Environnement, société, humanitaire… À l’occasion
des Rencontres du mentorat, fin janvier, chez BpiFrance, plusieurs dirigeants
ont livré leur vision et leur expérience de l’engagement, au sein comme à côté
de leur entreprise. De quoi inspirer leurs pairs.
Vendredi 31 janvier, c’est chez BpiFrance, à Paris,
que le Moovjee (Mouvement pour les jeunes et les étudiants entrepreneurs),
association du Réseau M France, réseau international de mentorat,
organisait une nouvelle édition de ses Rencontres du mentorat, autour de chefs
d’entreprise inspirants.
Pour clore la série d’ateliers et de conférences, une
table ronde intitulée « Ils agissent et leur voix porte : les
entrepreneurs, moteurs de l’amélioration de nos vies ? » était
animée par Fabrice Geffroy et Bénédicte Sanson. Celle-ci l’a soutenu, « Les
entrepreneurs ont différentes façons de s’engager, tous peuvent être source
d’inspiration pour donner envie aux autres de se retrousser les manches. »
François Bieber,
Charline Goutal-Redrado, Arnaud Sauvé, Laurence Besançon et Augustin Jaclin
Engagés dans l’entreprise
Parmi les entrepreneurs présents, Laurence Besançon,
présidente de l’association Ici et 2Mains et fondatrice du Quai des Possibles,
est revenue sur la création de ce tiers-lieu implanté dans les Yvelines, en
plein cœur de l’écoquartier Lisière Pereire.
Après une formation en école de commerce et plusieurs
années au sein d’un grand groupe en marketing international, passées entre New
York, Moscou et Paris, à accompagner des stratégies de développement, Laurence
Besançon a le sentiment d’un « manque de sens », bien qu’elle
soit très épanouie dans son travail. « Je me demandais à quoi servait
toute cette énergie, finalement. » Elle fait alors la rencontre
d’entrepreneurs sociaux, via Danone communities. « À partir de
là, je comprends qu’on peut avoir un modèle économique avec des objectifs
sociaux et environnementaux. Je me dis : génial, il faut que tu
fasses ta part, que tu aies un impact. » Mais cela prend du temps.
D’abord, dans sa société, elle met en place une démarche de RSE globale.
« J’ai créé des business unit de mesure d’impact social, ça m’a
permis de trouver du grain à moudre pour faire ma transition. » Et
puis, quand elle voit le film de Cyril Dion et Mélanie Laurent,
« Demain », qui met en avant des solutions pour construire un monde
écologiquement et socialement meilleur, Laurence Besançon a « le déclic ».
Il y a trois ans, elle décide donc de monter son association. « Je
me suis demandé comment, à mon niveau, dans ma ville, je pouvais encourager
l’éclosion d’entrepreneurs sociaux. Pendant un an, j’ai écouté les besoins du
territoire, et défini notre offre après avoir sondé 300 personnes, testé
plusieurs formats. »
Le Quai des Possibles propose ainsi des déjeuners
solidaires et divers événements rassemblant une communauté d'experts et
d'entrepreneurs. But de la manœuvre : montrer comment de nouveaux modèles
peuvent transformer la société, identifier des personnes qui ont envie de
monter un projet ou de changer les choses à l’intérieur de leur entreprise, les
accompagner et les incuber. « L’idée est d’accompagner l’essor de
projets positifs, entrepreneuriaux ou personnels », a expliqué la
fondatrice. La structure propose aussi un espace de coworking aux
entrepreneurs sociaux, « ce qui leur permet d’accélérer leur projet, et
ce qui nous permet de faire bouillir la marmite », a précisé Laurence
Besançon, au même titre d’ailleurs que l’événementiel : « On
privatise environ deux fois par mois, pour des séminaires et des soirées. Le
reste du temps, on reste sur notre cœur d’activité : on accompagne. »
Aujourd’hui, 70 projets sont en cours de déploiement.
