Apparus à la faveur de la
transformation des directions juridiques, ils sont désormais une alternative aux
débouchés plus classiques du droit. Mais si ces professionnels sont reconnus
comme des alliés de taille, le recrutement n’est pas encore massif.
Selon un rapport de Gartner, cabinet
de conseil et de recherche spécialisé dans les nouvelles technologies,
l'intelligence artificielle devrait créer aux alentours de 500 millions
d'emplois d'ici 2033, sans compter la proportion de nouveaux métiers qui
devraient émerger pour répondre à de nouveaux besoins. Une tendance qui devrait
affecter pratiquement tous les secteurs du milieu professionnel, y compris le
domaine juridique.Haut du formulaire
Au sein de ce dernier, le legal
operations officer, ou « legal ops » pour les intimes, chargé
d'optimiser l’organisation et les performances des directions juridiques pour permettre
aux juristes de se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée, est apparu
en France il y a quelques années et fait de plus en plus parler de lui. « Il
y a une volonté d’efficacité et de simplification », assurait ainsi Alexia
Delahousse, directrice juridique chez Qonto, startup spécialisée dans le
domaine des paiements, lors du Forum des carrières juridiques, le 28 mars
dernier, au Carrousel du Louvre.
Legal ops, un métier reconnu… mais pas si répandu
En effet, les directions
juridiques sont aujourd’hui en pleine transformation, notamment face au développement
des technologies juridiques et en raison de la quête de positionnement stratégique
par les entreprises. Chez Qonto, au sein de la direction juridique qui compte
une vingtaine de personnes, une legal ops a été recrutée pour être également
référente juridique sur les questions liées à l'intelligence artificielle, témoigne
Alexia Delahousse. « C’est intéressant de faire fusionner ces deux
expertises juridiques en matière d'intelligence artificielle, des synergies
évidentes pour les deux postes ». Haut
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Cependant, si 90 % des juristes d’entreprise
s’accordent sur l’efficacité de ce nouvel allié au rôle grandissant, selon une étude
Dilitrust menée avec l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE)
en juillet dernier, pour un tiers des répondants à l’enquête, cette fonction
existe déjà sous d’autres formes au sein de la direction juridique et seules 3,
6 % des entreprises projettent de recruter un Legal Ops.
Des statistiques confirmées par
Alexia Delahousse : « Le besoin d'avoir spécifiquement un legal
ops n'est pas encore très répandu. Une majorité d'entreprises recherchent
notamment des personnes polyvalentes qui peuvent s'occuper de plusieurs tâches »,
regrette-t-elle. Sur ce point, la France accuserait un certain retard, en
comparaison avec certains de ses voisins comme l'Angleterre, estime la
directrice juridique.
Le digital ethic officer, futur
DPO de l’IA
Parmi les professions émergentes
liées au juridique, le digital ethic officer intervient, comme son titre l’indique,
sur les « problématiques d'éthique digitale ». Ce métier, qui vise à «
mettre en place des normes au niveau de l’entreprise pour que l’usage que
l’entreprise fait de l’intelligence artificielle et, de manière générale, ses
outils, soient conforme à certaines pratiques d’éthique », explique Alexia
Delahousse, « n’existait pas il y a dix ans », et commence lui
aussi à se faire une place.
En raison des nombreuses
questions éthiques soulevées par l'IA, cette
fonction devrait, selon la directrice juridique, continuer à se développer dans
le futur, pour devenir « le DPO (délégué à la protection des données) de
l’intelligence artificielle et de la digitalisation ».
De quoi le qualifier, selon Big
média, de « prochain poste indispensable ». Dans un article d’août
2022, le média de Bpifrance évoque un rôle de « chef d’orchestre »,
puisque le digital ethic officer est chargé de diffuser une culture éthique au
sein de chaque service digitalisé – soit « dans presque tous les
départements ». « L’éthique du numérique, on commence à en parler quand
il est trop tard. Pourtant, cela représente un risque d’image très fort. Toute
entreprise devrait s’assurer que les valeurs qu’elle défend se retrouvent dans
ses pratiques digitales. » rapporte ainsi Candice Van Lancker, directrice
confiance et éthique du numérique au sein du groupe VYV.
Des passerelles entre les métiers
du droit
Pour Alexia Delahousse, le
domaine du droit offre donc une grande diversité de carrières. « On n'est
pas du tout enfermé dans un seul métier car les passerelles entre les métiers
du droit sont multiples », témoigne-t-elle.
Si la
directrice juridique a travaillé comme avocate dans des cabinets pendant une
dizaine d'années, elle n’a jamais caché son désir de diversification : « Je
n'avais pas envie de rester indéfiniment avocate, ce qui, quand on fait des
études de droit, est souvent le premier choix. Aujourd’hui, il y a de nombreux
métiers, très riches, intéressants, nouveaux et porteurs ».
Le domaine du droit est par
ailleurs « un terreau fertile pour l'innovation »,
estime-t-elle. Selon Alexia Delahousse, alors que l’IA est déjà moteur de
changement dans le monde juridique, il devrait continuer à bouleverser ce
secteur ces prochaines années, offrant de nouvelles opportunités
professionnelles.
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Romain Tardino