POLITIQUE

Pour faire à la menace russe en Ukraine, la France et l’Union européenne renforcent leur industrie de défense

Pour faire à la menace russe en Ukraine, la France et l’Union européenne renforcent leur industrie de défense
Publié le 19/03/2025 à 18:12

Le président de la République s’est récemment entretenu avec les industriels du secteur de l’armement français afin d’évaluer leur capacité à augmenter la production et à quel rythme. Cette initiative s’inscrit dans un vaste plan de réarmement visant à faire face à la Russie, tout en réduisant la dépendance de la France vis-à-vis des États-Unis. Parallèlement, mardi 18 mars, Vladimir Poutine et Donald Trump sont parvenus à un accord sur un cessez-le-feu de la guerre en Ukraine à l’issue d’un entretien téléphonique de près de deux heures.

« Face à ce monde de dangers, rester spectateurs serait une folie. » Mercredi 5 mars, Emmanuel Macron, dans son allocution, l’air grave, fixait un nouveau cap pour la France et l’Europe face à la « menace Russe » de Vladimir Poutine. Pour répondre à cette crise, le président de la République a promis des « investissements supplémentaires » en matière de défense miliaire, insistant également sur le fait que la paix pourrait probablement passer « par le déploiement de forces européennes » en Ukraine. Un climat d’autant plus incertain que les États-Unis de Donald Trump ne sont peut-être plus l’allié fiable qu’ils avaient pu être par le passé, soutenant « moins l’Ukraine » et laissant « planer le doute sur la suite [du conflit] ».

Comment, dans ce jeu d’échec géopolitique, la France et l’Europe - à la manœuvre d’un plan de réarmement de 800 milliards d’euros dont 150 milliards de prêt à disposition des États membres, « ReArm Europe », annoncé par Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne -, peuvent-elles tirer leur épingle de ce jeu dangereux ?

« Au moins, maintenant, il y a un réveil »

Pour Louis Duclos, analyste géopolitique spécialisé en relations internationales, cette prise de conscience de l’Union européenne est bienvenue, quoiqu’elle aurait dû survenir bien plus tôt. « Ce sont des changements qui auraient dû avoir lieu il y a trois ans, lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine. C’est à ce moment-là que l’Union européenne aurait dû clairement se réveiller et se révolter. Au moins, maintenant, il y a un réveil. » Un sursaut qui ne découle cependant pas d’une volonté sincère de protéger l’Ukraine — « ce n’était pas dans leur plan, car ils n’en avaient pas la capacité » — mais bien d’un instinct de survie. « Ils n’ont plus le choix », analyse-t-il, pris en étau entre Vladimir Poutine et Donald Trump.

Ce dernier avait provoqué une levée de boucliers parmi les dirigeants européens après son altercation historique avec Volodymyr Zelensky, le 28 février, lors d’une rencontre à la Maison-Blanche censée aboutir à un accord sur l’exploitation des ressources minérales ukrainiennes en échange d’un soutien à la sécurité du pays. Le président des États-Unis avait conclu l’affrontement par un cynique : « Cela va être formidable pour la télévision. » « Zelensky s’est fait traiter comme le dernier des nuls », déplore Louis Duclos.

En guise de réponse, dès le lendemain, Keir Starmer, Premier ministre britannique, convoquait les États membres de l’UE ainsi que le Canada et la Turquie, également engagés avec l’Europe contre la Russie, à un sommet sur l’Ukraine, organisé à Londres le 2 mars 2025. Objectif : élaborer, sans l’Amérique, une réponse crédible au conflit russo-ukrainien.

Cette prise de conscience vise avant tout à éviter un scénario catastrophe, où une Russie victorieuse et en plein réarmement poursuivrait son expansion. Emmanuel Macron lui-même alerte sur cette menace, affirmant que Moscou « consacrerait plus de 40 % de son budget à l’effort de guerre » et que « d’ici 2030, elle prévoit d’accroître encore son armée avec 300 000 soldats supplémentaires, 3 000 chars et 300 avions de chasse de plus ». Face à cette hypothèse, le président français s’interroge : « La Russie d’aujourd’hui s’arrêtera-t-elle à l’Ukraine ? »

