Le 29 septembre,
au sein du cabinet Baker McKenzie, dans le 8e arrondissement de
Paris, LEXqi Conseil – en partenariat avec le Cercle Montesquieu et
l’Association Française des Juristes d’Entreprise et sous le parrainage du
cabinet Baker McKenzie et de LexisNexis –, a présenté les résultats de
l’enquête « Cartographie des directions juridiques 2021 ». Une étude
dont l’objectif est de mettre en lumière les tendances et les évolutions, en
France, de la fonction juridique dans les entreprises, et qui, dans cette
nouvelle édition, révèle « la grande adaptabilité » des directions juridiques.
« Au
fil des éditions, la Cartographie s’est affirmée comme un outil de référence
apprécié des directeurs et des directrices juridiques, apportant un éclairage
de première importance sur l’évolution des directions juridiques et l’exercice
du métier de juriste dans l’entreprise : composition, rattachement,
fonctionnement, budget, et tendances » peut-on lire dans l’édito de
présentation de la Cartographie 2021 des directions juridiques, rédigé par Marc Mossé, senior
director government affairs, associate general counsel chez Microsoft Europe et
président de l’AFJE, et Laure Lavorel, directrice juridique international de Broadcom
et présidente du Cercle Montesquieu.
« Très
attendue par nos membres, la Cartographie est un moment-clé pour souligner
l’importance du rôle de la direction juridique au sein de l’entreprise. Elle
n’est plus seulement attendue pour son expertise technique ou son rôle de
conseil, mais aussi pour sa capacité à définir une gestion des risques »
a aussi commenté Laure Lavorel en préambule de la présentation.
Cette
année, c’est avec Marc Mossé, Jean-Marc Thomas, directeur du développement
Marchés entreprises et experts-comptables et directeur de l'activité logicielle
de LexisNexis France, et Hélène Trink, fondatrice de LEXqi Conseil, que Laure
Lavorel a dévoilé et commenté les principaux enseignements de la Cartographie
2021 des directions juridiques.
« Cette
étude permet de comprendre les problématiques rencontrées par les directions
juridiques et d’anticiper les profondes mutations de cette profession.
En tant
qu’éditeur, nous pouvons nous baser sur ces enseignements pour leur proposer
des solutions digitales et innovantes toujours plus pertinentes », a assuré Jean-Marc Thomas de son côté.
Comme dans
les précédentes éditions, l’étude fournit des informations sur la structure et
les coûts des directions juridiques, en fonction des tailles et secteurs des entreprises.
En raison
de la conjoncture exceptionnelle, le comité de pilotage de l’enquête a souhaité
s’intéresser cette année à la façon dont les directions juridiques se sont
organisées pour faire face à la crise sanitaire, ainsi qu’au rôle du directeur juridique
en tant que gestionnaire du risque dans l’entreprise.
« Après
une année de crise sans précédent, cette enquête nous permet d’en mesurer
l’impact sur le fonctionnement des directions juridiques des entreprises. Ces
résultats nous montrent en particulier la grande adaptabilité des
directeurs juridiques dans un monde en pleine mutation » a ainsi
déclaré Hélène Trink.
Pour la 7e
édition de la Cartographie, le comité de pilotage était constitué de Nathalie
Debeir, directrice juridique adjointe du Groupe Renault et administratrice du
Cercle Montesquieu ; Marie Batut-Dajean, co-présidente de la Commission
Management du Cercle Montesquieu ; et François Lhospitalier, directeur
juridique & conformité, vice-président de l’AFJE.
Pour réaliser
cette Cartographie détaillée, un sondage a été mené par voie électronique du
21 mai au 13 juin 2021. Celui-ci a mobilisé 248 directeurs juridiques (membres de l’une ou
l’autre des deux associations partenaires de la cartographie des directions
juridiques, l’AFJE et le Cercle Montesquieu) travaillant pour des entreprises
dont le chiffre d’affaires médian s’élève à un milliard d’euros. Leurs équipes
représentent 7 200 juristes à travers le monde, dont 3 000 juristes en France (soit 17 % de
l’effectif de la profession).
Quels sont
les principaux enseignements de la Cartographie des professions juridiques
2021 ?
LE POIDS DES
DIRECTIONS JURIDIQUES DANS LES ENTREPRISES
Globalement,
les dépenses juridiques totales s’élèvent en moyenne à 0,17 % du chiffre
d’affaires de l’entreprise, un ratio stable depuis 2013. En rapportant
l’effectif des juristes au chiffre d’affaires, on compte dix juristes par
milliards d’euros de CA, contre sept juristes par milliard d’euros en 2020,
soit une progression de 42 % par rapport à 2013. Les juristes représentent
actuellement 83 % de l’effectif de la direction juridique contre 80 %
en 2013.
Quant aux
dépenses internes de la Direction juridique, elles constituent 67 % du
total de ses dépenses (vs. 60 % en 2013). Ce chiffre témoigne d’une
internalisation croissante des dépenses, notamment dans une volonté de réduire
les coûts en période de crise.
Un
directeur juridique sur trois a déjà discuté et assuré un suivi régulier avec
sa direction financière ou sa direction générale de la prise en compte dans son
budget des rentrées financières directement consécutives aux actions de la
direction juridique (article 700, condamnation indemnitaire, transaction…), nous apprend aussi
l’étude.
