JUSTICE

En Saône-et-Loire, le déplacement d’une statue de Saint-Louis retoqué par la justice

En Saône-et-Loire, le déplacement d’une statue de Saint-Louis retoqué par la justice
La statue n'a pas été considérée comme un "signe religieux" (ici à Mainneville, Eure © Cédric Amey)
Publié le 06/05/2025 à 17:32

Quatre ans après les faits, le tribunal administratif de Dijon a annulé la délibération de la CAF de Bourbon-Lancy demandant le retrait de la statue d’une école vouée à devenir un centre d’animation sociale et culturelle en contrepartie d’une subvention. Une condition jugée illégale par la juridiction, qui estime par ailleurs que l'installation de la statue dans un lieu public ne heurte pas le principe de laïcité, puisqu'elle représente le roi de France. 

Suite et fin d’une affaire polémique ? Le 22 avril dernier, le tribunal administratif de Dijon a rendu sa décision, dont le JSS a pris connaissance le 6 mai, concernant le sort d’une statue de Saint-Louis installée dans la niche d’une école de la commune de Bourbon-Lancy, en Saône-et-Loire (71).

La juridiction avait en effet était saisie en 2023 et 2024 par l’association « La France en partage », qui défend l’héritage culturel de la France, afin de faire annuler une délibération du 30 juin 2020 de la commission d’action sociale de la caisse d’allocations familiales (CAF) de la commune.

Une demande approuvée par le TA. La CAF, par le biais de sa délibération, promettait l’octroi d’une aide financière à la mairie de Bourbon-Lancy pour engager des travaux de « transplantation et [d’]aménagement du centre social » dans l’école, « sous condition de retrait des signes religieux ostentatoires (…) et notamment ceux visibles de l’extérieur du bâtiment (croix et statues) ».

« Une erreur de droit »

Si la maire, Edith Gueugneau, s’était justifiée sur Twitter d’avoir accepté cette condition au motif qu’elle ne pouvait se passer d’une subvention de 400 000 euros, le tribunal administratif de Dijon, en se fondant sur le principe de laïcité et sur les dispositions précitées de l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905, a estimé que la CAF avait commis « une erreur de droit », en proposant une contrepartie financière tenant au retrait de la statue, et en faisant une inexacte application du principe de laïcité.

En effet, la juridiction a estimé que la statue en litige, représentant Louis IX – aussi connu sous le nom de Saint-Louis –, couronné et revêtu d’un manteau orné de fleurs de lys, « ne présente pas le caractère d’un signe ou d’un emblème religieux au sens des dispositions précitées de la loi du 9 décembre 1905, alors même qu’elle représente le roi de France portant dans sa main gauche, sur un coussin, la couronne d'épines, à la manière d'une couronne royale lors d'un sacre ».

D’autant que « la caisse d’allocations familiales de Saône-et-Loire ne se prévaut d’aucune autre disposition, y compris de sa Charte [de la laïcité de la branche Famille avec ses partenaires qui fait elle-même référence à l’article premier de la Constitution du 4 octobre 1958 et à la loi du 9 décembre 1905], sur laquelle elle se serait fondée, pour édicter la condition d’octroi en litige ».

L’abrogation de la délibération du 30 juin annule ainsi la subvention. Quant à la statue, actuellement installée dans les jardins de la paroisse Saint-Jean l’Évangéliste, elle pourrait bien retrouver la place qu’elle avait occupée depuis 1880.

Allison Vaslin

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