Un plan allemand de 900 milliards d’euros qui pourrait profiter à la France

Luis Duclos abonde dans ce sens : « Si un pays de l’OTAN ou de l’Union européenne est attaqué, Poutine pourrait très bien s’en prendre à la Moldavie, à la Roumanie ou encore aux États baltes, car il nourrit une nostalgie de l’URSS de son enfance, dans ce contexte, une réaction tardive de notre part aurait pu être fatale. Mais avec les moyens engagés par la France et l’UE, notamment ces 800 milliards d’euros, la situation est encourageante. Il faut rester optimiste. »

D’autant que l’Allemagne ne reste pas en retrait. Le futur chancelier Friedrich Merz, qui a dénoncé, mardi 18 mars, devant les députés du Bundestag, une « Russie agressive » et des « États-Unis imprévisibles », a annoncé un investissement de 900 milliards d’euros pour la défense et l’industrie, qualifié de « premier grand pas vers une nouvelle communauté européenne de défense ». Pour l’analyste, « si l’Allemagne prend une telle initiative, c’est le signe d’un véritable changement de paradigme en Europe. Nous entrons dans une nouvelle ère, incertaine certes, mais pas nécessairement à notre désavantage. »

Un investissement massif outre-Rhin qui pourrait, par effet de ricochet, profiter à la France et plus largement à l’Europe, relève Sylvain Bersinger, chef économiste au cabinet Asterès : « On peut dire merci à Trump. L’Allemagne opère un basculement économique majeur, qui stimulera la croissance bien au-delà du seul secteur de l’armement. Une hausse des dépenses entraîne une baisse du chômage et une augmentation des salaires. »

Toutefois, les effets ne seront pas immédiats, nuance-t-il : « Cela pourrait se diffuser vers les pays scandinaves, et c’est déjà le cas en Pologne, qui investit massivement dans l’armement. Il y aura sans doute un impact global sur la croissance européenne, mais plutôt à l’horizon 2026-2027. »

Macron souhaite 100 milliards d’euros pour l’armée française

Quant à la France, peut-elle, à l’instar de l’Allemagne, en passe de devenir le « leader européen de la défense », basculer rapidement vers une économie de guerre ? À ce sujet, Emmanuel Macron s’est entretenu, vendredi 14 mars, avec les industriels de l’armement français - Safran, Dassault, Thales… - afin d’évaluer leur capacité à intensifier la production et à quelle fréquence.

Par ailleurs, le chef d’État a déjà exprimé, dans les colonnes du Figaro, sa volonté d’augmenter le budget de la défense, passant de 2,1 % du PIB à 3,5 %, soit un peu moins de 100 milliards d’euros par an. Toutefois, conformément à la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, et selon le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, le budget de la défense, qui s’élève à 50,5 milliards d’euros cette année (hors retraites militaires), devrait atteindre environ 68 milliards d’ici 2030.

Un montant jugé insuffisant par le ministre, qui plaide dans La Tribune Dimanche pour une enveloppe plus ambitieuse, alignée sur la volonté du président : « Si l'on veut reconquérir nos capacités de manœuvre dans la durée tout en répondant souverainement aux enjeux posés par les nouvelles technologies, il est clair qu'un horizon autour de 100 milliards d'euros par an constituerait le poids de forme idéal pour les armées françaises. »

Cette position ne fait néanmoins pas l’unanimité au sein du gouvernement. Éric Lombard, le ministre des Finances, a tenu à tempérer ces ambitions sur BFM le 16 mars : « Je vais faire mon ministre des Finances un instant. Sébastien Lecornu a parlé d'un poids de forme de 100 milliards, mais il a dit qu'il était réaliste et que 70 milliards à l'horizon 2030, ce serait déjà très bien. »

La question du financement et de la faisabilité de ce réarmement se pose donc. Comme pour l’Allemagne, l’analyste géopolitique souligne qu’un tel effort prendra du temps et dépendra des priorités budgétaires : « Il faudra voir dans quoi l’argent va être investi. L’armée de terre ? De l’air ? La Marine ? ».

En revanche, la France dispose cependant d’un atout majeur, absent chez son voisin : « Grâce aux choix faits par nos aînés après la Seconde Guerre mondiale, nous sommes dotés de capacités de dissuasion nucléaire », a défendu Emmanuel Macron dans son allocution, proposant d’« ouvrir un débat stratégique » sur l’extension de l’usage de la bombe atomique à certains alliés européens. En 2024, le coût de modernisation et de renouvellement des systèmes d’armes nucléaires s’élevait à 6,35 milliards d’euros.