De son côté, Charline Goutal-Redrado, mentorée
devenue mentor, est la fondatrice de Naïa Paris, anciennement Ma p’tite
culotte. Lancée il y a sept ans, sa marque de lingerie s’inscrit dans la
volonté de restaurer la place de la femme, de casser les codes de la féminité
en prônant l’image d’une femme féminine mais qui n’est pas hypersexualisée ni
standardisée. « J’avais envie que l’on représente les femmes dans leur
diversité ; des femmes différentes, de tailles différentes. En cela, Naïa
est inclusive, et on en est fiers. » À côté de cette première
ambition, l’entreprise s’est engagée sur le chemin de la lingerie
« éthique », respectueuse de l’environnement. « Puisque
l’industrie textile est très polluante, on se pose souvent la question
de la responsabilité de notre entreprise par rapport aux produits et aux
matières, et on travaille dessus. » La dernière collection de la
marque est ainsi 100 % biodégradable. Réel engagement ou volonté de surfer
sur une mode pour gonfler le chiffre d’affaires ?
« C’est d’abord un engagement idéologique de
la part de l’équipe, et commercial dans un second temps, a assuré Charline
Goutal-Redrado. Je ne vois pas d’autre avenir pour l’industrie du textile
que d’arriver à avoir un impact positif sur la planète. Évidemment qu’il y a
aussi une logique business, mais à moyen terme. À court terme, cela nous offre
moins de marges de faire des produits biodégradables : les matières et les
teintures naturelles coûtent plus cher car les marchés de fournisseurs ne sont
pas encore alignés. Il faut donc aller vers des fournisseurs avant-gardistes,
et donc, plus chers. Ce sont des coûts supérieurs que l’on est obligé de
répercuter : il faut compter entre 80 et 90 euros pour une
parure de lingerie. Cela reste accessible, mais on aimerait proposer des gammes
moins chères quand le marché sera plus mature. » La jeune femme s’est
par ailleurs inscrite en faux contre la maxime de la plupart des marques de
prêt-à-porter, qui promettent de créer des vêtements pour « toute la
vie ». « Je ne pense pas que les consommateurs aient envie de
porter un même vêtement toute leur vie. Le vêtement correspond à un état
d’esprit, un statut qu’on recherche à un instant T. On ne va pas arrêter
la fast fashion du jour au lendemain, mais on peut la rendre vertueuse, en
ayant des produits biodégradables et pas seulement recyclés. »
Éco-responsable, la marque de lingerie est également
engagée de façon associative. L’entreprise crée en effet tous les ans une
collection « capsule », dont les bénéfices sont ensuite versés
intégralement à une association pour le dépistage du cancer du sein.
Lui aussi engagé pour l’environnement, mentoré puis
mentor Moovjee, Augustin Jaclin a quant à lui co-fondé Lemon Tri, une
entreprise qui propose des services de tri et de recyclage. Il est en outre
président de Lemon Aide, filiale de Lemon Tri, entreprise montée avec la
fondation Agir contre l’exclusion. « C’est une entreprise d’insertion
qui propose à des personnes éloignées de l’emploi une formation et un parcours
dans les métiers de la logistique et de l’économie circulaire », a
détaillé l’entrepreneur.
Augustin Jaclin a raconté qu’il avait lancé Lemon Tri
à la sortie de ses études. « J’avais depuis longtemps envie de monter
mon entreprise. Restait à savoir dans quel domaine. Avec mon associé, on a fait
le choix de l’environnement, en haut de la liste de ce qui nous touchait. On
n’était pas – encore – militants, mais c’était un sujet sur lequel on avait
envie de s’impliquer. D’autant qu’on s’est aperçus que la France était en
retard en matière de recyclage ; qu’elle avait de mauvais résultats. »
Le sujet de l’engagement social, via l’entreprise d’insertion, arrive un
peu plus tard, avec l’expérience et une prise de conscience. Augustin Jaclin se
rend vite compte que le secteur est propice à la création d’emplois pour les
personnes peu qualifiées qui, sur la seule base de leur motivation, peuvent se
former « sur le tas ». « Aujourd’hui, on avance avec
cohérence, en liant économie, environnement et social. Le fait de faire
correspondre son travail et ce en quoi on croit profondément est un moteur
énorme. Quand on a démarré, on nous prenait pour des hippies écolos ;
aujourd’hui, le sujet est sur toutes les tables. »
Un constat qui se retrouve dans les chiffres : son activité connaît
50 % de croissance par an. Augustin Jaclin en est sûr : « demain,
le partage de la valeur ajoutée, l’inclusion, la volonté de faire croître les
entreprises en emmenant un maximum de personnes, même éloignées, sera la norme,
la référence ».
