L’anniversaire de ce diplôme « qui
n’a pas pris une ride » a fait l’objet d’un colloque, mercredi 25
juin. Son initiatrice, la professeure Michèle Guillaume-Hofnung, évoque auprès du
JSS une formation « précurseure » qui « a servi de
modèle », et atteste de l’intérêt croissant pour la médiation.
Le DU « La médiation »
de Panthéon-Assas a 25 ans ! Un quart de siècle célébré en grande
pompe en même temps que les 10 ans de l’association des médiateurs diplômés (MDPA)
de l’université, mercredi 25 juin, lors d’un colloque organisé au cœur de la
prestigieuse salle des Conseils du site historique de Paris 2.
C’est le président de la
faculté, Stéphane Braconnier, qui a ouvert l’événement, en soulignant l’ « utilité
sociale originale » de ce diplôme. Et de louer « sa longévité, sa
vitalité », mais aussi un « engouement jamais démenti »,
comme en témoigne « l’afflux constant d’inscriptions », s’est-il
félicité. Un DU qui « n’a pas pris de
ride sans pourtant recourir au lifting », s’est de son côté réjouie celle qui a lancé ce diplôme, la professeure Michèle
Guillaume-Hofnung.
La veille,
mardi 24 juin, la présidente du Conseil national des barreaux (CNB), Julie Couturier,
marraine de la promotion 2024 du DU, avait remis leurs sésames aux diplômés. Une
cérémonie au sein de l’Université en présence des codirecteurs du diplôme - les
professeurs Lucie Mayer et Clovis Hofnung – et de sa créatrice, ainsi que de
l’équipe enseignante et de l’équipe administrative du Centre de formation permanente.
Les diplômés rejoindront
l’association des médiateurs diplômés de Panthéon-Assas MDPA, dont le président
Jean-Marc Bouillon participait à la cérémonie.
Une formation « pionnière »
à Panthéon-Assas
Ce diplôme, qui fait partie « des
formations pionnières et innovantes » accueillies par Panthéon-Assas,
souligne Michèle Guillaume-Hofnung, a été créé en
2000 dans des « circonstances particulières », précise-t-elle
auprès du JSS.
A l’occasion de la mission, que
le gouvernement lui avait confiée en 2000, de définir la médiation en ouverture
du Séminaire intergouvernemental de l’UE, la professeure avait perçu « la
forte demande d’une formation de qualité », rapporte-t-elle. « Les
médiateurs de terrain y voyaient la meilleure source de légitimité ».
Un an plus tard, le DU « La médiation » était sur les rails.
Fait étonnant, le programme
actuel est le même que celui conçu par la professeure à l’époque. « Il
était précurseur, il a servi de modèle », assure Michèle
Guillaume-Hofnung, qui ajoute en plaisantant que « Paris 2 a eu le
courage d’accepter le format de 200
heures » qu’elle préconisait. « Ce n’était pas si facile de
résister à la tentation d’une clientèle qui voudrait un diplôme rapidement
acquis ! »
La part belle à l’enseignement
pratique
La formation, d’une durée de douze mois, et qui se
focalise sur cinq axes (principes de la médiation, axe psychologique, axe
sociologique, droit de la médiation et pratique de la médiation), vise à
permettre d’exercer le métier de médiateur dans différents secteurs.
Le DU est
ouvert aux détenteurs d’un baccalauréat acteurs de la médiation, qu’ils soient
médiateurs non formés, promoteurs de dispositifs de médiation et personnes
ayant un projet associatif, professionnel ou personnel dans le domaine de la médiation
par exemple.
A l’inscription,
c’est surtout « la cohérence scientifique de la formation structurée
autour d’une définition reconnue de la médiation » qui attire les
candidats, témoigne Michèle Guillaume-Hofnung. « Les inscrits sont
désireux de se former à la médiation bien identifiée comme telle non par
un intérêt dogmatique de leur part mais par souci d’efficacité : bien
nommer pour bien faire ».
Un succès qu’elle
explique également par la large part d’enseignements pratiques, lesquels
couvrent plus la moitié de la formation. « Il y a même tout un module
intitulé ‘formation pratique’ en plus des illustrations pratiques fournies dans
les autres modules ». Malgré tout, le DU reste délibérément
généraliste et a vocation à constituer le tronc commun avant toute
spécialisation, ajoute la professeure.
« La médiation
ne laisse plus indifférent »
Michèle
Guillaume-Hofnung analyse aussi la pérennité de cette formation par le fait que
d’une façon plus générale, bien qu’elle reste encore peu valorisée, « la
médiation ne laisse plus indifférent ». « Les mentalités
prennent acte qu’on ne peut plus faire l’impasse sur la médiation non plus que
la formation ».
La professeure
identifie toutefois plusieurs freins à son (bon) développement, et notamment « la
croyance qu’on est médiateur naturel en raison des fonctions exercées
précédemment, avec la tentation de se dire médiateur même sans formation ou
avec des formations courtes », mais aussi la tendance à perpétuer
l’univers du modèle judiciaire et la difficulté à concevoir une alternative « vraiment
différente du modèle dont elle croit se différencier ».
Mais de l’avis
de Michèle Guillaume-Hofnung, le « plus redoutable » reste,
pour l’heure, et malgré les dispositifs mis en place, l’absence de définition
de la médiation dans les textes. « La formule législative ‘tout
processus…quelle que soit la dénomination’ est en soi une renonciation à
définir », regrette-t-elle.
Bérengère
Margaritelli