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Féminisation des conseils d’administration et de direction dans les groupes du CAC 40 : état des lieux

Féminisation des conseils d’administration et de direction dans les groupes du CAC 40 : état des lieux
Publié le 11/07/2025 à 09:39

L’ŒIL DE L’EXPERT. Certaines femmes accèdent aux plus hauts niveaux du pouvoir exécutif et enrichissent la gouvernance d’entreprise de profils disposant d’une réelle expérience stratégique. Toutefois, elles restent l’exception, confirmant la nécessité d’élargir l’accès des femmes aux fonctions dirigeantes les plus exposées.

Publiée fin 2024,  une étude menée par [le cabinet de conseil en stratégie] Boston Consulting Group [et le collectif de femmes entrepreneures et investisseures SISTA] analyse la féminisation des comex (comités exécutifs) des entreprises du CAC 40 et du SBF 120, en lien avec les objectifs fixés par la loi Rixain qui vise à ce qu'au moins 30 % des membres des comex soient des femmes en 2026. En 2021, 28 % des entreprises du CAC 40 et 37 % des entreprises du SBF 120 respectaient cet objectif.

Cette proportion a augmenté progressivement, atteignant 50 % pour le CAC 40 et 47 % pour le SBF 120 en 2024. Ainsi en 2024, une entreprise sur deux du CAC 40 a déjà atteint l'objectif fixé pour 2026. Mais l'objectif Rixain de 40 % de 2029 semble plus difficile à atteindre et la progression plus lente.

Par ailleurs, il est à noter que l'augmentation de la taille des comex a contribué à cette féminisation. En effet, 50 % des entreprises du CAC 40 ont augmenté la taille de ce dernier depuis 2021, et 39 % pour celles du SBF 120. L'augmentation moyenne du nombre de membres au sein des comex est de +1,8 pour le CAC 40 et +2,7 pour le SBF 120. En 2024, la taille moyenne d’un comex est de 13 membres dans le CAC 40 et de 12 dans le SBF 120.

Ce phénomène est très largement dû à la difficulté de « congédier » des hommes membres du comité antérieurement mais la logique à ses limites : un codir (comité de direction) ou comex pléthorique ne fonctionne guère. Par essence, l’équipe est le groupe de cadres dirigeants occupant des postes stratégiques dans l’entreprise et a priori proche du dirigeant ou de la dirigeante. Un effet de compliance creuse peut être parfois soupçonné.

Actualisations tirées de l’Observatoire de la féminisation du CAC 40

[Quant au] rapport annuel de L'Observatoire Skema de la féminisation des entreprises réalisé par Michel Ferrary, dans son édition 2025 basée sur les données des rapports annuels de 2024 du CAC 40, il étude compare l'évolution de la place des femmes dans les instances dirigeantes, les comités exécutifs et le middle-management.

L’étude révèle que les femmes demeurent encore sous-représentées à la tête des grandes entreprises françaises. Au 1er janvier 2024, aucun poste de Président-Directeur Général (PDG) n’est occupé par une femme. Sur les 80 postes de Président et/ou Directeur Général, les femmes n’en occupent que 6,25 %. Il y a deux femmes présidentes de conseil d’administration (Angeles Garcia-Poveda, chez Legrand et Barbara Dalibard, chez Michelin) et quatre femmes directrices générales (Catherine McGregor chez Engie, Estelle Brachlianoff chez Véolia, Christel Heydemann chez Orange et depuis décembre 2024, Hinda Gharbi chez Bureau Veritas).

Toutefois, les premiers effets de la loi Rixain commencent à se faire sentir. En 2024, la proportion de femmes dans ces instances a atteint 27,98 %, contre 9,5 % en 2014. Certaines entreprises, comme Engie, Kering, Pernod Ricard, Schneider Electric et Société Générale, comptent déjà 40 % ou plus de femmes au sein de leur comité exécutif. Quatorze autres entreprises affichent des taux compris entre 30 et 40 %. Et une entreprise, EssilorLuxottica, dont le siège est ailleurs ne compte encore aucune femme dans sa plus haute instance de gouvernance.

De nouveau, comme l’étude BCG, l'étude souligne que, pour répondre aux exigences des quotas, certaines entreprises ont choisi d’augmenter le nombre de sièges dans leurs comités exécutifs. Entre 2023 et 2024, le nombre total de membres des comités exécutifs du CAC 40 a augmenté à quinze, (seize femmes et le départ d’un homme).

