DROIT

Jacques Benhamou, un notaire à la vie bien rythmée

Jacques Benhamou, un notaire à la vie bien rythmée
©Dr. Jacques Benhamou est le fondateur et saxophoniste du Five O'Clock jazz band.
Publié le 15/08/2025 à 09:30

SERIE (2/5). Notaire honoraire, chroniqueur, médiateur judiciaire, musicien… Jacques Benhamou est ce que l’on appelle un touche-à-tout ! Après avoir tenu une étude notariale pendant près de 40 ans, ce saxophoniste à la verve inspirée et aux journées bien remplies garde du temps pour se consacrer à sa passion de toujours : le jazz.

Ils ne font pas que du droit !

Cet été, le JSS vous propose de partir à la rencontre de professionnels du droit dont le quotidien ne se résume pas qu’à la robe, à la rédaction d’actes ou au Code civil ! Artistes, sportifs ou musiciens… Découvrez une autre facette de ces passionnés à la double vie.

Oubliez cette image poussiéreuse du notaire rigide, assis derrière un bureau austère, plongé dans des actes à longueur de journée. C’est sur scène, dans un studio de radio, derrière un micro ou à la cour d’appel de Paris que vous trouverez Jacques Benhamou. A 83 ans, le notaire honoraire le martèle, il n’est pas question pour lui de s’arrêter. La retraite « assis devant la télé » ? Très peu pour lui. Un mantra le guide : « La vie, c’est comme le vélo, tant que vous pédalez, le vélo tient la route ! » Son engouement est communicatif, et l’on comprend que Jacques Benhamou n’est certainement pas du genre à se laisser aller. « La vie, il faut la remplir. Je ne supporte pas l’ennui ».

…Des paroles qu’on n’osera pas remettre en doute. Fondateur des Rencontres notariales de Maillot, président d’honneur du Mouvement jeune notariat, Jacques Benhamou est également animateur radio et consultant pour plusieurs médias. « Le journalisme a longtemps été mon rêve, vous savez », confie-t-il. On peut aujourd’hui entendre ses chroniques dans les émissions de la RCJ, notamment « Un notaire vous répond ». Jacques Benhamou apporte également son expertise notariale dans le talk-show « Ça peut vous arriver » de Julien Courbet. Mais, musicien de jazz depuis de nombreuses années, c’est en jouant sur scène que Jacques Benhamou trouve son plus grand bonheur.

Entre deux émissions ou médiations judiciaires pour le tribunal de Paris, le notaire se produit très régulièrement sur les petites scènes ou dans les soirées jazz de la capitale, notamment avec son orchestre, le Five O’clock jazz group, créé en 1986. Avec délectation, il accepte de se replonger dans le passé : « On a beaucoup tourné depuis, on était très sollicités ! Nous avons joué dans le monde entier, souvent pour des ambassades. Bangladesh, Ouzbékistan, Birmanie… J’ai aussi rencontré de grands jazzmen de l’époque. Nous avons été invités dans une émission de Bernard Pivot. C’était super de jouer sur son plateau. »

Une archive de « l’Ecole des fans », de Jacques Martin, permet aussi d’avoir un aperçu du talent de ces « musiciens amateurs », accueillis comme des célébrités par le présentateur phare. A la clarinette, un directeur commercial, au banjo et à la batterie, deux professeurs, et au piano et à la contrebasse, deux étudiants en droit… Les téléspectateurs font la connaissance de ce jazz group pas comme les autres, qui jouent, sur le plateau coloré, « Les copains d’abord » de Brassens, puis des classiques de Frank Sinatra.

« Certaines personnes font du tennis ou du golf, moi, ça a toujours été le jazz »

Une question nous vient. Comment trouve-t-il le temps de faire tout cela ? « J’ai beaucoup de chance, je ne dors que trois ou quatre heures par nuit, sourit-il. Certaines personnes font du tennis ou du golf, moi, ça a toujours été le jazz. » Jacques Benhamou l’assure : sa « double vie » n’a jamais empiété sur sa vie professionnelle. « Pas une fois, ça n’a porté atteinte à mon activité. Tous les musiciens du groupe ont travaillé : ingénieur informaticien, expert-comptable... Aujourd’hui, on continue à se produire un peu partout ! Nous faisons aussi des croisières. On joue pour les clients du Club Med, souvent dans les Caraïbes. »

La passion pour la musique l’anime « depuis tout petit », raconte-t-il. Le saxophone, son instrument phare, il l’a « appris tout seul ». « Quand j’ai commencé, mes parents avaient peu de moyens », se souvient-il. « Le saxophone est un instrument très facile à apprendre, à la portée de tous. Je m’entraînais pendant les vacances ! Et très rapidement, j’ai pu jouer avec des camarades de mon âge. »

C’est pendant ses études de droit, à Clermont-Ferrand, que Jacques Benhamou monte son premier petit orchestre. « J’y ai rencontré un jeune accordéoniste, et mon frère jouait de la batterie », décrit le musicien. « Grâce à nos concerts, on pouvait aider nos parents, qui étaient très modestes. »

« Le droit et la musique ont ce point commun, cette envie d’aller vers les autres »

La vie de Jacques Benhamou a commencé de l’autre côté de la Méditerranée, au Nord-Ouest de l’Algérie, à Tlemcen plus exactement. Avant d’atterrir en France avec sa famille, en 1961, le jeune homme s’est d’abord tourné vers le journalisme, sa première vocation. Tout jeune, il a exercé sa plume au quotidien « Oran Républicain ». C’est son père qui l’a dissuadé de poursuivre dans cette carrière. « Quand je lui ai dit que je voulais être journaliste, il m’a dit que c’était une très mauvaise idée », poursuit Jacques Benhamou. Le jeune homme s’est alors décidé pour des études de droit. « Je n’ai jamais regretté ce choix ! »

Son étude notariale, il l’a dirigée pendant près de 40 ans, avec une véritable envie de faire évoluer son métier. « J’ai été l’un des premiers à me battre pour les droits successoraux des époux, j’ai même écrit au gouvernement, à l’époque, pour faire changer la loi », relate-t-il aujourd’hui. « Le droit est une passion. J’ai eu du temps pour ma famille, et j’ai toujours eu cette envie d’aller vers les autres. » Clermont-Ferrand, Paris, Charly-sur-Marne : les villes passent, les déménagements se succèdent, mais la passion du jeune notaire pour le jazz reste : « Malgré mon travail qui me prenait beaucoup de temps, je n’ai jamais arrêté le ‘sax’ ! »

Bien que les passerelles entre le droit et la musique ne soient pas évidentes à trouver, Jacques Benhamou y décèle un point commun : « Ce sont deux activités différentes, mais ce sont mes deux passions. »

Le notaire explore aussi à travers la musique son « goût pour le partage, cette envie d’aller vers les autres. Certains de mes clients connaissaient ma vie de musicien et venaient même me voir en concert ! On aide énormément de gens par l’écoute, dans un bureau comme sur scène. C’est quelque chose que je regrette : aujourd’hui, plus personne ne s’écoute. Mais tant que je suis là, je ne m’arrêterai pas ! ».

Mylène Hassany

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