Mardi 9 septembre, Franck
Marlin, maire d'Étampes, et son adjoint à l’urbanisme Gérard Hébert, ont été
jugés par le tribunal correctionnel d'Évry pour détournement et recel de fonds
publics. Les faits sont survenus entre mai et août 2017.
Le parquet d’Evry a requis,
mardi 9 septembre, une peine de 12 mois de prison avec sursis, 5 000 euros
d’amende et une peine d’inéligibilité de 5 ans à l’encontre de Franck Marlin,
maire (Les Républicains) d’Etampes, et 10 mois de sursis, 3 000 euros d’amende
et la confiscation des 27 649 euros contre Gérard Hébert, son adjoint délégué à
l’urbanisme.
Le tribunal reproche aux deux
élus les faits suivants, qui remontent à 2017 : le versement d’une indemnité de
départ, au titre d’une procédure de licenciement pour « perte de
confiance », de plus de 27 000 euros à Gérard Hébert, alors qu’il était à
l’époque collaborateur de cabinet non élu. La justice a estimé que cette
transaction violait les règles en vigueur pour ce type de statut : le
motif de licenciement, selon la Chambre régionale des comptes qui s’est intéressée
aux finances de la ville en 2023, ne doit pas donner lieu à des indemnités.
L’enquête ouverte par la
suite a relevé plusieurs irrégularités. D’après Le Parisien, les pièces
concernant le licenciement de Gérard Hébert auraient disparu de son dossier
personnel à la mairie, et le bureau du contrôle de légalité de la préfecture
n’aurait pas reçu la procédure comme il aurait dû.
Le parquet a ainsi estimé que le prétexte de
« perte de confiance » était « factice », et qu’il
avait été utilisé pour « accéder à la possibilité de verser ces 27 000 euros ».
Pendant le procès, suivi par Le Parisien, le substitut du procureur a lancé :
« Ce motif a été choisi de manière opportuniste. S’il avait attendu le
20 août, son départ coûtait 0 euro. Ce motif est bidon. »
Le timing peut en effet
susciter des interrogations. Lors des élections municipales de 2020, Gérard
Hébert a été élu sur la liste du prévenu, puis a été choisi comme président de
l’île de loisirs d’Étampes, vice-présidée par Franck Marlin. Rémi-Pierre Drai,
avocat de ce dernier, a expliqué que « la perte de confiance ne veut pas
dire que l’on ne supporte plus l’autre », arguant que « confiance
professionnelle et personnelle, ça n’est pas la même chose. »
Des « moments de
tensions » en cause
Franck Marlin, quant à lui,
continue de clamer son innocence et fait valoir un « contrat mal
rédigé », une erreur qu’il attribue aux agents de la commune. La perte
de confiance ? Elle est survenue à la suite de l’élection de Gérard Hébert
comme conseiller régional, dans l’équipe de Valérie Pécresse. Un mandat qui
aurait provoqué un éloignement de fait, avec une présence moins importante à
Etampes. « On est arrivé à des moments de tension. On s’est déchiré,
mais nous avons une franche amitié et oui c’est désormais mon adjoint et il a
toute ma confiance (...) », s’est-il défendu lors de l’audience. Il
reproche aussi à son successeur à la mairie, Bernard Laplace (maire SE de 2018
à 2020), la disparition des documents incriminants. Le délibéré est prévu pour
le 14 octobre prochain.
Mardi 9 septembre au soir,
l’opposition municipale étampoise Etampes en commun a réagi à ces réquisitions
dans un communiqué : «?Nous appréhendons ce feuilleton judiciaire sans joie
mal placée, et avec toute la gravité qui s’impose?: l’image de la ville est
écornée par cette succession d’affaires et de présomptions d’atteintes à la
probité. Il est grand temps, pour Étampes, de retrouver des élus intègres et
une gestion saine de nos deniers publics?». Condamné en 1997 dans l’affaire
des emplois fictifs au conseil général de l’Essonne, Franck Marlin fait
également l’objet d’une enquête pour favoritisme depuis 2024, dans une affaire
d’attribution de marchés publics pour les fêtes de la ville.
Mylène
Hassany