L’effet des filières d’éducation

L’influence des formations et parcours académiques est mise en avant : l’écart persistant entre la proportion de femmes diplômées dans certains secteurs et leur représentation dans les postes de direction souligne l’importance du rôle de l’orientation. Les différences sectorielles notables récurrentes sont observées dans la féminisation des instances dirigeantes en fonction des industries: le luxe versus l'industrie lourde et le numérique.

Un autre point mis en évidence est la réduction progressive du plafond de verre qui entrave l’accès des femmes aux comités exécutifs. Alors qu’en 2008, l’écart entre la proportion de femmes dans la population des cadres et celle dans les comités exécutifs était de 21,82 points de pourcentage, il est passé à 9,97 en 2024.

De manière intéressante, l'étude analyse également l’index d’inégalité entre la proportion de femmes dans les comités exécutifs et celle dans la population des ingénieurs et cadres. LVMH présente ainsi de manière contre intuitive étant donné le secteur de l'entreprise l’écart le plus important avec seulement 12,50 % de femmes dans son comité exécutif contre 65 % parmi les ingénieurs et cadres, illustrant un plafond de verre très marqué.

À l’inverse, Safran, dont on pourrait croire, étant donné le secteur, qu’elle aurait du mal à féminiser son recrutement, se distingue par un équilibre quasi parfait entre ces deux niveaux hiérarchiques. Cet aspect spécifique laisse entendre que la détermination de la direction et une politique constante et engagée des ressources humaines pour attirer et retenir des talents féminins peut fonctionner.

L’Observatoire a enfin établi, depuis le début des études, une polarisation accrue des entreprises en fonction du genre. Certaines entreprises se féminisent davantage, créant des environnements que l’auteur Michel Ferrary qualifie de « pink ghettos », tandis que d’autres conservent une majorité masculine, constituant des « blue ghettos ». Ce phénomène de ségrégation horizontale tend à renforcer des stéréotypes et à limiter les opportunités de progression transversale pour les femmes et les hommes.

L’étude insiste aussi également sur l'effet réputationnel : l’impact des politiques de diversité sur l’image de marque des entreprises est réel: Les entreprises ayant une gouvernance plus féminisée bénéficient d’une meilleure perception auprès des parties prenantes (clients, investisseurs, talents en recherche d’emploi), ce qui peut influencer leur attractivité et leur compétitivité sur le marché.

Alors que nombre d'études portant plus largement sur les stéréotypes de genre démontrent qu’ils persistent et influencent les décisions de recrutement et de promotion, le dernier rapport de l’observatoire Skema projette des perspectives d’évolution post-2025, liées à l’échéance du quota de 40 % de la loi Rixain en 2029.

Ainsi, certains constats malgré des résultats statistiques plutôt de bonne facture attirent l’attention sur un phénomène de non remplacement des hommes à certains postes car les femmes recrutées ou promues occupent des fonctions support jusqu’ici situées en n-1 du codir , le potentiel essoufflement de la dynamique de féminisation après le seuil de 30 % et selon certains secteurs un vivier trop tenu.

Une étude qualitative pour mieux cerner les limites

Pour mieux comprendre les limites de l’effet de la loi Rixain confrontées à la réalité des filières, carrières, secteurs, etc., il a donc paru intéressant de tenter en mode pilote une étude qualitative sur les femmes occupant en 2023 et 2024 les postes aux codir.

L’étude statistique sur la féminisation des boards des entreprises du CAC 40, menée par le CEDE Essec sous la direction de Viviane de Beaufort (…), analyse la présence des femmes dans les conseils d’administration et les comités de direction pour les années 2023 et 2024[1].

La part de femmes membres d’un conseil d’administration d’un groupe du CAC 40 correspond à la proportion moyenne de femmes sur l’ensemble des 40 sociétés composant l’indice. Cette proportion moyenne est passée de 45,38 % en 2023 à 45,68 % en 2024, représentant un accroissement annuel de 0,68 %. Si les exigences de représentation féminine minimale sont remplies, les femmes demeurent moins représentées que les hommes, de 4,32 points.

La part d’administratrices qualifiées ESG correspond aux administratrices membres de comités dont les thématiques portent sur les sujets ESG. En diminuant de 41,15 % en 2023 à 39,85 % en 2024, les missions dédiées des administratrices semblent par conséquent davantage dévolues aux sujets autres qu’extra-financiers, à l’instar des finances, de la stratégie, etc.

