JUSTICE

L'intelligence artificielle s'invite dans les procès

L'intelligence artificielle s'invite dans les procès
Avatar de Chris Pelkey (dr)
Publié le 24/05/2025 à 07:00
Aux États-Unis, c’est une première, un homme victime d’un accident de la route a pu témoigner au procès de son assassin. Sa famille l’a fait revivre grâce à une intelligence artificielle. Un témoignage surprenant, encore loin des coutumes légales en France.

« Bonjour, juste pour être clair auprès de tous ceux qui verront ceci, je suis une version de Chris Pelkey recréée par IA qui utilise ma photo et mon profil vocal. » C’est une vidéo hors du commun qui a chamboulé les médias américains et français, un homme victime d’une altercation mortelle est apparu à son procès grâce à… l’intelligence artificielle.

Il a 37 ans et a été tué par balle à un feu rouge en Arizona. Et c’est le premier mort qui s’exprime dans un procès. Dans la courte vidéo, il n’est pas vraiment là pour plaider, mais plus pour s’adresser à son meurtrier. « Il est regrettable que nous nous soyons rencontrés ce jour-là dans ces circonstances. Dans une autre vie nous aurions probablement pu être amis.» Cette initiative, formulée par sa sœur, est un peu étrange et difficile à concevoir au sein de la justice française.

« C’est clairement une dérive de l’intelligence artificielle » pour Didier Seban. L’avocat spécialisé en cold case n’approuve pas cette méthode « spectaculaire ». Sur CNN ou encore sur la BBC, les experts américains s’accordent pour dénoncer la pente glissante que leur justice est en train de prendre.

L’avocat du coupable du meurtre de Christophe Pelkey estime « que le juge a donné un certain poids à la vidéo et que c’est une question qui sera probablement poursuivie en appel. »

« C’est évidemment inenvisageable dans notre justice. En France, on ne peut pas juger les morts. », sous-entendu, on ne peut pas les faire parler non plus, avance l’avocat parisien. Si cette pratique pourrait soumettre des idées aux Américains, le cadre légal de notre législation n’en est pas encore là.

« C’est évidemment inenvisageable dans notre justice. En France, on ne peut pas juger les morts », sous-entendu, on ne peut pas les faire parler non plus grâce à l’IA, avance l’avocat parisien. Si cette méthode pionnière pourrait bien un jour s’appliquer dans l’hexagone comme aux États Unis, elle reste pour l’heure encore très loin de notre législation.

Au cours de la procédure judiciaire

« L’intelligence artificielle est quand même un outil extraordinaire surtout dans notre corps de métier », salue maître Seban. En effet, en dehors de la salle d’audience, cette technologie, bientôt omniprésente dans notre quotidien, a sa place et sert les enquêtes criminelles. « Notre logiciel, Spectra, est un outil de recherche plus rapide et qui nous permet de retrouver par exemple les similitudes entre différentes affaires. » Ce dernier permet de réduire de 60 % le temps d’investigation en évitant la saisie manuelle.

Le ministère de la Justice s’est penché sur cette nouvelle problématique en émettant les potentiels domaines où l’IA « pourrait apporter une réelle valeur ajoutée ». Il s’agirait de la retranscription d’entretiens automatisant la mise en texte, de l’aide à la recherche, comme avec Spectra, ou encore de traduire et de résumer des dossiers. Maitre Seban nuance : « Il faut continuer à faire des vérifications humaines, même si finalement l’IA se nourrit des données qu’on lui donne. »

Dans le déroulé d’une affaire de meurtre, il y a la question d’autopsie. Et là encore, la technologie pourrait être d’une grande aide. « On l’utilise déjà pour reconstituer les scènes criminelles, mais on pourrait reconstituer le corps par exemple. » Des prototypes d’autopsie virtuelle ont déjà été proposés. Le concept ? Remodeler le cadavre en entier pour éventuellement voir ce qui n’a pas été vu précédemment. Car après une autopsie classique, l’état du corps ne permet pas une deuxième expertise optimale.

Tessa Biscarrat

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