JUSTICE

La cour d’appel d’Angers réautorise L214 à diffuser les images censurées d’un élevage du Maine-et-Loire

La cour d’appel d’Angers réautorise L214 à diffuser les images censurées d’un élevage du Maine-et-Loire
Publié le 14/05/2025 à 17:20

Par un arrêt rendu le 22 avril 2025, la juridiction a infirmé une décision de première instance qui imposait à l’association de supprimer une vidéo filmée dans un élevage de veaux du groupe agroalimentaire Denkavit, mettant en avant la liberté d’informer et l’intérêt général.

Elles sont difficiles à voir, mais les photos et les vidéos de l’élevage de veaux maltraités à Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) sont désormais de retour sur le site internet de l’association L214. Le 22 avril, la cour d’appel d’Angers a en effet estimé que « l’interdiction de [leur] diffusion portait atteinte à la liberté d’expression et au caractère d’intérêt général de l’information ».

Dans un communiqué publié le 13 mai, L214 salue la décision de la juridiction, qui « représente un signal fort » et « réaffirme le droit d’informer ». Le collectif « se réjouit de voir ainsi reconnue la légitimité de son travail d’enquête et d’alerte ». « Nous allons poursuivre notre mission d’information du public et de plaidoyer auprès des instances politiques et des entreprises, images à l’appui ! », complète Brigitte Gothière, cofondatrice de L214.

Prises clandestinement en avril 2022 dans un élevage du centre de recherche et d’innovation du groupe Denkavit, alors 2e producteur de veaux en France, les images en cause montraient des mauvais traitements – coups, insultes, enclos étroits sans paille au sol couvert d’excréments - commis sur des animaux d’élevage, dont des veaux destinés à l’abattoir.

Armée de cette « enquête accablante », l’association avait déposé une plainte auprès du procureur de la République contre Denkavit pour sévices graves et mauvais traitements – l’enquête est toujours en cours. Les images avaient par ailleurs déclenché une inspection des services vétérinaires, diligentée par le préfet du Maine-et-Loire.

Mais leur diffusion avait également entraîné une plainte de l’entreprise Denkavit, qui avait saisi le juge des référés pour obtenir l’arrêt de leur diffusion sur internet et sur les réseaux sociaux. Le tribunal judiciaire de Saumur avait, en août 2022, donné raison au plaignant, mettant en avant une infraction au droit à la propriété, et les images avait été retirées. L214 avait fait appel de cette décision.

La liberté d’informer prime aussi pour la Cour de cassation

Ce n’est pas la première fois qu’une décision de justice visant l’association est déboutée par une plus haute juridiction qui met en avant la liberté d’informer. En août 2020, L214 avait mis en ligne une vidéo sur les conditions de vie de lapins dans un élevage intensif de Bretagne. L’association s’était introduite dans les bâtiments sans autorisation de la société civile d’exploitation agricole (SCEA) REALAP, exploitante de l’élevage.

Cette dernière, invoquant dans sa plainte « une atteinte à son droit de propriété et à la réglementation sanitaire en matière d’élevage, une violation de domicile et un trouble manifestement illicite », avait également saisi la justice et obtenu gain de cause devant la cour d’appel de Rennes - après avoir été déboutée en première instance. L’association avait dû retirer les images et verser une amende de 5000 euros.

Mais, sur pourvoi de l’association, la Cour de cassation avait, en 2023, cassé partiellement l’arrêt déféré pour violation de la loi, en retenant notamment le droit européen, et la liberté d’expression de l’association et sa contribution « au débat sur l’intérêt général ». L’arrêt rappelait la jurisprudence européenne, redéfinissant l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme : « toute personne, y compris une association, a droit à la liberté d’expression, comprenant notamment la liberté de communiquer des informations ou des idées (…). »

Mylène Hassany

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Alou
- la semaine dernière
Ces éleveurs tortionnaires, au lieu de se faire les plus petits possibles quand leurs tortures sont mises au jour, osent encore monopoliser nos tribunaux en geignant contre une "violation de domicile".
C'est un peu comme si des violeurs se plaignaient qu'un témoin révèle les viols commis au sein de leur domicile.