Les femmes restent encore minoritaires à la présidence des comités du CAC 40, avec seulement 39,47 % des comités dirigés par des femmes en 2024. Parmi ces comités, ceux dédiés aux rémunérations, nominations et gouvernance sont les plus féminisés avec 21 présidences féminines (Airbus, Bouygues, Crédit Agricole, Danone, Dassault System, Engie, Hermès, Kering, Legrand, LVMH, Orange, Pernod Ricard, Publicis, Safran, Teleperformance, Veolia, Vinci, Worldline), suivis, souvent par les mêmes entreprises, des comités d’audit, risques et comptes (18) et des comités liés à l’ESG et au développement durable (16). 

En revanche, les femmes sont encore largement sous-représentées à la tête des comités stratégiques, avec seulement deux présidences (Renault, Veolia).

Dans les comités exécutifs, la part des femmes a connu une légère hausse, passant de 27,75 % en 2023 à 27,97 % en 2024, soit une augmentation de 0,8 %. Toutefois, leur accès aux postes de direction clés reste limité, avec seulement 24 femmes occupant des fonctions de CEO, CFO ou CSO sur 120 postes possibles (Axa, Capgemini, Carrefour, Dassault System, Edenred, Engie, Kering, LVMH, Orange, Pernod Ricard, Publicis, Saint-Gobain, Sanofi, Schneider Electric, Société Générale, Thalès, Total Energies, Unibail Rodamco Westfield, Veolia, Vivendi).

L’étude des profils des administratrices siégeant dans les conseils d’administration du CAC 40 permet de dégager des tendances claires quant à leur recrutement, leurs parcours professionnels et leurs mandats.  Si la féminisation des boards est en progression, elle suit des schémas précis qui montrent une relative homogénéité des profils, avec quelques exceptions notables.

Majoritairement diplômées des grandes écoles

Les administratrices des grandes entreprises du CAC 40 sont majoritairement diplômées des grandes écoles françaises et internationales. On observe une forte concentration de profils issus de HEC, Sciences Po, Polytechnique, l’ESSEC ou encore l’INSEAD. Sur les 250 administratrices analysées, 135, soit 54 %, sont diplômées de ces institutions.

Par ailleurs, 71 administratrices, soit 28,4 %, détiennent un MBA international, obtenu dans des établissements prestigieux tels que Harvard, Wharton ou la London Business School. Ces chiffres confirment le caractère très élitiste et sélectif du recrutement, où la formation académique de haut niveau reste un facteur décisif d’accès aux instances de gouvernance.

Sur le plan professionnel, les trajectoires les plus fréquentes avant l’entrée dans un conseil d’administration sont marquées par des fonctions de direction financière, de direction générale ou de conseil stratégique. Parmi les administratrices, 16 ont exercé en tant que CEO ou directrice générale, 4 ont occupé des fonctions de CFO, et 2 ont été DRH. Seule 1 administratrice a été issue de la fonction juridique, 1 autre du secteur commercial, et une seule encore d’un poste en production ou opérations. 

On note aussi la présence de plusieurs profils ayant travaillé dans des cabinets de conseil en stratégie comme McKinsey, BCG ou Roland Berger. C’est notamment le cas de Flavia Buarqué de Almeida ou Margot Bard, qui illustrent ce passage fréquent du conseil stratégique aux instances dirigeantes. En tout, au moins 4 administratrices identifiées sont issues de ce secteur.

Quelques profils atypiques

Quelques parcours atypiques permettent néanmoins de rompre avec cette homogénéité. Béatrice Besombes a accédé à ces fonctions avec un simple DUT en gestion des entreprises et administrations (option finance-comptabilité), un cas exceptionnel dans un univers dominé par les Bac+5 et les parcours d’excellence. Elle occupe aujourd'hui un poste de direction financière.

Certaines administratrices ont commencé leur carrière dans la fonction publique. Par exemple, Susan Roberts, titulaire d’un PhD en nutrition de l’Université de Cambridge, a été doyenne associée pour la recherche fondamentale à Tufts University, avant d’intégrer des fonctions de gouvernance dans des entreprises du secteur alimentaire et de la santé.

Une autre administratrice, Marion Guillou, ingénieure de l’École Polytechnique et ancienne présidente de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique), est également représentative de ce pont entre haute fonction publique et gouvernance privée. Elle siège dans plusieurs conseils, notamment dans le secteur agroalimentaire.