Engagés à côté de l’entreprise
Pour leur part, si Arnaud Sauvé et François Bieber
ont fait le choix de s’engager à titre personnel à côté de leur activité
principale, tous deux partagent une vision profondément humaine de
l’entreprise.
Prenant la parole, Arnaud Sauvé, propriétaire de trois
restaurants à Paris, a évoqué le « regard différent » qu’il
porte sur ses salariés et ses établissements, malgré un métier traditionnel,
fait de codes et d’habitudes très ancrées. « La première des choses que
je m’applique à faire au quotidien, c’est d’avoir avec mes collaborateurs une
relation autre que la relation conventionnelle. Je crois d’une manière forte au
rôle social de l’entreprise. Les gens viennent y travailler, y passent beaucoup
de temps, et sont payés pour ça. Mais ils attendent autre chose.
Et l’entrepreneur ne peut pas résumer son métier à donner des ordres et à payer
à la fin du mois », a martelé Arnaud Sauvé. Pour le restaurateur,
l’entreprise a une véritable vocation sociale dans l’encadrement, le
management, la ressource humaine. Il s’agit selon lui du meilleur moyen de
développer les compétences et l’implication, au quotidien, « des gens
qui travaillent pas pour vous mais avec vous ».
« Pour moi aussi, être entrepreneur, c’est un
engagement sociétal, a opiné François Bieber. L’entreprise est une
communauté d’êtres humains qui prennent du plaisir à travailler ensemble, et à
ce titre, ma mission est de donner envie à mes collaborateurs. À la fin du
mois, ce sont eux qui me paient, car c’est par leur travail que je suis payé. »
François Bieber – encore un mentor – est, de son côté, président
du groupe Kwanko, spécialiste du marketing digital à la performance, qui compte
170 collaborateurs dans le monde. Au sein de son entreprise, il a créé un
« espace d’engagement », dévolu au soutien d’un ensemble de
causes, « mais c’est à chaque collaborateur de les porter », a
précisé le chef d’entreprise. « Je n’ai pas envie de leur imposer ma
vision des choses, je veux que cela reste un espace ouvert. »
À côté de sa société, le chef d’entreprise a
co-fondé l’association SOS Attitude, qui apporte un hébergement d’urgence aux
victimes de catastrophes naturelles. « Lorsqu’une catastrophe se
produit, la première nécessité est de soigner les blessés, la deuxième, de
fournir de l’eau, et la troisième, de fournir un abri. On a constaté que la
réponse était mal structurée sur l’abri d’urgence : sur le marché des
catastrophes, la fourniture d’abri prend parfois plusieurs semaines. Or,
les personnes secourues sont trop vulnérables pour attendre aussi longtemps. »
SOS Attitude dispose donc d’un stock de matériel, et lorsqu’elle est alertée
d’une catastrophe, si le faisceau d’informations est suffisant, l’objectif est
de partir sur le terrain en moins de 24h. « Après le tremblement de
terre en Albanie, on a pris la décision de se rendre là-bas dans la journée, et
le lendemain soir, on était sur place, pour acheminer des tentes adaptées à
l’humanitaire le plus rapidement possible. »
De son côté, Arnaud Sauvé est bénévole aux Restos du
Cœur, et fait « des distributions », le dimanche soir, aux
Invalides. « Au-delà de l’aspect matériel, ce qui est important pour
les personnes qui viennent à nous, c’est le lien social, a-t-il affirmé. C’est
de considérer ces gens, de tous les profils, de tous les horizons, comme des êtres
humains : leur donner un bonjour, un regard, un sourire. Mon
engagement est aussi bien avec mes collaborateurs qu’auprès des gens qui sont
dans le besoin », a-t-il ajouté.
