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La CNCJ consacre une émission spéciale au harcèlement scolaire

La CNCJ consacre une émission spéciale au harcèlement scolaire
Publié le 08/11/2023 à 15:11

À l’occasion de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, la Chambre nationale des commissaires de justice a produit, sur sa web TV Code Justice, une émission destinée à partager des conseils juridiques ainsi que les bons réflexes à adopter face aux cas de harcèlement, que l'on soit victime, parent ou chef d'établissement.

Le 9 novembre marque la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Un événement d’autant plus important que plus d'un million d’enfants ont été victimes d’une telle situation au cours des trois dernières années et que deux élèves par classe en moyenne sont harcelés, comme l’a souligné Élisabeth Borne lors de la présentation du plan interministériel de lutte contre le harcèlement à l’école et le cyberharcèlement, le 27 septembre dernier.

Ces chiffres préoccupants ont également été rappelés lors de l’émission spéciale animée par la CNCJ sur sa web TV Code Justice, laquelle a convié autour de son plateau plusieurs spécialistes afin de partager des conseils juridiques ainsi que les bons réflexes à adopter face aux cas de harcèlement.

À cette occasion, la députée et membre de la Commission des affaires culturelles et de l'éducation Virginie Lanlo, après avoir témoigné de son expérience personnelle de harcèlement scolaire, a rappelé que la reconnaissance et la prise en charge des enfants harcelés étaient certes essentielles, mais qu’il fallait aussi s’attaquer au problème des enfants harceleurs. À ce titre, a-t-elle souligné, la sensibilisation et la prise en charge éducative font partie des combats dans le cadre de la lutte contre le harcèlement scolaire, d’autant que les enfants harceleurs peuvent être également victimes de souffrances ou d’un mal-être.

Consulter un avocat parmi les bons réflexes

Durant l'émission, l’avocate de la fondation pour l’Enfance Céline Astolfe a reconnu l’intérêt du volet justice du Plan Borne avec la mise en place de sanctions graduées, lesquelles vont de la confiscation du téléphone à 10 ans d'emprisonnement pour le harceleur en cas de suicide de l’enfant harcelé. Ce système offre également, selon elle, une meilleure protection pour les victimes avec la saisine directe du procureur de la République en cas de harcèlement.

L’avocate a également rappelé les bons réflexes juridiques à mettre en place par les victimes ou leurs parents : signaler les faits au personnel de l'établissement (ou, en cas d’absence de réaction, à l’inspection académique) ; consulter un avocat qui va accompagner la famille et mandater un commissaire de justice pour matérialiser la preuve matérielle du harcèlement, ce qui permettra ensuite à cet avocat de déposer plainte auprès du procureur de la République ; et enfin, se rapprocher d'associations et organismes contre le harcèlement scolaire afin que l’enfant soit accompagné et ne reste pas seul durant cette période.

Le PV de constat, preuve irréfutable du cyberharcèlement

En ce qui concerne la matérialisation de la preuve d’un cas de cyberharcèlement, la CNCJ explique dans un communiqué que le commissaire de justice dresse un procès-verbal de constat qui sera une preuve irréfutable devant un tribunal, la simple capture d'écran ou retranscription d'un message par la victime n’étant pas recevable puisqu’elle peut être falsifiée. À ce titre, le commissaire de justice respecte un protocole « très strict et précis » afin de récupérer la preuve : « vider le cache des cookies, désactiver le proxy, supprimer la géolocalisation, relever l'adresse IP, etc. afin d'obtenir une preuve solide et incontestable ».

Si ce constat peut donc être sollicité par l'avocat en charge de la victime, il peut également être réalisé à la demande de la victime elle-même ou de ses parents. Et « plus tôt la preuve sera récupérée, mieux ce sera », précise la Chambre. En effet, les réseaux sociaux sont volatils, rappelle-t-elle : une « story » sur Instagram disparaît par exemple au bout de 24h, si son auteur ne l’a pas supprimée avant, et une publication peut être modifiée ou elle aussi supprimée. Par ailleurs, « même si la victime ou ses parents n'en sont pas au stade de la plainte, le fait de récupérer cette preuve lorsqu'elle est encore présente leur permettra de constituer plus tard un dossier ou de la présenter en cas de litige », ajoute la CNCJ.

En outre, alors que « l'une des difficultés sur les réseaux sociaux est l'anonymat » et qu’il peut être difficile de retrouver le harceleur, de prouver qui se cache derrière un pseudonyme, comme l’a souligné la députée Virginie Lanlo lors de l’émission animée par la Chambre, dans la procédure de constat internet, les commissaires de justice s'intéressent à l'adresse IP à partir de laquelle le contenu a été publié et apportent ainsi la preuve de la personne titulaire de la ligne – faisant d’ailleurs gagner du temps aux enquêteurs en charge de la plainte.

« Publication constatée par commissaire de justice » : une mention dissuasive comme piste d’amélioration

La commissaire de justice Sandra Ethève, elle aussi présente sur le plateau de Code Justice, a quant à elle interpellé la députée des Hauts-de-Seine sur la possibilité d'aller plus loin dans l’accompagnement des victimes. Elle a notamment estimé que puisque la profession était habituée à traiter ces cas en urgence, elle pourrait agir dès le stade de l’ouverture du dossier pour protéger la victime et ne plus simplement constater les faits.

Toujours selon elle, permettre par exemple au commissaire de justice qui constate un cyberharcèlement d’obtenir le retrait provisoire du post en le signalant au réseau social en sa qualité d’officier public et ministériel le temps de l’instruction des faits délictueux ferait gagner du temps pour mettre plus rapidement fin au cyberharcèlement, a-t-elle affirmé. Sandra Ethève a également envisagé la mise en place d’une mention dissuasive sur les réseaux sociaux, qui indiquerait que telle ou telle publication a été constatée par commissaire de justice. Des pistes intéressantes qui pourraient bien trouver un écho auprès du législateur.


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