont pourtant un phénomène bel et bien ancré.
Selon un dossier de
l’association de lutte contre les violences sexuelles « Colosse aux pieds
d’argile » publié fin novembre, les auteurs mineurs sont représentés dans
près d’une affaire sur deux, pour des cas de viols et d’agression sexuelles sur
de jeunes victimes. En 2022, le Sénat relevait déjà une augmentation de près de
60 % de ces violences spécifiques, commises par des mineurs sur d’autres
mineurs, entre 2016 et 2021. 43 % de ces auteurs ont moins de 15 ans,
apprend-on également dans ce rapport.
Des infractions similaires à
celles commises par des adultes
Dans le cas de ces violences
commises par des mineurs sur des mineurs, le dossier indique que les
infractions sont similaires à celles réalisées par des personnes majeures.
Au titre de celles-ci :
agressions sexuelles, viols, exhibition sexuelle ou encore diffusion d’image
d’autrui à caractère sexuel, est-il listé. Les faits de prostitution et d’atteinte
sexuelle restent en majorité, selon l’association, commises par des majeurs.
Par ailleurs, les infractions
commises par des mineurs le sont généralement sur des personnes issues de leur
cercle proche, et dans la majorité des cas, « les agresseurs et les
victimes se connaissent ».
Toutefois, certains mineurs
n’ont pas conscience de la gravité de leurs actes, qu’ils voient comme des jeux
ou des défis collectifs, et peuvent parfois s’enfermer dans une posture de déni.
Toute la difficulté pour les professionnels de l’enfance réside alors dans le
fait de leur faire prendre conscience de leur comportement et des conséquences pour
la victime.
Plus de 2 millions de mineurs
visitent des sites pornographiques chaque mois
Pour expliquer ces
comportements, plusieurs facteurs entrent en jeu. Parmi eux, l’influence non
négligeable du numérique, qui permet un accès précoce à la pornographie et aux
contenus sexuels explicites « souvent banalisés dans les médias et les
réseaux sociaux », explique l’association. L’absence de consentement
dans les relations devient, pour ces mineurs, la norme, et reproduisent ces
comportements violents. Selon une étude de l’Arcom parue
en mai 2023, 2,3 millions de mineurs se rendent chaque mois sur des sites à
caractère pornographique et représentent 12 % du trafic total.
Un contexte familial marqué
par la violence peut également avoir un impact négatif sur le développement
psychologique des enfants qui se heurtent à des comportements où le consentement
et le respect mutuel d’autrui n’existent pas. Dans les cas de « dynamique
incestueuse », l’enfant exposé à ces violences peut lui-même
reproduire ces comportements de domination et d’emprise sur d’autres enfants,
« sans en mesurer leur gravité ».
Que dit la justice pénale des
mineurs en France ?
Si la loi Billon d’avril 2021
instaure une présomption de non-consentement pour les mineurs de moins de 15
ans (et de moins de 18 ans en cas d’inceste), elle ne s’applique pas aux
agresseurs mineurs. Plutôt que de les incarcérer, le législateur mise sur des mesures alternatives aux poursuites, afin de trouver un équilibre entre
la responsabilité pénale et la nécessité d’éduquer et de réhabiliter.
Les mineurs agresseurs peuvent
néanmoins encourir des peines de prison, bien qu’elles doivent rester « exceptionnelles »
et adaptées selon leur âge et la gravité des faits - commis aussi bien sur de
jeunes victimes que sur des personnes adultes.
Des situations bien réelles. Le
26 novembre dernier à Mulhouse, une joggeuse de 21 ans a été suivie puis
plaquée au sol par un jeune de 14 ans, qui lui a ordonné d’enlever son
pantalon. Si la jeune femme a réussi à échapper à son agresseur, celui-ci n’en
était pourtant pas à son coup d’essai, puisque trois autres femmes ont porté
plainte contre lui, dont l’une pour viol.
Allison
Vaslin