Les femmes sont désormais majoritaires chez les notaires, et le
mouvement se poursuit. À l’occasion de son premier anniversaire, l’association
Notaires au féminin a organisé le 9 mars une table ronde au Conseil
supérieur du notariat réunissant quatre femmes notaires qui ont donné leur
vision du métier, et leur avis sur l’évolution de la place des femmes dans la
profession.
C’est un fait : il y a de plus en plus de femmes notaires en
France. Au 31 décembre dernier, le notariat comptait 9 182 femmes
notaires, soit 55 % de la profession. En 2000, elles ne représentaient que
14,5 % du corps notarial. La part des femmes notaires titulaires ou
associées a atteint 45 % en fin d’année 2021. Elle progresse de façon
continue depuis 2000 avec une nette accélération depuis 2010 (25,9 % en
2010 et 14,5 % en 2002). Plus important encore, en 2020, 72 % de nouveaux
diplômés en notariat en 2020 étaient des femmes. Pour l’examen de contrôle des
connaissances techniques (ECCT), lors de la session 2021, 47 des 59 admis sont
des admises, ce qui représente 80 % du total. Par ricochet, la
féminisation du métier de notaire devrait donc se poursuivre dans les années à
venir. Le Conseil supérieur du notariat (CSN) voit également la proportion des
femmes dans son Bureau augmenter avec 69 déléguées de Cour en 2020, contre
44 précédemment, soit une « quasi-parité » d’après un communiqué de
presse du CSN.
« C’est une bonne nouvelle, dans le
sens où l’on souhaite une parité. L’idée n’est pas d’être majoritaire, mais de
retrouver chez les notaires l’équilibre homme-femme que l’on retrouve dans la
société, affirme Barbara
Thomas-David, présidente de Notaires au féminin. À l’image des autres
professions, on souhaitait avoir une association de femmes notaires comme il y
en a dans toutes les autres professions dans lesquelles les femmes sont
pourtant souvent minoritaires. » Parmi les valeurs de l’association :
la cohésion des notaires, la valorisation du métier auprès du grand public et
la facilitation de l’accès aux droits par le prisme des notaires. « Le
but est de véhiculer, par ce prisme féminin, une image plus jeune, plus
dynamique et plus sympathique. Les hommes le font aussi, mais par un prisme
différent, et il serait dommage de se priver d’une vision féminine. »
Durant sa première année d’existence, Notaires au féminin a organisé
plusieurs webinaires sur des sujets sociétaux et professionnels, comme le
leadership et le management au féminin.
« Je me sens notaire et pas
femme notaire »
Mais le métier de notaire
s’exerce-t-il différemment si on est un homme ou une femme ? « Je
ne suis pas dans la tête d’un homme, donc je ne sais pas ce qu’un homme
ressent », a affirmé Cécile Guidot, diplômée notaire et écrivaine, à
l’occasion d’une table ronde organisée par l’association. « Peut-être
qu’on est plus sensibles sur les questions de filiation. » « Je
ne pense pas que l’empathie ait un sexe, a rétorqué Nathalie
Couzigou-Suhas, notaire à Paris et chargée d’enseignement à l’université Paris
I – Panthéon-Sorbonne et à l’ENM. Il faut aussi garder une certaine distance
dans le métier, on est là pour aider les gens et les accompagner et pas pour
prendre parti. Je me sens vraiment notaire et pas femme notaire. Et aucun homme
ne m’a jamais accusée d’être partiale dans mon métier. » Pour
Marie-Florence Zampiero, notaire à Reims et présidente de l’association
Rencontres notariales culturelles, cette question de la différence de
traitement entre hommes et femmes est directement issue des images que l’on a
accolées aux deux genres dans les générations précédentes. « Dans
l’imaginaire, la femme est plus empathique, elle a une certaine rigueur, elle
est plutôt dans l’accompagnement et l’écoute. L’homme est plus rond et sait
aussi trancher, prendre des décisions. Dans le notariat, dans ma génération, on
avait jusqu’à présent cet équilibre des femmes qui préparaient le dossier et
partageaient leur ressenti avec leur patron homme. Aujourd’hui, il va falloir
changer. »
Alexis Duvauchelle