« Faire ce qu’il faut, ce n’est pas populaire »

D’après l’économiste, une transition vers une économie de guerre est envisageable, à condition qu’une véritable volonté politique se manifeste, ce qui suppose avant tout une amélioration des finances publiques, actuellement très dégradées. Cela passerait par « une baisse des dépenses, une augmentation des taxes, travailler plus… mais est-ce que politiquement cela est crédible, surtout au vu des difficultés actuelles de la France avec la réforme des retraites et le budget ? ».

Le chef économiste estime que « pour quelques dizaines de milliards d’euros, économiquement, la France en est tout à fait capable, mais politiquement, c’est une autre histoire. Faire ce qu’il faut, ce n’est pas toujours populaire. »

Problème : le chef du pouvoir exécutif exclut toute augmentation des impôts pour financer le réarmement. Une alternative envisagée serait la création d’un « Livret A militaire », destiné à soutenir l’effort de défense. Cette solution interroge Sylvain Bersinger sur ses implications : « Si vous faites cela, les taux vont mécaniquement augmenter pour le reste de l’économie, car une partie de l’épargne serait orientée vers ce fonds au détriment des autres industries, ce qui renchérira leurs coûts de financement. Ce ne sera pas gratuit et sans conséquences. »

De son côté, Louis Duclos insiste sur la nécessité de changer de perspective : « Il faut cesser de comparer le budget français à celui de la Russie. On entend souvent dire que nous ne pourrions pas tenir face à elle, mais c’est une erreur d’analyse. » Selon lui, il est impératif d’adopter une vision européenne de la défense, en consolidant un véritable bloc stratégique à l’Est, notamment en sécurisant la Pologne, voisine de la Biélorussie, alliée de Vladimir Poutine, et la Finlande, qui partage une longue frontière avec la Russie.

L’Italie de Giorgia Meloni, mouton noir ?

Les moyens semblent donc présents, à condition que tous les pays membres de l’Union européenne parviennent à s’accorder sur une position commune. Or, parmi les États les plus influents des Vingt-Sept, l’Italie, par exemple, ne partage pas entièrement les idées affichées par Emmanuel Macron.

Dans un entretien accordé au quotidien italien Il Foglio, le président de la République a cherché à convaincre la première ministre italienne Giorgia Meloni de s’aligner sur la position européenne, affirmant qu’il était « nécessaire que l’Italie soit [aux] côtés [de l’Europe, qu’elle s’engage sur cette voie et qu’elle le fasse en tant que grand pays européen ».

Entre l’Europe, l’Ukraine et les États-Unis, la présidente du Conseil des ministres italien a adopté un rôle de funambule de la relation transatlantique que Louis Duclos concède être une bonne initiative : « Je trouve que c’est bien, à l’échelle européenne, que tout le monde ne rejette pas Donald Trump d’emblée. Meloni adopte une posture plus nuancée, à la manière du good cop, bad cop : tandis que Starmer et Macron cherchent à incarner le leadership européen et à renforcer l’autonomie stratégique de l’Union, ce qui pourrait provoquer des tensions avec Trump, Meloni tente de maintenir un lien entre l’Europe et les États-Unis ».

Les représentants de l’UE dont la Turquie et le Canada ont répondu à l’appel de Keir Starmer pour se réunir à Londres © Union européenne

Ce qui divise, c’est l’éventualité d’un déploiement de troupes européennes en Ukraine après l’obtention d’un accord de cessez-le-feu, un projet auquel la France et le Royaume-Uni se disent prêts à participer. Keir Starmer a d’ailleurs affirmé, lors du sommet du 2 mars, travailler avec d’autres dirigeants à la formation d’une « coalition de pays européens volontaires » qui s’engageraient dans une mission de maintien de la paix à Kiev.

Cependant, Giorgia Meloni a exprimé ses réticences, déclarant sur la Rai 1 qu’elle ne comptait pas envoyer de soldats italiens en Ukraine, doutant de « l’efficacité » et de la faisabilité du projet défendu par Emmanuel Macron et son homologue britannique. Tout en insistant sur la nécessité d’éviter que « l’Occident se divise », la première ministre italienne a réaffirmé sa volonté de préserver de bonnes relations avec les États-Unis, et notamment avec le président républicain, en matière de politique de défense.

