Un rat au tribunal pour dénoncer les conditions de détention de la prison de Nanterre


mercredi 16 juillet3 min
Écouter l'article

L’avocat d’un client détenu depuis plus de deux ans à la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine a présenté le rongeur au juge des libertés comme preuve des conditions d’hygiène « déplorables », lors de l’audience de prolongation de détention provisoire.

Faute de pouvoir prendre des photos des cellules de la maison d’arrêt de Nanterre pour démonter l’insalubrité de celles-ci, l’avocat Romain Boulet a entrepris une démarche insolite, mais non moins efficace.

Le 15 juillet dernier, lors de l’audience de prolongation de détention provisoire de son client détenu à Nanterre depuis deux ans et demi dans l’attente de son procès, l’avocat parisien est venu avec ses dossiers… et un rat, attrapé sur le parking de la maison d’arrêt le matin même. 

Renommé Marie-Madeleine, le rongeur présenté au magistrat et au juge des libertés et de la détention du tribunal de Paris devait illustrer « les conditions d’hygiène déplorables » vécues par le détenu, détaille France info. « Ce n’était pas difficile [de l’attraper], les rats pullulent sur le parking de la prison, tout comme à l’intérieur », a déclaré l’avocat.

La prolongation de détention non reconduite

Une initiative qui a porté ses fruits puisqu’au terme des délibérations, le juge des libertés et de la détention n’a pas exigé la prolongation du détenu, lequel sera soumis à un contrôle judiciaire à sa sortie de la maison d’arrêt, précise le média.

À lire aussi : L’accès au parloir de la prison de Fresnes, un parcours du combattant ?

Une victoire pour Romain Boulet, qui a insisté sur les lacunes de la justice. « A chaque demande de remise en liberté motivée par des conditions de détention indignes, le juge répond que les preuves sont purement déclaratives ou que les allégations apportées sont dépourvues d’éléments concrets », rapporte Le Parisien. Ici, la preuve vivante est venue jusqu’au tribunal.

Selon l’administration pénitentiaire, les conditions de détention dépendent des détenus 

Pour l’Observatoire international des prisons, l’administration pénitentiaire « renonce à agir » contre les conditions de détentions, malgré les preuves, soulignait l’organisme en mai dernier après qu’un courrier envoyé à une avocate alertant sur les conditions de son client de 19 ans a indiqué qu’elles étaient de la responsabilité des détenus.

Pour mémoire, le jeune homme incarcéré pour la première fois s’est retrouvé à dormir sur un matelas au sol dans une cellule de 9m² déjà occupée par deux autres codétenus. Réponse de l’administration : « Il revient aux personnes détenues elles-mêmes de faire preuve de bon sens au sein de la cellule et ne pas laisser toujours le même dormir au sol. »

Au 1er avril 2025, la maison d’arrêt affichait un taux d’occupation de 192 %, avec 1 160 détenus pour 597 places. Un rapport de visite de la bâtonnière des Hauts-de-Seine, qui s’est rendue le 10 avril dernier à la maison d’arrêt, devrait prochainement être rendu public.

Allison Vaslin


Partager l'article


0 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à la Newsletter !

Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.