De retour au salon cette
année, mais à distance depuis la Californie, le patron de SpaceX, Tesla, xAI et
Neuralink a partagé, lors d’une conférence, ses inquiétudes concernant l'IA
générative. Il a affirmé que cette technologie ne cherche « pas forcément la
vérité » et qu'elle pourrait totalement remplacer tous les métiers
traditionnels.
Elon Musk était de nouveau présent
au salon Vivatech ce 23 mai 2024, enfin, pas tout à fait. Après s’être déplacé
en personne pour la précédente édition, cette année, le riche homme d’affaire
derrière Space X ou encore Tesla a fait le choix de la visioconférence depuis
la Californie en raison de la remise de diplôme de son fils, a-t-il précisé.
Pendant près d’une heure, le
milliardaire s’est prêté aux questions de Maurice Lévy, patron de Publicis et
modérateur pour l’occasion, ainsi qu'à celles des spectateurs présents dans le
Dôme de Paris, au parc des expositions de la porte de Versailles.
Mais les participants
devaient respecter une règle stricte : ils disposaient de 15 secondes maximum
pour poser leurs questions, pas une de plus. Malgré un bug technique de
plusieurs minutes pendant lequel Elon Musk a disparu des écrans et quelques
questions volontairement éludées, l’entrepreneur a globalement réussi à
convaincre le public, qui l’a régulièrement applaudi… surtout lorsque qu’il
annoncé avoir des origines françaises.
« Si vous souhaitez
travailler, vous pourrez le faire comme passe-temps »
La conférence était
principalement axée sur le thème de l’IA générative, un sujet qui préoccupe
profondément Elon Musk. L’entrepreneur a auguré que dans un potentiel futur, il
était « probable » que « plus personne n’a[ura]
d’emploi ». Dans ce scénario, la mise en place d'un revenu universel élevé
pour chacun serait nécessaire, selon lui. Le milliardaire évoque également une
perspective où « il n'y aurait aucune pénurie de biens ou de services ».
« Je pense que tous les
emplois deviendront facultatifs. Si vous souhaitez travailler, vous pourrez le
faire comme passe-temps. Mais l'IA et les robots pourront vous fournir tous les
biens et services dont vous avez besoin », a-t-il présagé. Reste
toutefois, d’après lui, une question cruciale : « Si les robots et les
ordinateurs peuvent accomplir toutes les tâches mieux que vous, quelle est la
signification de la vie ? »
Des conjectures qui semblent néanmoins
contredire les récentes affirmations d'Antonin
Bergeaud, économiste et professeur à HEC, qui soutenait que
l’IA ne constituait pas une menace pour les emplois traditionnels… du moins à
court terme.
Certaines IA ne sont pas
fiables, juge Elon Musk
Elon Musk en a également
profité pour se montrer très critique à l'égard de la fiabilité des systèmes d’IA
les plus utilisés, notamment OpenAI, ChatGPT, et l’IA de Google, Gemini, qui, d’après
lui, « ne cherchent pas forcément la vérité », voire qui la déforment.
Le patron de Tesla s’est notamment plu à pointer la génération « par
erreur » d'images de soldats nazis ou du Premier président américain George
Washington avec… la peau noire.
L’entrepreneur a également
cité le cas d’un utilisateur qui aurait « testé » l'IA de Google en
lui posant une question dont la réponse ne fait a priori pas débat. A priori,
sauf que lorsqu’on lui a demandé quel était le pire scénario entre la
survenance d’une apocalypse nucléaire ou bien le fait de « mégenrer »
l’ancienne athlète olympique transgenre Caitlyn Jenner, Gemini aurait répondu que
la seconde option était la pire des deux. L’IA aurait même suggéré que la
solution pour éviter que cela n’arrive serait - tout simplement - de détruire
tous les humains.
« Il est important que l'IA soit
formée pour être honnête et non pour être politiquement correcte. Le
politiquement correct est souvent tout simplement faux, et cela signifie que
vous programmez l'IA pour qu'elle mente, et je pense que cela va mal tourner
», a soutenu le natif de Prétoria.
xAI, une nouvelle IA qui sera
« la plus précise possible »
Dans une autre mesure, le
propriétaire de Tesla est lui aussi à l’initiative de propre startup d’IA, xAI.
Devant son auditoire à Vivatech, il a affirmé vouloir créer une IA « la
plus précise possible, même si elle est impopulaire ».
Elon Musk n’a par ailleurs
pas manqué d’ajouter que bien que xAI ne soit pas encore prête à rivaliser avec
les IA d’OpenAI ou de Google, elle le serait « d’ici la fin de l’année »,
a-t-il assuré.
Selon Bloomberg, la startup
xAI serait sur le point de boucler une levée de fonds qui la valoriserait à 18
milliards de dollars, tandis que le New York Post avance une valorisation de 20
milliards de dollars.
Des vols vers la lune avec des fusées réutilisables « d'ici cinq ans »
Parmi les autres sujets évoqués lors de la conférence au salon
Vivatech, Elon Musk a également fustigé au passage les effets des réseaux
sociaux, décrits comme des outils conçus pour « maximiser la libération de
dopamine » dans le cerveau. Le magnat qui a acquis Twitter pour le
transformer en X a souligné que, selon lui, « les parents demeurent
responsables des valeurs et de la morale inculquées à leurs enfants ».
Questionné en outre sur la viabilité du lanceur spatial Ariane 6, laquelle
doit bientôt réaliser son premier décollage depuis la Guyane, l’entrepreneur s’est
montré plus que dubitatif, affirmant sans ambages que seules les fusées réutilisables
(autrement dit, telles que lui les construit) étaient compétitives. Elon Musk s’est
ainsi félicité du taux de réutilisation de Falcon 9 de SpaceX, qui s'élève,
lui, à environ 80 %. Le chef d’entreprise a également mentionné les « progrès »
réalisés avec son lanceur Starship, qui, selon ses dires, devrait permettre aux
astronautes américains de retourner sur la Lune dans un avenir proche.
Des vols vers la Lune avec des fusées réutilisables pourraient ainsi
devenir une réalité « d'ici cinq ans », a ainsi certifié Elon
Musk. Et l’entrepreneur ne s'est pas arrêté là : interrogé sur ses
aspirations les plus ambitieuses, il a répondu en un mot : « Mars ».
Revêtant un t-shirt représentant la planète rouge, le milliardaire a estimé
qu'un voyage vers la quatrième planète du système solaire pourrait devenir
réalisable « d’ici 10 ans, peut-être 7 ou 8 ans ». Un planning jugé compliqué
par les spécialistes, dont l’astronaute Thomas Pesquet.
Romain
Tardino