En ce qui
concerne l’importance donnée à la profession, les tendances d’évolution de la
fonction de directeur juridique se confirment dans le temps. On constate ainsi
que celle-ci est de plus en plus tournée vers l’international, car 75 %
des directeurs juridiques ont un périmètre géographique qui s’étend au-delà de
la France, contre 70 % en 2018. La profession est aussi de plus en plus
stratégique, car trois directeurs juridiques sur quatre sont impliqués dans les
COMEX/CODIR de leur entreprise, contre deux sur trois en 2018, afin que son périmètre fonctionnel se
consolide. En effet, les domaines conformité/éthique/compliance et données
personnelles sont aujourd’hui rattachées aux directions juridiques dans
77 % des cas, contre environ 70 % en 2018.
« Les
résultats de cette enquête nous confirment que le rôle du directeur juridique
est de plus en plus stratégique pour le fonctionnement des entreprises. C’est
une tendance observée depuis plusieurs années, que la crise de la Covid-19 est venue renforcer. La
valeur ajoutée de la direction juridique au sein d’une
entreprise est désormais mieux reconnue et son périmètre augmente » a
ainsi déclaré Marc Mossé.

GESTIONNAIRE
DU RISQUE ET ADMINISTRATEUR DE SOCIÉTÉS : DE NOUVEAUX RÔLES POUR LE
DIRECTEUR JURIDIQUE
En 2020,
nous apprend la Cartographie, 85 % des entreprises du panel ont déployé un
programme de conformité. Cette proportion s’élève à 95 % pour les
entreprises de plus de 5 000 salariés. La fonction juridique est par
conséquent au cœur des stratégies de gestion du risque. Lorsqu’un sinistre est
survenu dans l’un des domaines couverts par le plan de conformité, trois
directeurs juridiques sur quatre sont en effet directement intervenus.
En 2020 également, 35 % des directeurs
juridiques avaient un mandat d’administrateur de sociétés ou d’association/fondation
contre 30 % en 2018. Une augmentation qui s’explique notamment par la
prise en compte, dans cette édition, des mandats d’administrateur
d’association. La majorité des administrateurs le sont d’une ou plusieurs
filiales du groupe qui les emploie. Seuls 4 % des directeurs juridiques
ont un mandat d’administrateur dans une société en dehors de leur groupe.
À noter
également qu’en 2021, 65 % des directeurs juridiques indiquent avoir une
formation complémentaire à leurs études de droit initiales (vs.
60 % en 2018). Par exemple, 54 % des directeurs juridiques qui ont
une formation complémentaire sont titulaires du CAPA, ce qui représente
35 % de l’ensemble des directeurs juridiques.
PANDÉMIE ET
DIGITALISATION DES FONCTIONS JURIDIQUES
Pour cette
7e édition de la cartographie des directions juridiques, la moitié
des directions juridiques ont déclaré que leur périmètre avait été impacté par
la pandémie, et que cela s’était traduit par leur sollicitation sur de nouveaux
domaines du droit. Dans le même temps, 27 % des DJ ont pu recruter,
8 % ont dû mettre des juristes en chômage partiel et 14 % d’entre
elles ont dû réduire l’effectif des juristes de leur équipe.
En
parallèle, dévoile l’étude, les directions juridiques rapportent une visibilité
accrue de leur fonction dans ce nouveau contexte. Ainsi, en 2020, quatre
entreprises sur cinq ont mis en place une cellule de gestion de crise pour
affronter la pandémie, et les directeurs juridiques ont participé à cette
cellule dans deux entreprises sur trois.
Le point
positif de la pandémie est qu’elle a accéléré la digitalisation de la
profession. Ainsi, en 2020, 92 % des directeurs juridiques du panel
avaient déjà lancé un projet de transformation des méthodes de travail des
juristes utilisant une ou plusieurs des technologies digitales avancées, contre
75 % en 2018.
Le
télétravail, imposé en 2020 dans de très nombreux secteurs de l’économie du fait de la crise
sanitaire, a très certainement joué un rôle moteur dans la digitalisation des
process des directions juridiques. La signature électronique s’est clairement
imposée presque partout, présente dans 81 % des directions juridiques. Le e-learning
juridique a également progressé sur la période, près d’une direction juridique
sur deux y a recours aujourd’hui.
En revanche,
la génération automatique de contrats a encore du mal à se développer, sans
doute parce qu’elle affecte le cœur de métier du juriste ainsi que les systèmes
d’information de l’entreprise, dans lesquels elle doit souvent s’intégrer.
En tout
cas, 78 % des directions juridiques envisagent de poursuivre la
digitalisation de la fonction d’ici 2022.
« Face
à l’incertitude économique et l’évolution des réglementations perçues comme de
plus en plus nombreuses et complexes, l’appréhension des enjeux juridiques par
les instances dirigeantes des entreprises est une nécessité et un facteur
majeur de création de valeur. Pour un cabinet d’affaires tel que le nôtre,
cette étude est particulièrement riche en enseignements. Elle nous apporte des
clés de lecture supplémentaires aidant à anticiper l’évolution des besoins des
directions juridiques et ainsi les accompagner pour faire du droit un levier de
performance » a commenté Éric Lasry, managing partner du cabinet Baker
McKenzie.