La position de Meloni semble d’ailleurs être la plus acceptable aux yeux du Kremlin, auprès duquel la proposition d’un envoi de troupes en Ukraine a suscité une vive réaction. La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a prévenu qu’une telle initiative serait considérée comme un « conflit armé direct ». Mise en garde qui contraste avec l’attitude de la Russie elle-même, qui n’hésite pas à envoyer des soldats nord-coréens sur le front.

Allié de toujours, les États-Unis s’éloignent de l’Europe

Toutefois, selon l’analyste, l’Italie ne serait pas le véritable problème. Celui-ci résiderait plutôt dans la position plus ambivalente d’autres États proches idéologiquement de la Russie. « Ce qui m’inquiète davantage, ce sont la Slovaquie de Robert Fico et la Hongrie de Viktor Orbán, qui risquent de compliquer la prise de décision au sein de l’Union européenne ».

Outre-Atlantique, les États-Unis restent un allié stratégique, mais l’incertitude plane quant à leur engagement sous la présidence de Donald Trump, dont la priorité demeure avant tout les intérêts nationaux — « une tendance déjà observable sous Joe Biden », juge Louis Duclos. L’ancien président a déjà, à plusieurs reprises, remis en cause l’engagement américain au sein de l’OTAN, estimant que les États-Unis ne devraient pas défendre les pays qui, à ses yeux, ne dépensent pas suffisamment pour leur propre sécurité.

« S’ils ne paient pas, je ne vais pas les défendre », a déclaré Donald Trump, jeudi 6 mars, devant des journalistes depuis la Maison Blanche, avant d’ajouter, en critiquant l’engagement transatlantique : « Si les États-Unis avaient un problème et qu’on appelait la France, ou d’autres pays que je ne nommerai pas, en disant "on a un problème", vous pensez qu’ils viendraient nous aider comme ils sont censés le faire ? Je n’en suis pas sûr. »

Ironiquement, cette remise en question de l’article 5 du traité de l’OTAN — qui stipule que toute agression contre un membre de l’Alliance engage une réponse collective, qu’elle soit militaire, humanitaire ou autre — contraste avec le fait que cette disposition n’ait été invoquée qu’une seule fois dans l’histoire… par les États-Unis eux-mêmes, après les attentats du 11 septembre 2001, entraînant la participation de la France et des autres membres de l’OTAN à la guerre en Afghanistan.

Dans cette logique de repli sur soi, à l’issue de sa rencontre avec Volodymyr Zelensky, Donald Trump a suspendu le 3 mars l’aide américaine à l’Ukraine, incluant le partage de renseignements et les livraisons d’armes. Le 47e  président des États-Unis a finalement annoncé sa reprise le 11 mars, mais sous condition d’un cessez-le-feu de trente jours accepté par Kiev.

Bien qu’il cherche à se positionner comme un négociateur de paix, son approche reste avant tout dictée par ses propres intérêts, comme l’explique pour TF1 Michael Stricof, spécialiste des États-Unis : « Il veut être la figure de la paix. Il pense que sa seule présence peut changer les choses et instaurer une nouvelle ère des relations internationales, en renversant les équilibres établis. »

L’UE pourrait se passer du soutien américain

Dans ce cadre où l’Union européenne tente d’affirmer son autonomie stratégique, peut-elle réellement assurer sa défense sans le soutien de Washington ? Selon le spécialiste de la géopolitique, ce revirement ne joue pas en faveur des États-Unis : « Les décisions récentes de Donald Trump isolent complètement l’Amérique. Ce qui vient de se passer est catastrophique pour eux : ils se sont mis à dos toute l’Europe et même le Canada, leur allié historique, qui les a suivis en Irak et en Afghanistan », souligne-t-il, avant d’ajouter : « Trump pense qu’il a le plus grand bâton et que ceux qui ne marchent pas avec lui doivent s’attendre à des représailles. Mais à force de malmener ses alliés, ces derniers vont finir par créer leur propre cercle sans l’Amérique. C’est déjà le cas en Europe, et même le Canada préfère désormais se tourner vers l’Europe. »

Avec l’augmentation des budgets alloués au réarmement, l’Union européenne pourrait donc être en mesure de se passer du soutien américain. Louis Duclos estime en effet que « si nous renforçons notre défense, nos effectifs, et que nous investissons intelligemment les 800 milliards d’euros tout en prenant en compte les 900 milliards de l’Allemagne, cela devrait changer la donne ».

