Dans un tweet publié ce 10
mai, le ministre de la Justice a annoncé la disparition de ce « grand
magistrat » à l’âge de 71 ans.
« Le juge Renaud Van
Ruymbeke nous a quittés. » C’est en ces termes solennels que le
ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, s’est exprimé sur Twitter ce 10 mai
pour annoncer le décès de l’ancien juge emblématique de la lutte contre la
corruption en France.
Cinq ans après avoir pris sa
retraite, le magistrat qui avait investi plusieurs affaires
politico-financières a tiré sa révérence à 71 ans. Une disparition dont les
détails n’ont pas encore été communiqués, mais qui n’a pas manqué de susciter
de vives émotions, notamment au sein de la profession.
Si le garde des Sceaux a
adressé ses condoléances à la famille et aux proches d’« un grand
magistrat » et un « immense serviteur » de la
Justice, le procureur général près la Cour de cassation, Rémy Heitz, a de son
côté déploré la perte « d’un juge d’instruction indépendant et
courageux, [qui] laissera une empreinte indélébile dans l’histoire judiciaire
de notre pays ».
Un magistrat « trop
indépendant »
Clearstream, Kerviel, Cahuzac,
Balkany ou encore la procès de la taxe carbone : en 40 ans de carrière,
celui qui a été nommé juge d’instruction en 1977, avant de devenir substitut du
procureur de la République à la section financière de Caen en 1983, puis d’être
nommé plus tard premier vice-président chargé de l’instruction du tribunal de
grande instance de Paris en 2013, a instruit de nombreuses affaires
retentissantes.
En 2021, Renaud Van Ruymbeke publiait
un livre autobiographique, Mémoires d’un juge trop indépendant, dans
lequel il revenait sur ces procès, expliquant comment il s’était « attaqué
aux sphères du pouvoir au financement illégal des partis politiques ».
« J’ai traversé la Ve République et traité de nombreuses affaires ayant
eu des incidences non seulement financières mais aussi politiques (…). Guidé
par une volonté d’indépendance, j’ai dû franchir des obstacles et subir des
blocagse (…). J’ai tenté de m’affranchir de ces entraves pour mettre au jour
une vérité dissimulée, occultée, censurée », y expliquait-il.
Il était aussi connu pour
être l’un des sept grands magistrats qui, en 1996, a lancé l’appel de
Genève contre la malversation financière et réclamé une harmonisation fiscale
et judiciaire européenne, avec la levée du secret bancaire. Une demande
entendue au niveau européen plus de 20 ans après, avec la mise en place de
l’échange automatique de données entre les Etats membres.
Si pour
l’heure, la date de funérailles n’a pas été communiquée, les hommages à ce magistrat
pugnace et intransigeant, sans doute l’un des plus connus en France, ne cessent
d’affluer.
Allison
Vaslin