Pas de spécialisation en IA ou data science

Parmi les profils recrutés pour leur expertise technique, aucune administratrice ne se distingue par une formation ou une spécialisation directe en intelligence artificielle ou en data science, ce qui souligne les limites actuelles de la diversité technique au sein des conseils. En revanche, des compétences scientifiques pointues sont bien représentées dans d’autres domaines : par exemple, Susan Roberts, déjà citée, apporte une expertise reconnue en épidémiologie et nutrition, qui justifie sa place dans les conseils d’entreprises du secteur de la santé.

Cette diversité limitée mais montre que si les conseils restent encore largement dominés par des parcours élitistes et prévisibles, certaines entreprises commencent à faire le choix d’intégrer des profils plus variés, notamment pour répondre à leurs besoins.

L’analyse des postes exécutifs occupés par les administratrices avant leur nomination montre également une nette prédominance des fonctions support, telles que la finance, les ressources humaines et le juridique. Pas moins de 45 administratrices siégeant dans les conseils d’administration du CAC 40 ont exercé des fonctions de Chief Financial Officer (CFO) ou équivalentes, ce qui témoigne de l’importance accordée à l’expertise financière dans la composition des conseils.

À l’inverse, les profils issus des fonctions commerciales, industrielles ou opérationnelles restent très minoritaires : seulement 107 administratrices sur les 336 analysées mentionnent une expérience dans des rôles tels que directrice de zone géographique, responsable de business unit, ou vice-présidente des opérations. Ce déséquilibre soulève des questions sur la diversité des compétences représentées. La maîtrise des chiffres, du droit et des enjeux RH semble encore primer sur l’expérience du terrain ou du développement commercial.

Les profils ayant occupé des fonctions business stratégiques, telles que le développement commercial ou la gestion de filiales régionales, sont rares, et ce déséquilibre interroge sur la diversité des compétences représentées dans les conseils d’administration, où la maîtrise des chiffres, du droit et des ressources humaines semble davantage valorisée que l’expérience du terrain et du développement commercial.

Quelques rares parcours mixtes méritent toutefois d’être signalés. Une administratrice a commencé sa carrière dans une fonction support, avant d’évoluer vers un poste opérationnel. Ces trajectoires demeurent l’exception : seules 48 administratrices sur les 336 étudiées présentent un parcours mêlant à la fois fonctions support et fonctions business. Ce chiffre renforce l’idée que l’accès aux conseils pour les femmes continue de passer majoritairement par des fonctions de support, et non par des fonctions stratégiques liées au coeur de l’activité des entreprises.

Phénomène de cumul des mandats

Un autre phénomène marquant est celui du cumul des mandats. Certaines administratrices siègent dans plusieurs conseils d’administration à la fois, ce qui leur confère une influence importante sur la gouvernance des grandes entreprises. Si le fichier analysé ne permet pas d’identifier de façon exhaustive toutes les « cumulardes », il ressort que 26 femmes détiennent actuellement trois mandats ou plus au sein du CAC 40. Ces situations interrogent sur leur capacité à se consacrer pleinement à chacun de leurs rôles, ainsi que sur la dynamique de renouvellement et de diversification des conseils. Ce sujet fait d’ailleurs l’objet de recommandations récurrentes dans les codes de gouvernance et les politiques de vote des investisseurs institutionnels.

Certaines siègent simultanément dans plusieurs conseils d’administration, exerçant ainsi une influence considérable dans la gouvernance des grandes entreprises. Ce phénomène de cumul, bien que courant dans la gouvernance des grandes entreprises et problématique aux regards des exigences du Code Afep-Medef et des recommandations des proxies (Caisse de Dépôts et Consignations, ISS, Proxinvest, etc.), est prégnant pour les femmes et soulève des interrogations sur leur capacité à se consacrer pleinement à chaque mandat et sur le renouvellement effectif.

Au sein des conseils d’administration, les femmes sont particulièrement présentes dans les comités d’audit et de rémunération, deux instances stratégiques de supervision. En revanche, la présidence des comités reste encore largement masculine. Cela montre que, malgré une progression en nombre, les femmes peinent encore à accéder aux rôles les plus visibles et stratégiques de la gouvernance.

Enfin, une autre tendance notable concerne les administratrices qui cumulent leur mandat avec une fonction exécutive. Certaines d’entre elles occupent toujours un poste de direction, notamment dans des entreprises ou des fonds d’investissement. Ce double positionnement — à la fois opérationnel et stratégique — est particulièrement répandu parmi les profils issus de la finance ou du private equity. Le fichier recense 19 administratrices actuellement en poste dans des fonctions exécutives tout en siégeant dans un conseil du CAC 40. Ces femmes, actives dans la stratégie des entreprises tout en siégeant dans plusieurs conseils, incarnent un nouveau modèle d’influence féminine au sein des instances de pouvoir économique.