Cette montée en puissance n’a toutefois pas vocation à préparer un conflit, mais plutôt à dissuader la Russie de toute tentative d’agression contre les pays européens. « C’est fait pour se défendre, par pour attaquer », insiste l’analyste.

À l’international, la Chine verrait d’un mauvais œil le rapprochement entre les États-Unis et la Russie, notamment si cette dernière se rapproche de l’Amérique. Selon l’analyste, « si la Russie bascule du côté américain, sa dépendance commerciale avec la Chine pourrait être fragilisée ». Dans cette optique, « la Chine pourrait commercer avec l’Europe, un changement qui serait bénéfique pour les deux parties ».

L’appel téléphonique qui change tout ?

Après un appel téléphonique de près de deux heures, mardi 18 mars, Vladimir Poutine et Donald Trump sont parvenus à un résultat pour le moins très maigre. Si le Kremlin a évoqué dans un communiqué un « échange de vues détaillé et franc », le président russe s’est surtout attaché à réaffirmer ses exigences, plaidant pour une résolution du conflit « globale, durable et sur le long terme », prenant en compte les intérêts de sécurité de la Russie et les « causes profondes » de la guerre.

Face à un Trump qui s’est félicité d’une discussion « très bonne et productive » sur son réseau Truth Social, l’ancien officier du KGB semble avoir mené le jeu. Les seules concessions faites par Moscou se résument, outre un anecdotique accord pour réaliser un match de hockey entre les États-Unis et la Russie, à une trêve « immédiate » limitée à trente jours, restreinte aux frappes sur les infrastructures énergétiques, et à une réflexion sur une éventuelle pause des attaques maritimes.

En revanche, un échange de 175 prisonniers de guerre de chaque camp devrait intervenir dès mercredi 19 mars, selon l’annonce du Kremlin. Mais pour un cessez-le-feu total, Poutine exige l’arrêt de l’aide militaire étrangère et du renseignement fourni à l’Ukraine.

Vladimir Poutine et Donald Trump se sont entretenus pour convenir d’un accord de paix © Wiki commons

Sur le réseau social X, Volodymyr Zelensky a dénoncé une manœuvre dilatoire, affirmant que « Poutine a refusé aujourd’hui la proposition d’un cessez-le-feu complet ». Le président de l’Ukraine a appelé ses alliés à réagir en rejetant « toute tentative de Poutine de prolonger la guerre » et annoncé dans la foulée s’entretenir avec Donald Trump ce 19 mars.

Pour Janis Kluge, économiste et spécialiste de la Russie qui s’exprimait récemment sur le même réseau social, les conditions posées par Moscou visent à affaiblir les capacités militaires de l’Ukraine : « Il y a deux choses pour lesquelles l'Ukraine est vraiment douée : frapper les raffineries russes et détruire la flotte russe de la mer Noire. Coïncidence : Poutine souhaite un cessez-le-feu dans ces deux domaines. »

La Russie « a la capacité de nous attaquer directement »

Malgré quelques avancées, les résultats obtenus semblent bien en deçà des espoirs affichés par Donald Trump. Quant à un véritable accord de paix, Moscou semble inflexible sur ses conditions : la capitulation de fait de l’Ukraine, son renoncement à l’OTAN, l’annexion définitive des territoires occupés et la levée des sanctions occidentales demeurent les conditions sine qua non du Kremlin.

« La paix ne peut pas être conclue à n’importe quel prix et sous le diktat russe. La paix ne peut être la capitulation de l’Ukraine. Elle ne peut pas davantage se traduire par un cessez-le-feu trop fragile », estime de son côté Emmanuel Macron. Or, si les craintes du président de la République se confirment, cette trêve limitée pourrait n’être qu’un leurre, permettant à la Russie de se réorganiser avant de relancer son offensive.

« Parce que nous avons déjà l’expérience du passé. Nous ne pouvons oublier que la Russie a commencé à envahir l’Ukraine en 2014, que nous avons alors négocié un cessez-le-feu à Minsk, et que la même Russie ne l’a pas respecté. Nous n’avons pas su le maintenir, faute de garanties solides. Aujourd’hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole », a rappelé le président français lors de son allocution aux Français, mercredi 5 mars.

Alors que la Russie semble avancer ses pions, Louis Duclos met en garde : « Aujourd’hui, la menace ne fait que grandir et elle a la capacité de nous attaquer directement d’où l’importance de devenir une Europe unie militairement. »

Romain Tardino

0 commentaire
Poster