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Avocats, comment adopter les techniques du legal design ? Le barreau de Paris fait le point

Avocats, comment adopter les techniques du legal design ? Le barreau de Paris fait le point
Publié le 13/06/2020 à 11:00



La crise sanitaire n’a pas eu raison de la formation des avocats : le barreau de Paris s’est lui aussi mis au pas des webinaires pour continuer à instruire ses pairs. Le 6 mai dernier, la profession se penchait ainsi sur le legal design, aux accents aussi avant-gardistes qu’effrayants. Pourtant, Caroline Laverdet et Alexandra Sabbe Ferri l’ont assuré : rien de plus simple que de rendre les informations juridiques compréhensibles. Pour elles, passer de juriste à legal designer s’avère même « un enjeu démocratique, professionnel et économique ».




Communiquer le droit de manière à le rendre accessible à tous, via des documents clairs et engageants, telle est la promesse du legal design. Pas encore démocratisée, la méthode intrigue et semble faire ses preuves. À cet égard, le confinement instauré suite à la pandémie de coronavirus a agi comme un révélateur puisque, durant cette période, les cabinets d’avocats ayant recours à ce design thinking appliqué au droit ont, semble-t-il, su tirer leur épingle du jeu.


Ainsi ont pu en témoigner les avocates Caroline Laverdet et Alexandra Sabbe Ferri, à l’occasion d’un webinaire introduit par Yannick Sala (avocat, membre du Conseil de l’Ordre) et organisé par le barreau de Paris, au titre de la formation continue des avocats, le 6 mai dernier. « Le design thinking est-il soluble dans notre profession ? Pouvons-nous, avec notre formation traditionnelle, adopter ces solutions ? » a interrogé l’avocat Barthélemy Lemiale, modérateur de cette conférence en ligne. « Cela a changé ma vie professionnelle, et je souhaite la même chose à nos confrères », a assuré Alexandra Sabbe Ferri.


 


Le pouvoir des infographies


Entrant dans le vif du sujet, les deux avocates ont présenté plusieurs exemples concrets d’utilisation du legal design. Caroline Laverdet, avocate au barreau de Paris depuis 2012 et à la tête de son propre cabinet, est notamment revenue sur un jeu de l’oie des « 10 commandements juridiques » réalisé par ses soins pour une entreprise. « Mon client, patron d’une PME, m’a confié qu’il faisait face à de gros problèmes d’impayés. Il fallait que je forme ses collaborateurs à ce que le processus contractuel soit bien défini et respecté. En y réfléchissant, je me suis dit que j’allais arriver en formation dans l’entreprise et que les commerciaux allaient se dire : "Voilà l’avocate qui débarque et va nous endormir”. J’ai donc réalisé ce jeu de l’oie, qui a été très apprécié, car c’était plus original et plus compréhensible qu’un cours presque magistral, et puis ce sont des documents qu’ils ont pu conserver, auxquels ils peuvent se référer régulièrement. »


Un document, quelques icônes, de la couleur, des passages en gras, une présentation aérée… L’avocate l’a garanti : en termes de graphisme, il existe des astuces très simples à mettre en œuvre pour faciliter la lecture de l’information juridique.


Celle-ci a également montré un document sur les conditions générales de vente, à destination d’une autre entreprise : adieu les deux colonnes en caractères microscopiques.


« Au-delà de la mise en forme, il s’agit d’utiliser un langage simplifié. Je supprime toutes les phrases traditionnelles de type “les parties conviennent expressément que” – je ne peux plus les voir ! a plaisanté Caroline Laverdet. Vérifier que les clauses fonctionnent bien, c’est notre métier, mais si on peut proposer quelque chose d’amélioré dans la présentation, c’est mieux. L’objectif, c’est de clarifier le juridique et d’arrêter d’utiliser des termes que certains ne comprennent pas ou mal. Sans compter que les clients et les partenaires de l’entreprise ne peuvent plus dire qu’ils n’étaient pas bien informés. »


Pour ne pas décourager le lecteur par avance, il faut donc chercher à être engageant, hiérarchiser l’information, ne garder que les points essentiels. « Cela permet plus d’intelligibilité et donc d’effectivité. Typiquement, les CGV, personne ne les lit. Le risque, c’est d’avoir des clients qui font signer des documents qu’ils n’ont pas lu à des gens qui ne les lisent pas. Et lorsqu’un problème survient, chacun sort sa loupe, et puis se dit “mais comment ai-je pu signer ça ?” On est donc complètement dans notre rôle de conseil, d’avocat », a abondé Alexandra Sabbe Ferri, avocate spécialisée en droit du travail et fondatrice de Sagan avocats.


