Le film Barbie déprogrammé à Noisy-le-Sec sous la menace, le maire dénonce l’« obscurantisme »


mardi 12 août3 min
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Vendredi 8 août, le maire Olivier Sarrabeyrouse a été contraint d'annulé la séance de cinéma en plein air prévue dans le quartier du Londeau. Il a notamment pointé du doigt un groupe qu’il accuse d’avoir agi sous le prisme d’une « manipulation bassement politicienne ».

« Je déplore qu’un petit groupe du quartier ait mobilisé son énergie sous la pression d’un individu pour empêcher la projection de ce film, pourtant classé tout public en France lors de sa sortie en 2023. »

Olivier Sarrabeyrouse, maire PCF de Noisy-le-Sec, a laissé parler son indignation dans un communiqué publié mercredi 13 août 2025, lorsqu’il est revenu sur les raisons de l’annulation, vendredi 8 août à 21 heures, de la projection du film « Barbie » de Greta Gerwig dans le quartier du Londeau.

Organisé dans le cadre des séances de cinéma en plein air, mises en place depuis cinq ans dans les quartiers de la ville pour celles et ceux qui ne partent pas en vacances, « en particulier les enfants », l’événement devait offrir un moment convivial, s’inscrivant dans une démarche « d’aller vers, visant à rassembler toutes les générations dans chaque quartier ».

Mais la soirée a basculé lorsque des agents municipaux ont été « menacés de violence », contraignant la municipalité à annuler la projection « face aux tensions », a révélé le maire de la ville.

« Un fondamentalisme instrumentalisé à des fins politiques »

Pour Le Parisien, Olivier Sarrabeyrouse a relaté le déroulement de la soirée : « Tandis que les agents installaient le matériel, des jeunes les ont menacés, affirmant qu’ils allaient empêcher la projection et détruire les équipements. » Ce dernier précise : « Les agents ont tenté de discuter, mais la situation est rapidement devenue très agressive. Comme ils se sentaient en danger, ils m’ont appelé. C’est moi qui ai pris la décision d’annuler la séance. »

Selon le maire, « cette minorité de voyous » accusaient le film de « promouvoir l’homosexualité » et de constituer « une atteinte à l’intégrité de la femme ». Dans son communiqué, Olivier Sarrabeyrouse a rappelé que ce n’était « pas la première fois dans ce quartier » qu’un tel incident se produisait, dénonçant une situation « inadmissible », car « la majorité des habitants aspirent à bénéficier des actions de notre municipalité ».

D’après lui, ces menaces reposent, avant tout, sur « des arguments fallacieux » et traduisent « un obscurantisme et un fondamentalisme instrumentalisés à des fins politiques ». Et de conclure : « Ne soyons pas dupes. Dans un contexte électoral, il s’agit d’une manipulation bassement politicienne d’une poignée dont l’objectif principal est d’entraver la réussite de nos actions municipales. »

Une plainte déposée

Le maire a reconnu qu’au moment de sa sortie, le film « a suscité le débat », déclenchant la réaction « des idéologues les plus réactionnaires et conservateurs, notamment d’extrême droite », et provoquant « une énième panique morale ». Certains auraient également accusé Olivier Sarrabeyrouse de mettre en avant des histoires de personnages lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels, quand d’autres ont dénoncé une supposée propagande néoféministe, ajoute l’édile.

À ce sujet, la sénatrice LR Valérie Boyer a reproché au maire, sur X (ex-Twitter), d’avoir cédé aux « intégristes religieux islamistes [qui] ont exercé un contrôle social fort et efficace ». La ministre de la Culture, Rachida Dati, a elle aussi réagi sur le même réseau critiquant une énième « atteinte grave à la programmation privant familles et enfants d’une activité culturelle. Depuis un an, j’ai pris des mesures fermes contre ces atteintes graves devenues une nouvelle forme de délinquance. »

De son côté, Olivier Sarrabeyrouse a affirmé qu’il n’allait pas tolérer de « zones de non-droit culturelles dans [sa] ville » et qu’il comptait poursuivre « ce pour quoi [ils ont] été élus : créer du commun dans [la] commune », annonçant qu’il irait « bien évidemment porter plainte ».

Romain Tardino

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