Alors que le processus législatif
pour faire interdire l’importation en France de trophées d’espèces protégées a
été interrompu, la compagnie espagnole Volotea, soutenue par l’organisation
Humane Society International, a annoncé prohiber le transport de trophées de
chasse à bord de ses avions.
Plus aucun trophée de chasse d’animaux
ne rentrera en France, ou en tout cas plus par le biais des vols de la
compagnie aérienne espagnole Volotea.
En nouant un partenariat avec
l’organisation à but non lucratif pour la protection des animaux Humane
Society International - Europe, la compagnie aérienne qui comptabilise une
vingtaine de bases en Europe dont neuf en France, a annoncé en début de mois
avoir introduit « une interdiction complète du transport des trophées
de chasse », ainsi que des « produits d’origine animale qui
résultent de la chasse, y compris des parties d’animaux », indiquent
les nouvelles conditions de transport dans la section « Restrictions
dans les bagages ».
Cette nouvelle politique
s’applique aussi bien aux bagages à main qu’aux bagages enregistrés en soute,
précise également Volotea, devenue la première compagnie aérienne espagnole à
imposer cette restriction.
120 villes concernées par la
restriction sur les vols Volotea
La compagnie l’explique dans
ses conditions, « cette politique vise à protéger la faune de
l'extinction et des dommages directs, reflétant l'engagement de Volotea à
minimiser l'impact environnemental et sa dévotion à des pratiques responsables ».
Il faut dire que l’industrie
du transport joue un rôle important dans la lutte contre celle de la chasse aux
trophées, une pratique qui constitue « une grave menace pour de
nombreuses espèces en péril, dont certaines sont au bord de l’extinction »
rappelle la compagnie sur LinkedIn. Au travers de cette nouvelle politique,
Volotea vise ainsi à contribuer à enrayer ce fléau, à l’instar d’autres
compagnie aériennes telles que Delta, American Airlines et Air Canada, qui ont
instauré cette restriction quelques temps après la mort du lion Cécil au
Zimbabwe, abattu et dépecé par un dentiste américain.
Au total, plus de 120
destinations dans les pays que dessert la compagnie (dont la France, la
Sardaigne, l’Allemagne ou encore l’Autriche) et plusieurs milliers d’itinéraires,
dont près de 340 dans l’Hexagone, se voient désormais interdire le transport de
trophées de chasse.
Rien qu’en France, entre 2014
et 2018, 752 trophées de 36 espèces protégées ont été importés sur le
territoire, dont des espèces figurant sur la liste rouge de l’Union
internationale pour la conservation de la nature (UICN) comme l’éléphant
d’Afrique, le rhinocéros noir et le guépard. À date, l’Hexagone se positionne
comme le second exportateur de trophées en Europe, soit 19 % du total des
exportations, pointe La Fondation Droit Animal éthique et sciences.
Une proposition de loi en stand-by
en France
Mais alors que fait la France
pour faire basculer cette triste statistique ? En 2021 déjà, l’Hexagone,
alors sixième pays de l’EU le plus exportateur de trophées de chasse à ce
moment-là, avait été exhortée par Humane Society International - Europe d’interdire
l’importation de trophées d’espèces protégées au niveau international, et non
plus seulement les trophées de lions, comme décidé en 2015 par Ségolène Royal,
alors ministre de l’Écologie, après l’affaire du lion Cécil. La France a
d’ailleurs été le premier pays européen à prononcer une telle décision.
Ce n’est que deux ans plus
tard, en mai 2023, qu’une proposition de loi visant à l’arrêt de l’émission de
permis d’importation de trophées de chasse de certaines espèces menacées avait
été présentée au Sénat, qui intégrerait le Code de l’environnement.
Le mois suivant, 113 députés avaient
voté pour le sous-amendement de la députée Sandra Regol afin d’interdire
l’importation des trophées de chasse d’espèces protégées, la même députée qui,
le 21 novembre 2023, avait déposé à l’Assemblée nationale une proposition de
loi visant à interdire à la fois l’importation, l’exportation et la
réexportation de ces trophées de chasse d’une large partie des espèces
protégées. Parmi les espèces concernées (mentionnées en annexe du règlement
européen sur la CITES, traité international visant à protéger les espèces
menacées d’extinction), la girafe, l’hippopotame, le cygne à col noir, le
belette de Sibérie et l’ours blanc.
Mais alors que l’examen de
cette proposition semblait bien engagé, le processus législatif s’est
brusquement interrompu, menaçant l’avenir du texte, au grand dam des
parlementaires mobilisés sur le projet et associations qui militent pour faire
cesser « cette souffrance animale », selon les dires de
l’organisation Convergence animaux politique (CAP), qui a d’ailleurs lancé une
pétition pour qu’un vote au parlement en faveur de cette loi ait bien lieu. Le
30 janvier, Le Monde a publié une tribune d’un collectif d’associations
et de scientifiques appelant à ce que la France suive l’exemple des Pays-Bas,
de la Finlande ou de la Belgique qui ont déjà respectivement adopté des mesures
similaires en 2016, 2023 et 2024. Un chose est sûre, le dossier n’est pas clos.
Allison
Vaslin