Dispositif « En quête d’indices » : un 5e appel à témoin en préparation avec le procureur de Nanterre


lundi 11 août4 min
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En cours de montage, la capsule, prévue pour la fin du mois, se penchera sur l’affaire rouverte d’un meurtre non résolu survenu à Nice il y a plus de 20 ans. Selon la procureure adjointe Marie-Céline Lawrysz, « le temps peut être un allié ».

Un nouveau cold case réouvert à Nanterre. Quelques mois après son arrivée au poste de procureur de la République du tribunal judiciaire de Nanterre, Yves Badorc a décidé de se saisir de l’outil qui lui est réservé « en tant que chef du parquet des crimes sériels ou non élucidés (PCSNE) » : le dispositif « En quête d’indices ».

Début août, le procureur de Nanterre, les services d’enquêtes de l’office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP) et les enquêteurs de la police judiciaire de Nice, ont tourné la cinquième capsule d’appel à témoin au sein de la Délégation à l’information et à la communication du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer (Dicom), laquelle revient sur les faits de l’affaire réouverte et les éléments dont dispose la justice.

Si la procureure de la République adjointe Marie-Céline Lawrysz ne nous dévoile pas le nom du dossier, celle-ci nous indique toutefois qu’il s’agit d’une affaire de meurtre irrésolu datant de 2001 et ayant eu lieu à Nice. Et d’ajouter : « La cinquième capsule est actuellement en cours de montage. L’idéal serait de la diffuser avant la rentrée pour éviter qu’elle ne soit éclipsée par d’autres actualités et ainsi toucher un maximum d’audience. »

Une réouverture en concertation

Comme nous l’explique la procureure de la République adjointe, « dans le cadre de cette enquête préliminaire réouverte par le parquet du pôle, le procureur de la République de Nanterre a décidé d’un acte d’enquête spécifique, l’appel à témoins, qui est acté par procès-verbal, mais qui est issu d’une concertation avec les enquêteurs et le magistrat suiveur ».

Le magistrat suiveur peut être un magistrat du parquet « comme cela est le cas au pôle dans le cadre de ce 5e appel à témoin dont l’enquête a été diligentée par le pôle », ou bien un juge d’instruction du pôle qui, lorsqu’il envisage de recourir à un tel dispositif dans le cadre d’une information judiciaire, contacte et échange sur ce point avec son collègue du parquet du pôle sur l’opportunité ou non de faire un appel à témoin. À la suite de quoi s’enclenche un dialogue avec les services d’enquête.

Marie-Céline Lawrysz souligne également qu’une des principales difficultés réside dans le fait de ne pas nuire aux investigations antérieures ou à venir, et de préciser que tous les dossiers à Nanterre ne peuvent pas faire l’objet d’un appel à témoin, « c’est une sélection qui est opérée de concert avec les services d’enquêtes ».

« La source humaine reste fondamentale »

Ainsi, l’objectif de ces capsules est de « collecter un maximum d’informations nouvelles ou de réactualiser celles de certains dossiers classés comme cold cases », détaille Marie-Céline Lawrysz. Cette dernière ajoute que « la source humaine demeure essentielle », tant pour confirmer des pistes, comme lors du 4e appel à témoins, que pour explorer des hypothèses autrefois négligées, réactiver ou vérifier des éléments, particulièrement dans les affaires dépourvues de scellés ou d’empreintes ADN.

« On a un champ des possibles qui n’est pas que génétique, on a aussi le témoignage. » Pour Marie-Céline Lawrysz, « le temps peut aussi être un atout ». Notamment car des personnes qui, par volonté de (se) protéger ou parce qu’elles en étaient empêchées, n’avaient pas pu s’exprimer à l’époque, sont désormais davantage enclines à le faire.

Par ailleurs, les premiers témoignages recueillis à chaud peuvent « être empreints de craintes », et certaines informations transmises aux enquêteurs se révéler incorrectes ou insuffisamment précises. « Ces capsules sont donc un espoir », tout en laissant la place à d’autres pistes d’investigation, notamment génétiques, lorsque du matériel est exploitable ou toujours disponible. Dans certains dossiers, toutefois, les scellés ont pu être perdus, détériorés par le temps, ou tout simplement détruits.

À noter que la destruction de scellés criminels est désormais interdite, pointe par ailleurs la procureure adjointe. 

La magistrate exprime aujourd'hui le souhait de mieux faire connaître le dispositif « En quête d’indices ». Un outil précieux qui reste encore méconnu dans certaines juridictions de France comme auprès du grand public, alors même que des témoignages spontanés peuvent parvenir aux enquêteurs par mail ou via LinkedIn : « Il ne faut pas se fermer de portes. »

Allison Vaslin


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