Le président de la Cour
nationale du droit d’asile (CNDA) est décédé ce mercredi 6 août, à l’âge de 51
ans. Dans un communiqué publié ce vendredi, le ministère de la Justice salue
un « grand serviteur de l’Etat ».
Le ministère de la Justice
salue ce vendredi 8 août « un esprit brillant et curieux ». Mathieu
Hérondart, président de la Cour nationale du droit d’asile depuis 2022, est
décédé « brutalement » mercredi 6 août, à l’âge de 51 ans. Sur
LinkedIn, plusieurs figures du droit ont tenu à lui rendre hommage.
Le président du tribunal
judiciaire de Paris, Peimane Ghaleh Marzban, salue « un grand serviteur
de l'Etat et avant tout un juge, aimant profondément son métier, avec hauteur
de vue et humanité ».
« Engagé au service
de la justice, il incarnait la difficile conciliation entre la rigueur et
l’humanité nécessaire au traitement d’un contentieux sensible », écrit
la présidente du Conseil national des barreaux, Julie Couturier.
Du Conseil d’Etat aux
cabinets ministériels
Diplômé de HEC, ancien élève
de l’ENA, Mathieu Hérondart aura exploré tous les arcanes de l’entreprise,
du marché et des institutions étatiques, avant d’entrer au Conseil d’État
en 2000. D’abord à la section du contentieux puis à la section des finances, où
il démontre « sa grande technicité ». En 2004, il devient
secrétaire général adjoint du Conseil d’État et secrétaire général de la
Commission pour la transparence financière de la vie.
Puis, en 2007, il passe directeur
adjoint du cabinet de la ministre de la Justice, Rachida Dati. En 2017, il est
nommé directeur du cabinet de l’ancienne garde des Sceaux, Nicole Belloubet,
avant de retourner au Conseil d’État en 2020. Il prend la présidence de la Cour
nationale du droit d’asile en 2022.
Défenseur de l’universalisme
français
Dans un communiqué, l’institution,
récemment réformée dans le cadre de la loi
pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration du 26 janvier 2024, célèbre
« une figure majeure récente de son histoire récente ».
« Il eut à cœur de
défendre ce principe cher à l’universalisme français, dans un contexte
géopolitique inédit, et ce malgré les tentations grandissantes de repli »,
communique l’Elysée. « Dans le fracas du monde, armé de cet esprit de
réforme, il permit à la juridiction de rendre ses jugements avec précision et
efficacité, tout en l’adaptant aux bouleversements internationaux et aux
besoins de notre territoire. »
En juillet dernier, sous la
présidence de Mathieu Hérondart, la France avait attribué pour la première fois
à une ressortissante palestinienne - une mère de famille ayant quitté la bande
de Gaza peu après les attaques du 7 octobre - le statut de « réfugiée ».
Une première en France.
L’institution avait jugé que
les « méthodes de guerre » employées par les forces israéliennes dans la
région étaient « suffisamment graves pour être considérées comme des
persécutions », ouvrant droit au statut de réfugié, conformément à la
Convention de Genève (1951). La CNDA était ainsi allée à l’encontre de la
décision prise par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides
(Ofpra) quelques mois plus tôt.
Delphine
Schiltz