DROIT

Le Conseil d’État déboute la CNBF dans son recours contre le décret sur les transferts inter-caisses de retraite

Le Conseil d’État déboute la CNBF dans son recours contre le décret sur les transferts inter-caisses de retraite
Publié le 09/01/2025 à 16:50

La Caisse nationale des barreaux français (CNBF) contestait la méthode de calcul ayant abouti aux montants à verser à la Caisse d'allocation vieillesse des officiers ministériels, des officiers publics et des compagnies judiciaires et la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales.

La Caisse nationale des barreaux français (CNBF) perd son combat devant le Conseil d’État. L’organisme tentait de faire annuler le décret du 2 décembre 2022 fixant le montant et les modalités de versement des transferts financiers de la CNBF à la Caisse d'allocation vieillesse des officiers ministériels, des officiers publics et des compagnies judiciaires (CAVOM) et à la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL). Une disposition inscrite dans la loi du 31 décembre 1971 portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques, modifiée par la loi du 25 janvier 2011 portant réforme de certaines professions judiciaires et juridiques qui a supprimé la profession d'avoué près les cours d'appel et fusionné cette dernière avec la profession d'avocat.

Le décret attaqué partait du principe que cette fusion a pu déséquilibrer les finances des caisses concernées. Il prévoit ainsi le transfert d'ici 2027 de 18,3 millions d'euros de la CNBF à la CNAVPL et de 125,4 millions d'euros de la CNBF à la CAVOM pour rééquilibrer les comptes. Une analyse erronée selon la CNBF, qui estimait que le fait que la totalité des anciens avoués près les cours d’appel seraient devenus avocats, ce qui aurait permis à la CNBF de bénéficier « d’un gain financier équivalent aux pertes subies par la CNAVPL et la CAVOM », était une « erreur manifeste d’appréciation ». L’organisme considérait par ailleurs que la perte de financement due à la suppression des avoués près les cours d’appel aurait dû être compensée par les réserves financières des deux caisses.

Le législateur a bien pris en compte les perspectives financières des régimes

Sur ces points, le Conseil d’État assure qu’« il ne ressort nullement des pièces du dossier que la méthode de calcul retenue reposerait sur le postulat que la totalité des anciens avoués près les cours d’appel seraient devenus avocats et cotiseraient à la CNBF ou sur l’existence d’un gain de cotisations pour cette caisse équivalent au montant des pertes subies par la CNAVPL et la CAVOM ». La prise en compte par le législateur des « perspectives financières de chacun des régimes de base et complémentaire d’assurance vieillesse » concernés par le décret permet par ailleurs au Conseil d’État d’écarter le grief soulevé par la CNBF concernant la compensation des pertes des caisses.

La CNBF regrettait une procédure irrégulière ayant abouti à la publication du décret, car ni elle ni la CAVOM n’ont été consultées. Seul un avis de la CNAVPL a été pris en compte, d’après le contenu du décret. « Aucun texte […] ni aucun principe ne l’impose, pas davantage que n’était imposée la consultation de la CAVOM », juge le Conseil d’État.

L’organisme estimait aussi que le décret était illégal en raison de l’absence de motivations justifiant ce transfert et de précisions sur les paramètres du calcul qui ont amené à déterminer les sommes transférées, « la privant ainsi de la possibilité de vérifier le bien-fondé de ces montants », a-t-elle indiqué auprès de l’institution. Là aussi, la juridiction assure qu’« aucun texte ni aucun principe n’imposait que le décret attaqué, qui est un acte réglementaire, soit motivé, qu’il précise les paramètres du calcul retenus ou renvoie à des documents permettant d’en prendre connaissance ».

Alexis Duvauchelle

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