Une infographie va également permettre, par exemple, d’expliquer un point de droit de façon plus claire que peut l’être une ordonnance : depuis un an et demi qu’elle produit des infographies de façon régulière, l’avocate a affirmé en avoir créé un grand nombre pendant le confinement, afin d’essayer de trouver une solution à l’avalanche législative et réglementaire. « C’est une problématique pour tout le monde. Si nous, avocats, sommes déjà noyés sous l’information, imaginez nos clients ! »


Alexandra Sabbe Ferri a ensuite affiché sur son écran une infographie sur l’accord d'intéressement 2020-2022. « Au mois de décembre, lorsqu’il a été annoncé que la prime Macron serait conditionnée à la signature d’un accord d'intéressement, cela a fait hurler tout le monde, car les petites entreprises utilisent largement cette prime, exonérée de charges et d’impôts : or, très peu d’entre elles ont un accord d'intéressement. Je me suis donc demandé comment faire pour permettre au plus grand nombre de signer ces accords d’intéressement sans trop de difficultés », a témoigné l’avocate.


Dans les petites entreprises où il n’y a pas de CSE, l’accord doit être ratifié aux deux tiers du personnel. Alexandra Sabbe Ferri s’est donc « mise dans les baskets » d’un salarié qui doit ratifier un accord d'intéressement : « J’ai désossé, et retiré tout ce qui, dans un contrat, fait peur. J’ai enlevé le terme “article” en remplaçant par des chiffres, supprimé les adverbes et les double négations, défini les termes qui peuvent ne pas être clairs, remplacé les titres par des questions : je m’adresse ainsi directement au lecteur, qui se sent plus concerné. Il ne faut pas oublier qu’on parle une langue étrangère pour les non-juristes, que l’on a mis sept ans pour apprendre – comme une langue vivante », a souligné l’avocate. Selon cette dernière, la création de ce document a initié un double niveau d’engagement : il a d’abord permis la ratification de l’accord et a également généré des efforts communs pour atteindre l’objectif collectif contenu dans ledit accord.


Le gain n’est d’ailleurs pas seulement pour l’entreprise : Alexandra Sabbe Ferri estime avoir gagné « un temps fou » dans le dialogue avec ses clients.


« Ils s’approprient le document, ils ont le sentiment qu’ils peuvent participer. Mes relations avec eux ont beaucoup évolué depuis que je pratique le legal design », s’est-elle réjouie.


 


Booster son chiffre d’affaires


Qui dit plus-value ne dit toutefois pas bénévolat. Caroline Laverdet l’a indiqué en toute transparence : « Oui, nous facturons cette prestation de legal design en plus de nos prestations juridiques. » Prestation qui s’avère d’ailleurs un réel outil de croissance pour son cabinet, puisqu’elle note une forte augmentation de son chiffre d’affaires depuis quelques mois.


Même son de cloche du côté d’Alexandra Sabbe Ferri : dans son cabinet, on utilise le legal design depuis 2018. En 2019, l’avocate a enregistré un doublement de son chiffre d’affaires par rapport à l’année précédente. Cette année, au 30 avril 2020, elle avait déjà réalisé la moitié de son chiffre d’affaires de l’année dernière. « Nous avons une croissance très rapide, mais malheureusement nous ne sommes que deux et nous ne pouvons pas prendre tous les clients », a-t-elle regretté.


