La semaine dernière, quelques jours
après la rentrée scolaire, un adolescent de Poissy (Yvelines), victime de
harcèlement scolaire, s’est ôté la vie dans sa chambre. En Île-de-France, et
notamment dans le 95, des dispositifs déjà en place sont reconduits cette année
pour contribuer à lutter contre ce fléau.
Alors que le fléau du
harcèlement scolaire a fait une nouvelle victime, le 5 septembre dernier, le
gouvernement, par la voix de son nouveau ministre de l'Éducation nationale
Gabriel Attal, a indiqué qu’il faisait de la lutte contre le harcèlement la
grande cause nationale de cette rentrée 2023. En Île-de-France, les initiatives n’ont toutefois pas attendu cette
déclaration.
Ainsi, dans le Val-d'Oise, le
Département propose depuis plusieurs années diverses représentations de théâtre
interactif afin « d’accompagner la mise en œuvre du Protocole de
traitement des situations de harcèlement dans les collèges ». Cette
année encore, les établissements peuvent candidater et s'inscrire dans un
travail mêlant art, prise de parole et improvisations autour d'une pièce de
Georges de Cagliari, La meute.
L'objectif est de rendre les
élèves « spect'acteurs », de les amener à prendre conscience
de la gravité de certains comportements et de trouver des solutions
alternatives ; un travail mené par une médiatrice chargée d’accueillir le
public et de le guider durant la partie interactive, détaille le dossier pédagogique mis en ligne par Actions éducatives Val-d’Oise. Les collèges ont
jusqu'au 3 octobre pour s'inscrire à cette action éducative originale.
L’IDF doit se montrer
exemplaire
D’autres initiatives
également déjà en place seront relancées, comme les « salles de
confiance » en Seine-et-Marne, à l’instar de celle installée - la première
- au sein du collège Gérard-Philippe à Villeparisis, en octobre 2022, où
« deux volontaires en service civique animent cette salle de confiance
en y proposant des ateliers et des échanges avec les élèves [sur] le
harcèlement, la tolérance et la confiance en soi », indique le
Département dans un ancien communiqué.
Avec trois académies et plus
de 10 500 établissements scolaires répartis sur son territoire, l'Île-de-France,
mathématiquement en première ligne à chaque rentrée scolaire, doit se montrer
exemplaire, malgré les difficultés fonctionnelles du système éducatif. L'an
passé, la région a signé une convention de partenariat avec l'association Marion, la main tendue qui lutte contre
les violences et le harcèlement en milieu scolaire ainsi que les
cyberviolences. Ateliers dans les classes, formation et accompagnement d’élèves
ambassadeurs, mise en place d'équipe ressource au sein des établissements
franciliens constituent quelques-unes des méthodes exploitées pour la rentrée
2023.
De nouvelles mesures dans le programme pHARe
Depuis 2022, l'ensemble des
établissements scolaires français, élémentaires et collèges peut s'appuyer sur
le dispositif pHARe, un plan de
prévention du harcèlement obligatoire qui jusque-là était en phase de test
uniquement dans 6 académies (Aix-Marseille, Nice, Normandie, Rennes,
Strasbourg, Toulouse). Avec ce label, les établissements signent une charte qui
les engage sur deux ans à constituer une équipe ressource de cinq personnels
formés à formaliser un protocole de traitement des faits de harcèlement, à
former une équipe d'élèves-ambassadeurs, à mettre en place un atelier de
sensibilisation pour les familles ou encore à organiser un apprentissage de 10h
par an dans chaque classe de CP.
Ce renforcement de moyens et
des actions collectives connaît depuis quelques jours une nouvelle phase.
Désormais le dispositif pHARe est étendu également à tous les lycées. Des
mesures supplémentaires ont été décrétées et publiées au Journal officiel. À
présent, ce sont les élèves harceleurs, et non plus les victimes, qui devront
changer d'établissement avec un suivi éducatif renforcé. Quant aux élèves
commettant des actes de cyberharcèlement, y compris à l'encontre d'enfants
scolarisés dans un autre établissement, ils pourront faire l'objet d'une
procédure disciplinaire (blâme, exclusion temporaire ou définitive...).
Le harcèlement scolaire est un délit
Depuis mars 2022, le
harcèlement scolaire est reconnu comme un délit pénal qui peut être puni de 10
ans de prison et de 150 000 euros d'amende en cas de suicide ou tentative de
suicide de la victime (loi n°2022-299). Cette loi, qui avait été portée par le
député du Finistère Erwan Balanant, propose également tout un outillage
juridique visant à aller plus loin dans le traitement de la problématique du
harcèlement, y compris dans l'accompagnement des victimes et des auteurs.
Aujourd'hui, selon les
estimations de l’Éducation nationale, un élève sur 10 serait concerné par des
faits de harcèlement. La rentrée 2023 vient donner un nouveau coup de
projecteur sur ce phénomène qui déferle sur les cours d'écoles.
Ingrid Le Goff
Bérengère Margaritelli