Lors du salon Impact PME, Élisabeth
Borne a assuré hier aux entreprises qu’elles étaient « au
cœur de l’économie » et a formulé plusieurs promesses, notamment en
matière de congés payés.
Alors que le moral des patrons
décline dans tous les secteurs, selon l’INSEE, les récentes déclarations d’Élisabeth
Borne suffiront-elles à rallumer la flamme ? Ce 30 novembre, à la Station F, la
Première ministre s’est employée à caresser les entreprises dans le sens du
poil en ouverture du salon Impact PME, désormais traditionnel rendez-vous des entrepreneurs
co-organisé par la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et
BFM Business.
La cheffe du gouvernement a d’abord
salué la résilience des entreprises, affectées par l’inflation, les « nouveaux
défis » en matière d’intelligence artificielle, mais aussi l’accélération
du dérèglement climatique. « Face à ce défi, vous avez réagi. Vous avez
pris le virage de la transition écologique », a-t-elle souligné sur ce
point en particulier.
En outre, dans un contexte où
un nombre croissant de sociétés affirment peiner à embaucher (29 % des 56 %
d'entreprises ayant des objectifs de recrutement seraient concernées, selon la
Grande consultation des entrepreneurs (GCE) menée par Opinion Way pour CCI
France, La Tribune et LCI), Élisabeth Borne a pris acte de ces difficultés :
« Vous devez trouver la bonne personne, qualifiée et formée, avec
l’envie d’apprendre et de s’investir pour l’entreprise. Et il vous faut, dans le
même temps, répondre à des aspirations nouvelles des candidats comme de vos salariés
sur la vie au travail. »
Consciente de la morosité
ambiante, la Première ministre n’a, par ailleurs, pas manqué de rendre hommage « à
toutes les TPE et PME, à leurs dirigeants et leurs salariés ». « Vous
êtes les visages de l’audace, du dynamisme et de l’emploi, partout sur le territoire.
Vous incarnez la persévérance, la proximité, l’innovation. Vous êtes au cœur de
la réussite de notre économie », les a-t-elle encensés. Avant
de poursuivre, un peu plus tard : « Quand on est patron d’une PME,
on ne compte pas ses heures. On a un commerce, une idée et l’on se bat pour
elle, matin, midi et soir. On se lance, parfois sans être certain que cela va
marcher, et l’on réussit à force d’engagement et de détermination ».
Objectif plein emploi
Cette allocution était
également l’occasion pour la cheffe du gouvernement de défendre le bilan du président de la République en matière économique, et plus particulièrement en
faveur des entreprises. Baisse des impôts, ordonnances travail, réforme de l’assurance
chômage, contrat d’engagement jeune, etc. : « Depuis 2017, nous
avons suivi un cap : lever les freins qui pèsent sur votre activité et vous
permettre de recruter plus facilement », a assuré Élisabeth Borne.
Et d’égrainer des chiffres :
en six ans, le taux de chômage a baissé de près de deux points, plus de 2
millions d’emplois ont été créés et 300 usines ont ouvert. Toutefois, aux dires
de la Première ministre, et en écho aux récents propos d’Emmanuel Macron
exhortant, en novembre dernier, les Français à se « réveiller »,
« un taux de chômage au-dessus de 7%, c’est encore bien trop ».
Objectif, donc, pour le gouvernement – mais aussi pour les entreprises –, a-t-elle insisté : le plein-emploi.
Élisabeth Borne l’a martelé :
« C’est par le travail que nous pourrons créer des richesses et ainsi
financer notre modèle social et nos services publics. C’est par le travail que
nous pourrons être en pointe dans les secteurs économiques de demain. (…) Alors,
il n’y a qu’une seule solution : continuer les réformes et agir plus fort
encore, pour l’emploi et l’activité dans notre pays. »
La Première ministre est notamment
revenue sur l’adoption définitive, deux semaines auparavant, par l’Assemblée
nationale, du projet de loi « pour le plein emploi » qui crée France
Travail, successeur de Pôle Emploi. « C’est une étape importante,
notamment pour accompagner vers l’activité les personnes les plus éloignées de
l’emploi. Mais nous voulons aussi mieux accompagner les entreprises et mieux
répondre à vos besoins de recrutement. C’est un chantier que nous mènerons avec
vous et avec les collectivités », a promis la cheffe du gouvernement.