L’avocate l’a martelé : il y a « un gros avantage concurrentiel à être petit, léger, agile ». « Il faut arrêter de se plaindre et y aller vraiment, trouver un juste équilibre entre charges et revenus, éventuellement mutualiser les coûts avec des confrères ». L’avocate est elle-même en partenariat avec une concurrente directe. Toutes deux s’aident réciproquement, et sont assistées de deux designers. « Il faut arrêter de penser concurrence directe et voir comment on peut fonctionner ensemble pour faire croître nos cabinets. »


Quant à la typologie des clients, a détaillé Caroline Laverdet, il y a d’abord les clients traditionnels du cabinet et les nouveaux clients – principalement des entreprises. « J’ajoute des documents en legal design et je propose une facturation supplémentaire, puisque je fournis une amélioration par rapport à la prestation que j’apporterais traditionnellement. Les clients sont d’accord, car tout le monde y gagne. Les entreprises sont dans une démarche de simplification des documents juridiques et recherchent ce type de prestation, même si cela coûte un peu plus cher. » L’avocate compte aussi de nombreux professionnels du droit, notamment des confrères : « J’ai réalisé des modèles de conventions d’honoraires quand ils voulaient proposer des lettres de mission plus modernes, j’ai refait leurs sites Internet », a-t-elle indiqué.


 


Des initiatives inspirantes


Rompue au legal design, codeuse à ses heures perdues, Caroline Laverdet n’en est pas restée là : elle a ainsi lancé le service welovelegaldesign.com, à destination des entreprises, de leur direction juridique, des particuliers, des institutions publiques et de ses confrères, toujours dans l’idée de réaliser pour eux des schémas et graphiques « structurant la règle juridique » pour mieux « visualiser le droit ». « Si je n’avais pas été avocate j’aurais été graphiste, alors je marie mes deux passions ! »


Désireuse d’aller plus loin elle aussi, Alexandra Sabbe Ferri a développé pour sa part une plateforme permettant de calculer les indemnités de rupture du contrat de travail : mesindemnités.com.


« Je me suis rendu compte que lorsqu’on parle de rupture de contrat, la première question qui intéresse, c’est “combien”, et cela vaut pour l’employeur comme pour le salarié. Or, c’est assez rare de mettre cela en avant lors d’un premier rendez-vous. » Afin de calculer les indemnités, l’utilisateur n’a qu’à remplir un questionnaire assez simple en cinq étapes, via une interface intuitive. Le modèle calcule alors le solde de tout compte, les allocations Pôle Emploi, les indemnités données par le conseil des prud'hommes sur le fondement d’un licenciement sans cause réelle et sérieuse. Un template pour le salarié donne le net salarié en plus du brut salarié, tandis qu’un template pour les employeurs affiche, lui, le « vrai » coût employeur. Et cela, pour une bonne raison : « Le brut, ça ne parle à personne : ce n’est pas ce que le salarié va avoir dans la poche, ni ce que l’employeur va débourser », a souligné l’avocate.


 


SOS profession « coincée », les réseaux sociaux à la rescousse


« Je pense qu’on est une profession coincée, car considérée comme “noble”. On a du mal à changer de mode de communication – on devrait être les meilleurs dans ce domaine, et ce n’est pas le cas. Il faut donc repartir à l’essence de ce qu’on fait : communiquer pour améliorer les relations entre les gens. Et pour cela, il faut se décoincer », a invité Alexandra Sabbe Ferri.


S’il est grand temps pour les avocats de moderniser leur communication, cela passe notamment par la présence sur les réseaux sociaux, à des fins de prospection ou pour entretenir le lien avec ses clients, a appuyé Alexandra Sabbe Ferri.


Sur les réseaux, l’image est reine, a-t-elle rappelé : « Aujourd’hui, si vous êtes sur les réseaux sociaux et que vous postez sans image, vos posts ne seront pas lus. Ce qui est écrit en-dessous du visuel, pas grand monde n’y prête attention. »


Pour ce faire, a-t-elle recommandé, il est important de cibler le public à qui l’on s'adresse, que l’on veut toucher ; trouver une façon de parler qui corresponde à ses clients, mais aussi à soi-même, afin de véhiculer sa « marque », ses missions, quitte à être clivant, car « on peut pas plaire à tout le monde », a considéré l’avocate. Cette dernière s’est ainsi inspirée de l’interface de la célèbre application de rencontres Tinder pour imaginer un modèle de promotion novateur assurant un « match » entre un avocat et ses futurs clients. « Au moins les gens s’en souviennent ! », s’est-elle amusée.


