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« Il m’a paru indispensable que les femmes notaires puissent échanger au sein d’une structure dédiée » - Entretien avec Barbara Thomas-David, présidente de Notaires au féminin.com

« Il m’a paru indispensable que les femmes notaires puissent échanger au sein d’une structure dédiée » - Entretien avec Barbara Thomas-David, présidente de Notaires au féminin.com
Publié le 29/03/2021 à 09:30

Le réseau Notaires au féminin.com a été lancé le 9 mars dernier, au lendemain de la Journée internationale des droits des femmes. Sa présidente, Barbara Thomas-David, est notaire associée depuis 21 ans à Paris, spécialisée en droit privé, gestion de patrimoine et immobilier/construction. Elle nous présente l’association et revient plus largement sur la place des femmes dans le notariat. Entretien.

 

Pouvez-vous vous présenter ?

J’ai prêté serment en qualité de notaire associée en l’an 2000, époque où nous étions 14 % de femmes. J’occupe également, depuis 2018, la présidence de la commission Communication de la chambre interdépartementale de Paris.

Parallèlement, en tant que membre de longue date du club « Génération femmes d’influence » et co-organisatrice du Prix de la femme d’influence depuis 2014, il m’a paru indispensable que les femmes notaires, à l’image des autres professions, puissent échanger au sein d’une structure dédiée. C’est pourquoi nous avons créé Notaires au feminin.com.

 

Comment est née cette association ? Pouvez-vous nous la présenter ?

Aujourd’hui, en 20 ans, en une génération, nous sommes passées de 14 % à 53 % des effectifs. Nous avons donc voulu créer la première association nationale de femmes notaires.

L’idée est de réunir toutes les femmes qui veulent développer et promouvoir la profession de notaire. Toutes partagent le goût de l’action et cette envie de s’épanouir professionnellement. Notre club se veut un véritable laboratoire d’idées et de solutions pratiques pour chacune de ses membres.

Notre ambition est double : le partage et la cohésion entre notaires, mais également la promotion de la profession.

Une volonté de partage : l’idée est de réunir des femmes notaires exerçant dans de petites structures récemment créées comme dans des structures plus importantes, travaillant en milieu rural comme dans des métropoles, afin de partager sur des thématiques liées à l’exercice de notre profession. Échanger entre consœurs de manière confraternelle sur des sujets juridiques comme sur des problématiques de management ou encore de gouvernance, permettra de créer une cohésion nouvelle, de développer de nouveaux points de vue et de renforcer ainsi le sentiment d’appartenance à notre profession.

L’idée est également de ne pas en faire un club fermé, mais une association ouverte à tous, car c’est ensemble, avec les hommes, que nous pourrons avancer. C’est dans ce contexte que le président du CSN, David Ambrosiano, nous a fait l’honneur d’accepter d’être notre parrain.

Une volonté de promotion de la profession : aujourd’hui, plus de 50 % des notaires en exercice sont des femmes. Dans ce monde en évolution permanente, avec de nouveaux codes, comment se priver de la créativité, des valeurs modernes, durables et novatrices qu’incarnent les femmes aujourd’hui ?

 

 

 

« En une génération, la féminisation de la profession a été exceptionnelle.  Cela fait du notariat
la profession la plus féminisée du monde de la justice. » 

 

 

 

 

Quelles actions souhaiteriez-vous concrètement mettre en place ?

Pour répondre aux envies, aux attentes et aux disponibilités de chacune, notre programme est organisé autour de trois types de manifestations.

Des journées thématiques autour d’une idée : elles sont l’occasion de partager et d’échanger de manière directe et concrète ou avec l’aide d’un intervenant sur des sujets variés qui touchent le quotidien des notaires (actualité juridique, management, accompagnement du changement, gouvernance…).

Des demi-journées autour d’une personnalité : le club reçoit un invité de la sphère juridique, économique, politique ou culturelle qui partage son parcours et son expérience. Compte tenu de la situation actuelle, il est prévu d’organiser certaines de ces manifestations en digital ou phygital.

Des déjeuners de networking : ils permettent de créer des liens, d’instaurer des relations privilégiées entre les membres du club dans une ambiance plus détendue.

Nous avons organisé, le 9 mars dernier, notre évènement de lancement au Conseil Supérieur du Notariat sur le thème « Parcours de femmes – vision d’avenir ». Lidée a été de réunir des femmes ayant un parcours exceptionnel afin qu’elles nous fassent part de leur retour d’expérience et de leur vision d’avenir pour un monde meilleur pour toutes et tous.

