Une étude menée par
l'Observatoire consulaire des entreprises en difficulté de la CCI Paris
Ile-de-France révèle une augmentation continue des défaillances
d'entreprises. Malgré cette tendance préoccupante, la hausse des procédures
amiables se poursuit, en augmentation de 21 %, avec une progression
particulièrement marquée des conciliations.
Selon le dernier bulletin de
santé des entreprises en Île-de-France pour le premier trimestre 2024, publié
par l'Observatoire consulaire des entreprises en difficultés (OCED) de la CCI
Paris Île-de-France, le nombre de défaillances en Île-de-France au 1er avril
2024 « est désormais 30 % supérieur à celui de fin 2019 », soit 13 519
entreprises en difficulté.
Si la hausse se constate au
plan national (+ 29 % d’ouvertures de procédures en glissement annuel au 1er
avril 2024), la région est particulièrement affectée (+ 47 %).
Liquidations d’entreprises :
7 900 salariés ont perdu leur emploi
Concrètement, sur une période
de 12 mois, le 1er avril 2024 marque également une augmentation significative
des alertes des présidents des tribunaux de commerce, en augmentation de 8
%, soit plus de 5 028 alertes enregistrées. Les procédures de sauvegarde
ont quant à elles bondi de 62 %, avec un cumul sur 12 mois de 247 procédures,
tandis que les redressements judiciaires et les liquidations judiciaires ont
respectivement progressé de 18 % et 49 %.
Sur les douze derniers mois, plus
de 7 900 salariés ont ainsi perdu leur emploi en raison de la liquidation
judiciaire de leur entreprise, sur les ressorts des tribunaux de commerce de
Paris, Nanterre et Créteil. Ce chiffre, bien qu’en légère baisse depuis
décembre 2023, reste en hausse de 43 % au 1er avril 2024, et est 1,6 fois
supérieur au niveau de fin 2019 . Soulignons que les trois tribunaux
pré-cités « représentent à eux seuls près de 40 % des ouvertures de
procédures en Île-de-France » d’après l’OCED.
En parallèle, les effectifs
salariés concernés par les procédures de sauvegarde et de redressement
judiciaire ont augmenté de 70 % en glissement annuel au 1er avril 2024, « représentant
un peu plus de 45 300 salariés ». Une augmentation qui s'explique non
seulement par la hausse des procédures mais également par l'importance des
effectifs des entreprises concernées, 5,3 fois plus nombreux qu’à la fin de
2008.
810 conciliations en un an
A noter en revanche que les
procédures amiables, telles que le mandat ad hoc et la conciliation, ont le
vent en poupe, et « enregistrent une augmentation de 21 %, soit 1249
procédures ». En particulier, 810 conciliations ont pu avoir
lieu, en augmentation de 27 % par rapport à l’année dernière.
Pour les entreprises en
procédure amiable, « le nombre d'emplois concernés a également
progressé de 75 % en glissement annuel au 1er avril 2024, touchant environ 172
900 salariés dans les ressorts des tribunaux de commerce de Paris et Nanterre »
affirme l’Observatoire. Ce nombre, en lien avec la progression des ouvertures
de procédures, est 5,9 fois supérieur à celui de fin 2008. Bien que ce chiffre
soit élevé, il constitue surtout un signal positif, puisque les emplois ont
plus de chances d’être pérennisés dans le cadre de ces procédures.
Croissance modeste et
incertitude géopolitique
Ce rebond des procédures
amiables et judiciaires en Île-de-France peut s’expliquer par « l’existence
d’un contexte économique de croissance modeste et d'incertitude géopolitique »
dont plusieurs facteurs en ont été la cause : un déficit commercial encore
élevé, une inflation persistante, des conditions de crédit difficiles, et une
augmentation des demandes d’intervention de l’AGS (le Régime de Garantie des
Salaires).
Malgré des chiffres
préoccupants, l’OCED note quelques éléments « encourageants »,
notamment la croissance du PIB, la progression de la consommation des ménages,
l’augmentation de l’emploi salarié ou encore la hausse des créations
d’entreprise au premier trimestre 2024, note la CCI.
Romain
Tardino