Très présente sur LinkedIn, notamment, où elle partage de nombreux contenus juridiques, l’avocate a constaté que les vues de son profil étaient en très nette augmentation depuis le coronavirus. La communication qu’elle a mise en place par ce biais lui a « permis d’exploser en cette période », preuve que, selon elle, « il est important de faire ce travail. Certes, cela prend beaucoup de temps, mais une fois que c’est là, c’est bien là. » Alexandra Sabbe Ferri a par ailleurs observé qu’un tiers de son acquisition clients provenait du réseau social professionnel. Ces derniers la contactent désormais directement sur sa messagerie.


Preuve qu’elle « pèse » sur les réseaux, Google Trends fait apparaître son cabinet, Sagan avocats (qui compte deux avocates), en bonne position, puisque sa cote de popularité atteint quasiment le tiers de l’un des plus gros cabinets d’avocats de l’Hexagone. « On ne devrait pas apparaître sur ce schéma, et pourtant, on compte à côté de cet énorme cabinet qui existe depuis toujours. Comme quoi, un micro-cabinet peut sortir du lot avec une communication adaptée à ses utilisateurs. »


Page Facebook, compte Instagram... Caroline Laverdet met elle aussi un point d’honneur à être présente sur les réseaux sociaux. « Les gens apprécient notamment les photos de l’avocat dans l’exercice de son métier, a-t-elle rapporté. Je vois bien la différence de “likes” en fonction des photos. » Une présence aussi importante que facile, a-t-elle estimé, puisqu’il est possible de partager une même publication sur différents réseaux en même temps. Pratique.


« Se rapprocher encore plus du justiciable, cela passe par la communication, les réseaux sociaux, mais aussi par nos locaux », a considéré l’avocate. Il y a deux ans, cette dernière a cherché à moderniser son exercice, en déménageant dans… une boutique, au cœur du 17e arrondissement, non loin du nouveau Palais de Justice. « On a souvent l’image du vieil avocat au centre de son bureau, dans son immeuble haussmannien. Je n’ai rien contre les immeubles haussmanniens, mais j’ai voulu faire quelque chose de différent, qui est plus développé dans les pays anglo-saxons, mais rarement en France. Les retours sont positifs, les clients ont trouvé ça branché, original. »


Caroline Laverdet a également eu à cœur de doter son cabinet d’un site Internet clair, sur lequel figurent de façon précise et avenante ses différents domaines d’intervention, ses actualités et son contact.


De son côté aussi, Sagan avocats a soigné son site Internet, véritable outil de travail pensé pour ses utilisateurs. « Il ne s’agit pas non plus de noyer l’internaute, a nuancé Alexandra Sabbe Ferri. On donne nos prix, on dit ce qu’il y a à l’intérieur ». Et ces efforts de transparence et de visibilité paient, puisque l’avocate s’est félicitée d’un excellent référencement naturel. « Plus les gens vont sur votre site, plus il remonte dans les recherches Google. Cela prend du temps, d’avoir du trafic sur son site. Mais le retour est colossal ! », a-t-elle promis.


 


« Un socle pour rebondir » via la créativité


Barthélémy Lemiale n’a pas caché son admiration vis-à-vis de cette façon innovante de concevoir la profession : « C’est totalement dépoussiérant ! Dépoussiérant de la manière dont nombre d’entre nous avons été formés ; à se dire qu’il fallait toujours garder une certaine distance avec le client pour pouvoir le conseiller au mieux. Or, vous avez au contraire une démarche prospective et active, et vous cherchez à réduire la différence d’information entre l’avocat et son client. Trop souvent, aller chez l’avocat, c’est comme aller chez le dentiste : les gens y vont à reculons, car ils n’ont pas le choix. Dans votre cas, ils viennent vous voir volontiers car vous vous affichez comme facilitatrices », a-t-il relevé.