Pour les femmes membres de comité de direction, l’analyse est quelque peu différente. En effet, l’importance attribuée aux compétences est davantage prononcée pour des fonctions exécutives, par nature opérationnelles et disposant uniquement de la performance de l’entreprise pour qualifier ou non une personne au poste qu’elle occupe. Au contraire des positions administratives, dont la qualité de la contribution n’est pas toujours mesurable.

La part des femmes membres de comité exécutif se comprend comme la proportion moyenne de femmes occupant un poste de direction exécutive et fonctionnelle (Général, Finances, Stratégie, Achats, Marketing, etc.) et s’est légèrement accru entre 2023 et 2024. Cependant, le nombre de directrices générales, finances et stratégie demeure faible (24 sur 120 postes possible).

Fonctions exécutives de très haut niveau : une minorité d’administratrices

Au sein des femmes siégeant dans les conseils d’administration du CAC 40, une minorité se distingue par une expérience significative dans des fonctions exécutives de très haut niveau.

Selon les données analysées, 10 administratrices ont été ou sont actuellement membres d’un comité exécutif ou de direction dans des entreprises de premier plan, souvent à l’international. Ce chiffre reste modeste au regard du nombre total d’administratrices, mais il témoigne de trajectoires de pouvoir pleinement assumées par certaines femmes dans la sphère économique.

Parmi elles, Maria Moraeus Hanssen illustre un parcours emblématique. Ancienne vice-présidente exécutive marketing et membre du comex d’Equinor ASA (Norvège), elle siège aujourd’hui aux conseils d’administration de Wintershall Dea et Schlumberger. Son profil combine expertise stratégique dans le secteur de l’énergie et gouvernance internationale.

Autre figure de proue, Ilham Kadri a exercé les plus hautes responsabilités en tant que présidente du comité exécutif et CEO du groupe Solvay. Elle incarne une gouvernance au féminin pleinement intégrée, conjuguant leadership opérationnel et stratégie de transformation.

Catherine MacGregor, aujourd’hui directrice générale d’Engie, a également siégé au comité exécutif de TechnipFMC, ce qui lui confère une solide légitimité dans les secteurs industriels et de l’énergie. Dans un tout autre registre, Elisabeth Tchoungui, ancienne journaliste, est aujourd’hui directrice exécutive RSE, Diversité et Solidarité chez Orange, et membre du comex. Elle apporte une vision innovante et transversale des enjeux sociétaux dans la gouvernance d’entreprise.

Parmi les autres administratrices à noter, Maria Teresa Sanz a été membre du comité de direction de GéoMaritime, Sophie Bellon, aujourd’hui présidente du conseil de Sodexo, a également occupé des fonctions exécutives en interne, tandis que Silvia Candiani, administratrice chez Campari et Stellantis, a été directrice marketing omnicanal et membre du comité exécutif chez Microsoft Italie.

Ces trajectoires, bien que minoritaires, démontrent que certaines femmes accèdent aux plus hauts niveaux du pouvoir exécutif, enrichissant la gouvernance d’entreprise de profils disposant d’une réelle expérience stratégique. Toutefois, elles restent l’exception, confirmant la nécessité d’élargir l’accès des femmes aux fonctions dirigeantes les plus exposées.

Viviane de Beaufort*,

Professeure à l’Essec Business School, référente égalité femmes/hommes et directrice du projet Women Empowerment,

Docteure en droit

-> Lien vers l’étude complète <-

*avec l’aide de Leah Bessis, étudiante ESSEC BS et monitrice au CEDE, et Hichâm Ben Chaïb, alumnus ESSEC BS, expert en gouvernance

 



[1] Les critères de gouvernance analysés sont issus des données publiées sur les sites des entreprises cotées, conformément aux réglementations en vigueur (…). Ces données garantissent une certaine fiabilité, mais introduisent également un possible biais de sélection si certaines entreprises communiquent plus que d’autres sur ces sujets. C’est la raison pour laquelle, au-delà des informations disponibles telles que les CV succincts et les postes ou mandats occupés, il a été nécessaire de mener une recherche approfondie pour chaque individu, à l’aide d’outils comme le réseau social LinkedIn et divers moteurs de recherche. (…)

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