Et les
collaborateurs ?
Mais son engagement aux Restos du Cœur, Arnaud Sauvé
le garde pour lui. « Cela ne regarde que moi, c’est personnel. Je ne
veux pas créer de malentendus avec les collaborateurs et les clients, car cela
peut être mal reçu, mal interprété. Dans l’esprit des gens, un restaurateur
doit être là pour accueillir, ils ne conçoivent pas qu’on puisse passer du
temps ailleurs. »
À l’inverse, les collaborateurs de François Bieber
savent qu’il est, en parallèle de Kwanko, engagé dans une association. Ce qui
lui facilite beaucoup les choses, étant donné le caractère tout à fait
aléatoire des situations auxquelles SOS Attitude fait face : « Quand
je dois partir et que je ne peux pas honorer mes rendez-vous de la semaine, je
peux déléguer à mes collaborateurs. Cela n’a jamais été mal vu. Je ne fais pas
trop la "pub" de mon engagement dans l’entreprise, ni auprès
de mes clients. Mais dès que je m’en vais, je les en informe car c’est la
moindre des choses. Et à chaque fois, tous sont très compréhensifs »,
a-t-il estimé.
Pour Augustin Jaclin, dont les collaborateurs sont
directement impliqués dans l’engagement de Lemon Tri, la réceptivité de ces
derniers se mesure rien qu’aux statistiques : après huit ans
d’exercice, aucun salarié n’a quitté l’entreprise pour une autre entreprise.
« Ce chiffre est lié à l’action que l’on mène. Ce sont des gens qui
veulent aligner leurs valeurs personnelles avec leur activité professionnelle.
On a même des salariés qui viennent de grands groupes, où ils étaient bien
payés, et qui ont fait le choix de venir chez nous. Pour nous, c’est une marque
de confiance, et on se dit que ce qu’on fait parle à un certain nombre de
personnes. Malgré la croissance de notre entreprise, on essaie de garder cet
ADN-là », a déclaré Augustin Jaclin.
De son côté, c’est au fil des recrutements que
Charline Goutal-Redrado a observé un glissement, en l’espace de sept
ans. « Au départ, les candidats s’intéressaient au fait qu’il
s’agissait d’un projet entrepreneurial touchant à un domaine qui les
intéressait. Et puis, j’imagine qu’ils regardaient d’abord notre nombre d’abonnés
sur Instagram, et le reste ensuite. Aujourd’hui, les candidatures que
l’on reçoit sont d’abord orientées sur nos engagements sociaux et
environnementaux. » Depuis quelque temps, la cheffe d’entreprise
remarque ainsi de plus en plus de candidatures spontanées tournées vers les
valeurs de Naïa. Les postulants n’hésitent d’ailleurs pas à souligner que le
milieu de la lingerie, et plus globalement de la mode, ne les intéresse pas
particulièrement, mais que la façon d’aborder ce marché leur plaît et les inspire.
« Une vraie révolution », s’est réjouie Charline
Goutal-Redrado.
« Je me sens connectée, à
ma place »
Les entrepreneurs se sont également exprimés sur ce
qui continue de motiver leur engagement chaque jour. « Quand j’arrive
au Quai des Possibles, je suis heureuse. Je suis dans le vivant ; je me
sens connectée, à ma place », a lancé Laurence Besançon, rejointe par
Augustin Jaclin : « La rencontre des gens est essentielle. La
variété des personnes qu’on peut accueillir chez Lemon Aide est une grande richesse.
Il s’agit de personnes qui ont pu avoir des accidents de vie, des jeunes qui
ont arrêté l’école tôt, ou des réfugiés qui arrivent avec des histoires
incroyables. J’essaie toujours de passer du temps, notamment le midi, pour
échanger. Ça nous ramène aussi à des choses plus essentielles, car quand on est
entrepreneur, on voit des tableaux, des chiffres, toute la journée, on rêve de
levées de fonds, de croissance. Mais quand, à l’heure du déjeuner, telle
personne nous raconte pourquoi elle a fui son pays, telle autre, depuis combien
de temps elle recherche une situation stable, ça nous remet sur le plancher des
vaches », a considéré le chef d’entreprise.