« Nous devons continuer
à vous faciliter la vie »
La Première ministre a
également mis l’accent sur la simplification. « Nous devons continuer à
vous faciliter la vie et vos démarches », a-t-elle garanti. Entendant
la demande de la CPME au sujet de la mise en place de « tests » permettant d’évaluer
en amont l’impact des normes sur les PME, Élisabeth Borne a annoncé que cette
mesure « de bon sens » serait mise en œuvre.
En outre, à la suite du
lancement, par Bruno Le Maire et Olivia Grégoire, des Assises de la
simplification en novembre dernier, destinées à recueillir des observations
des entrepreneurs pour faciliter la vie de leur entreprise, la cheffe du
gouvernement a indiqué que les ministres iraient, à ce titre, « à la rencontre »
des chefs d’entreprise « dans les territoires ». « Là
encore, je compte sur vos idées et vos propositions », a-t-elle fait
savoir.
« Si les mesures le
nécessitent, je serai prête à présenter devant le Parlement un projet de loi en
2024, s’est également engagée la Première ministre. Nous sommes prêts à
mener de nouvelles réformes, dans tous les domaines. Avec mon gouvernement,
j’en prends l’engagement : nous serons aux côtés des patrons de petites et de
moyennes entreprises pour construire les réformes, comme pour régler les
problèmes du quotidien : ces problèmes qui vous gênent, vous gâchent la vie et
vous découragent parfois. »
Rassurer les inquiétudes
Enfin, Élisabeth Borne a tenu
à rassurer les patrons sur quelques points de crispation du côté des entreprises,
en particulier sur les aides en matière d’énergie. Ainsi,
les mesures exceptionnelles pour accompagner les entreprises (bouclier
tarifaire, amortisseur électricité, aides guichet…) seront « prolongées
en 2024 », a-t-elle annoncé, après accord de la Commission européenne,
pour éviter de « pénalise[r] fortement les entreprises qui consomment
beaucoup d’énergie pour leur activité ». « Soutenir les
entreprises, c’est vous protéger contre la hausse des prix de l’énergie. Aujourd’hui,
les prix du gaz et de l’électricité ont baissé, mais certains d’entre vous restent
prisonniers de contrats conclus quand les prix étaient particulièrement élevés »,
a-t-elle admis.
Dans le viseur également, les
retards de paiement, « préoccupation majeure » de nombreuses
entreprises. À ce sujet, la Première ministre a affirmé que le projet de
règlement européen en la matière « ne répond[ait] pas à cette
problématique de manière satisfaisante ». « Aujourd’hui, nos
PME sont pénalisées par les retards de paiement entre les entreprises. Réduire
le délai légal de paiement de 45 à 30 jours, ce serait vous mettre encore plus sous
pression. Il faut que nos efforts portent en priorité sur la manière de
résorber ces retards de paiement. »
Enfin, la cheffe du
gouvernement n’a pas oublié de faire allusion aux congés payés, objet d’une
récente décision de la Cour de cassation ayant provoqué quelques remous dans le
monde de l’entreprise, puisque la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire a
jugé en septembre dernier que les salariés atteints d’une maladie ou victimes
d’un accident, de quelque nature que ce soit, ont le droit de réclamer des droits à congé payé en intégrant
dans leur calcul la période au cours de laquelle ils n’ont pas pu travailler. « En
s’alignant sur la jurisprudence européenne, vous craignez un alourdissement du
coût du travail. Naturellement, nous mettrons notre droit en conformité au
cours du 1er trimestre 2024, mais je souhaite réduire au maximum l’impact de
cette décision sur vos entreprises. Je peux vous en assurer, il n’y aura pas de
surtransposition », Élisabeth Borne en a donné sa parole. Des
promesses que les chefs d’entreprise attendent désormais de voir converties en actes.
Bérengère
Margaritelli