Samedi 24 mai, le Conseil supérieur du
notariat a ouvert ses portes à une journée consacrée à « l’histoire de la
justice ». Au fil du programme : tables rondes, rencontres avec les auteurs, séances de dédicace… Point d’orgue de l’événement : la remise du prix
Malesherbes-Badinter.
Ce samedi matin de mai, c’est entre les murs
du Conseil supérieur du notariat (CSN), boulevard de la Tour-Maubourg, que se
tient la dixième édition du Salon du livre judiciaire, au cours de laquelle
plus d’une dizaine d’ouvrages doivent être présentés - et vendus - tout au long de la
journée.
« Le CSN est une institution publique, mais je pense, à raison, qu’elle cherche à s’ouvrir à la société civile, et en particulier aux historiens dont je fais modestement partie », souligne, en ouverture, Philippe Caillé, notaire honoraire et président de l’Institut international d’histoire du notariat (IIHN).
Se réjouissant également, au nom de Bertrand Savouré, président du CSN, du maintien du salon dans ces lieux, après un passage, un temps, à l’Hôtel de Bourvallais, place Vendôme.
Faire connaître l’histoire
de la justice
L’évènement à taille humaine, porté par
l’Association française pour l'histoire de la justice (AFHJ) (fraîchement rebaptisée
AFHJ – Robert Badinter, en hommage à celui disparu en 2024 et qui en fut le fondateur, le juin 1987), sous
le haut patronage du ministère de la Justice, réunit ce jour-là historiens,
juristes, passionnés et curieux venus dès 9h pour assister aux cinq tables
rondes programmées. Les visiteurs pourront aussi, s’ils le souhaitent, échanger avec les auteurs et intervenants présents, ou leur faire signer leurs ouvrages, avant ou après les présentations.
Parmi les personnalités présentes, le président de chambre
honoraire à la Cour de cassation Jean-Paul Jean, ou encore l’ancien
vice-bâtonnier de barreau de Paris Basile Ader.
Pour l’une des participantes, venue tout
spécialement de Strasbourg, il s’agit d’une rencontre à ne pas manquer,
assure-t-elle au JSS : « Le salon permet de faire connaître les
écrits des auteurs à ceux qui s’intéressent à l’histoire de la justice. » Une
vision que partage le magistrat Denis Salas, président de l’AFHJ et auteur du
livre Le déni du viol. Essai de justice narrative présenté ce
jour-là.

Une libraire était spécialement présente pour permettre aux visiteurs d’acquérir les livres des auteurs présentés pendant le salon @ JSS
« Nous avons conçu ce salon pour
mettre de la lumière sur les travaux des historiens de la justice et du droit,
mais aussi et surtout les travaux des professionnels de la justice. Notre association
à cette particularité d’allier à la fois le monde académique et celui du monde
professionnel. De nombreux travaux issus de ces deux mondes se croisent au sein
de notre bureau », souligne-t-il juste avant que les tables rondes ne
battent leur plein.
Un livre sur la médiation récompensé
Autre moment fort de cette journée : la remise du prix Malesherbes-Badinter,
doté de 1 500 euros, attribué à Anne Bonzon, historienne et
professeure à l’université Paris 8, pour La Paix au village. Clergé
paroissial et règlement des conflits dans la France d’Ancien Régime.
À partir d’archives multiples, l’autrice a retracé le rôle discret mais central des curés dans la résolution des conflits du quotidien. Médiation, arbitrage, conciliation : autant de pratiques qui se déployaient en marge de la justice institutionnelle. Son enquête explore ainsi une autre forme de justice, à
une époque marquée par les grandes réformes du droit et la lutte contre les
violences privées.
Lui aussi rebaptisé depuis la disparition de Robert Badinter, ce
prix biennal continue d’associer son nom à celui de Malesherbes, avocat de
Louis XVI et figure emblématique des Lumières – un choix assumé, « comme
l’avait souhaité Robert Badinter lui-même ».
Romain Tardino