Ce sont aussi des personnes avec des trajectoires de
vie difficiles que voit Arnaud Sauvé, chaque dimanche soir. Ce dernier a livré
une anecdote datant de quelques jours : pendant la distribution avec les
Restos du Cœur, arrive un homme qu’il n’a jamais vu – souvent, ce sont des
habitués –, complètement perdu. Il lui explique qu’il s’était installé dans une
gare de Paris, pour la première fois, à la recherche d’un endroit où dormir.
Mais au matin, c’est le choc : toutes ses affaires ont disparu. Il n’a
plus aucun repère, dans une ville qu’il ne connaît même pas. Ce récit touche
Arnaud Sauvé. Il se sent utile ; au bon endroit. « On est alors
capables de donner de la main à la main une parka, un repas, à ceux qui en ont
le plus besoin. »
« Ça me fait vivre encore plus fort »,
a abondé François Bieber, au sujet de SOS Attitude. J’ai beaucoup de plaisir
à me lever tous les matins pour aller travailler, mais les moments que me
prodiguent l’association atteignent une dimension supérieure. »
Pourtant, ce dernier l’a reconnu, l’association demande à la fois beaucoup de
temps… et d’argent. « C’est une chose de partir en Albanie, en
Équateur, au Népal, aux Philippines. Mais quand on envoie 200 tentes,
c’est tout de suite 60 000 euros. » SOS Attitude ne vit que
de dons, alors tout le travail au fil de l’année consiste à communiquer,
motiver les donateurs, et opérer un retour sur investissement pour les
donateurs.
Sur le terrain, François Bieber a rapporté avoir vu
le plus beau parmi le pire. « Après une catastrophe, on voit des morts,
de la tristesse, de la terreur, mais aussi beaucoup de solidarité, d’entraide.
On voit la beauté de l’être humain. » Pas toujours, toutefois, a
souligné le co-fondateur de SOS Attitude, qui a fait part de sa « pire
mission », celle en Grèce, sur l’Île de Lesbos, à l’accueil des
migrants. « Là-bas, j’ai vu des femmes qui prennent le risque d’emmener
leurs bébés sur la mer en ayant peur de mourir – d’ailleurs, beaucoup en
meurent. Et quand elles arrivent sur la côte, des passeurs sont là comme des
harpies et viennent récupérer les bateaux pour les revendre : ils sont
prêts à les écraser avec leur voiture. C’est atroce », a témoigné
François Bieber, ému. Les abris temporaires fournis par SOS Attitude permettent
alors aux femmes qui ont dû sauter dans la mer, car elles se faisaient lancer
par-dessus bord, d’avoir un endroit où se changer décemment, afin d’avoir
« juste un tout petit peu d’intimité », a-t-il appuyé.
De son côté, Charline Goutal-Redrado est revenue sur
l’engagement de Naïa auprès du dépistage du cancer du sein : une cause qui
lui est chère, a-t-elle évoqué, en écho à sa propre histoire. « J’ai
perdu ma grand-mère de cette maladie. Je l’ai vue évoluer dans cette maladie et
ne pas s’en sortir. C’est assez choquant pour une petite fille. »
Deuxième « coup de massue » : alors qu’elle est en école
de commerce, elle apprend que sa colocataire, âgée de 23 ans, est à son
tour touchée par ce cancer. « Lorsque j’ai monté Ma p’tite culotte peu
de temps après, communiquer autour du cancer du sein m’est apparu comme une
évidence. Notre cœur de cible, 25-40 ans, n’est pourtant généralement pas
celui auquel on s’adresse à ce titre. Pourtant, il représente 12 % des
cas, et le cancer du sein est l’un des cancers les plus répandus à l’heure
actuelle », a rappelé Charline Goutal-Redrado. « Pour moi,
c’était inconcevable d’entreprendre sans avoir un impact positif »,
a-t-elle ajouté. Une bonne façon de résumer l’esprit de cette table ronde.
Bérengère Margaritelli