L’initiative a été marquée par l’intervention d’Élisabeth Moreno, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, et d’Emmanuelle Wargon, ministre en charge du Logement. Trois tables rondes ont été organisées afin d’échanger sur des sujets d’actualité.

Une première table ronde, « Le leadership au féminin », s’est réunie autour d’Agnès Bricard, commissaire aux comptes, présidente d’honneur du Conseil Supérieur des Experts-Comptables, Alexandra Francois-Cuxac, présidente de la Fédération des promoteurs immobiliers, Ghislaine Kapandji, présidente honoraire des commissaires-priseurs de France, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

Une deuxième table ronde sur le thème « Cheffes d’entreprise et enjeux sociétaux – le management au féminin » a mis en avant Sophie Boissard, présidente de Korian, et Catherine Guillouard, présidente de la RATP.

Enfin, une troisième table ronde a conclu nos travaux par l’intervention de trois juristes, Gwenola Joly-Coz, fondatrice de Femmes de Justice, Première présidente de la cour d’appel de Poitiers, Marie-Pierre Péré, notaire, membre honoraire du bureau du CSN, et Isabelle Rome, haute fonctionnaire à l’Égalité. Celles-ci se sont penchées sur la problématique suivante : « Comment les femmes de droit peuvent-elles faire avancer la cause des femmes ? »

 

 

Que signifie être une femme notaire, aujourd’hui, dans une profession traditionnellement masculine ?

J’ai eu la chance, dans ma vie professionnelle, d’être entourée de femmes et d’hommes bienveillants, qui m’ont donné le goût de ma profession et la volonté d’avancer. Pourtant, force est de constater que cela n’est pas toujours le cas. C’est pourquoi les ambitions de notre association sont de susciter des vocations, d’être inspirantes pour celles qui doutent, et de promouvoir des parcours professionnels.

 

 

Il y a 20 ans, on comptait 15 % de femmes chez les notaires. Aujourd’hui, la profession en totalise 53 % (8 455 femmes et 7 445 hommes). Quel regard portez-vous sur ces chiffres ?

En une génération, la féminisation de la profession a été exceptionnelle.

Cela fait du notariat la profession la plus féminisée du monde de la justice.

Ayant vécu cette féminisation, je dirais qu’elle s’est faite naturellement, comme une évidence. C’est pour cette raison, je pense, qu’il n’y a pas eu de clivages entre femmes et hommes.

 

 

Quelles actions la profession met-elle en place en faveur de la parité et de l’égalité ?

La profession a adopté en avril 2017 un plan managérial fixant comme objectif de promouvoir l’égalité H/F et une juste représentation dans les instances. Parallèlement elle a soutenu, en 2017 et 2018, les campagnes du secrétariat d’État en charge de l’Égalité, dans le cadre de la Journée internationale pour élimination des violences faites aux femmes.

À l’initiative de Maître Marie-Pierre Péré, vice-présidente de l’association, ont notamment été adoptées, en assemblée générale, des résolutions  modifiant les règles de représentation dans les élections professionnelles pour l’égal accès aux postes de responsabilité, préconisant une proportion H/F de 40/60 % lors des candidatures au sein de tout organe de direction des instances et des organisations du notariat et proposant un accompagnement des femmes et des hommes pour mieux concilier vie privée et vie professionnelle.

Il s’agit selon nous d’avancées très importantes qui constituent un cercle vertueux.

 

 

Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui se préparent à devenir notaires, ou souhaiteraient se lancer dans la profession ?

Tout d’abord, avoir le goût pour le droit et les relations humaines, mais également avoir un esprit entrepreneurial, car un notaire est aussi un chef d’entreprise.

Ne pas hésiter à avoir plusieurs expériences, car l’une des particularités du notariat, qui en fait sa richesse, est sa diversité. Diversité en termes de territoire, de structure d’exercice et domaines d’activité.

Enfin, prendre attache avec une association, telle la nôtre, qui a pour vocation de promouvoir les jeunes diplômées.

 

 

Enfin, de façon générale, quel regard portez-vous sur l’égalité entre les hommes et les femmes en France ?

Même s’il reste encore beaucoup de domaines où de réels progrès sont nécessaires, je pense que les Français, et notamment les jeunes générations, ont intégré cela comme une évidence, un enjeu de société qui nous oblige tous. La parité est un atout compétitif, nous y serons tous gagnants à la fin.

 

Propos recueillis par Constance Périn

 

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