Sur ce point, Caroline Laverdet a insisté sur la notion d’oser : « J’ai l’impression que certains avocats restent attachés à l’exercice traditionnel de la profession. Avocate depuis huit ans, je ne me permettrais pas de les juger. Mais, pour certains d’entre nous en tout cas, il faut qu’on envisage de nouvelles approches, tout en continuant à respecter les règles de déontologie. »


De son côté, Alexandra Sabbe Ferri a mis en exergue que notre façon de vivre ayant beaucoup évolué, il était nécessaire que le droit évolue en fonction. Cette matière humaine, du quotidien, ne saurait être déconnectée de ce que l’on vit. L’avocate a toutefois pointé un paradoxe : alors que nous appartenons à un monde ultra-connecté, le droit s’intéresse principalement à des intérêts locaux. « Par ailleurs, auparavant, les avocats travaillaient sur le long terme et avaient le temps de lire des consultations de 30 pages, le temps de prendre des décisions : cela avait du sens par rapport à la façon dont les gens vivaient. Aujourd’hui, qui a le temps d’attendre des années pour que son problème soit résolu par un juge ? » Pour Alexandra Sabbe Ferri, l’évolution colossale de la société doit donc se retrouver dans le droit. Or, pour l’heure, de nombreux cabinets se sont retrouvés à l’arrêt pendant le confinement lié à la pandémie, par manque d’outils numériques, par incapacité à continuer de suivre leurs clients, à défaut de pouvoir les recevoir en présentiel. « Il faut qu’on soit en phase avec nos clients et avec nous-mêmes, car nous sommes online dans notre vie quotidienne ! » a fait remarquer l’avocate.


Cette dernière n’a pas manqué de faire référence au rapport remis par l’avocat Kami Haeri. « Nous étions tous alarmés de voir ces chiffres : seulement 13 % des Français sont satisfaits après leur recours à un avocat et leurs problèmes juridiques ne sont traités qu’à 23 % par des avocats… » Le risque, selon elle, est que d’autres professionnels moins expérimentés en la matière soient sollicités, ou que les justiciables se retrouvent dans un no man’s land juridique. « C’est un système qui ne satisfait personne », a-t-elle convenu, appelant la profession à se remettre en question.


Trois obstacles principaux subsistent, à son sens : l’obésité juridique, la complexité juridique et le jargon juridique. « Les trois ensemble, cela débouche sur une absence de droits, car il n’y a que les juristes qui peuvent interagir. Si on arrive à remettre de la synthèse, de la simplicité, du langage clair, on peut alors aboutir à un respect des droits, et permettre aux non juristes de rentrer dans ce monde pour en bénéficier », a avancé l’avocate, qui a souligné que toutes les plus grandes sociétés se fondaient sur l’expérience utilisateurs, c’est-à-dire sur ce que veulent les gens : un service rapide, une solution accessible. Les cabinets d’avocats, selon Alexandra Sabbe Ferri, sont tenus de fournir une telle prestation.


« Le legal design est un concept qui peut faire peur, mais je suis optimiste, et je pense que ce sera un socle merveilleux pour rebondir », a assuré l’avocate.


Bien qu’opposée au statu quo, la fondatrice de Sagan avocats s’est montrée rassurante : il n’est pas non plus question de mettre de la technologie avancée partout, d’avoir recours à l’intelligence artificielle ou de devoir confier cette tâche à quelqu’un d’autre.


Il existe en effet quantité d’outils très intuitifs et souvent gratuits, à l’instar de Google Form, outil de collecte de données, Miro, outil de brainstorming, Canva, plateforme de conception graphique, mais aussi les indécrottables Word et PowerPoint, ou encore les logiciels InDesign et Illustrator, si l’on sait se servir des logiciels d’Adobe.


Alexandra Sabbe Ferri défend donc une méthode douce pour parvenir à l’innovation. Et cela tombe bien, les legal designers ont un credo selon lequel la révolution juridique ne sera pas technologique... mais créative. L’essentiel étant surtout de prendre en compte les problèmes immédiats, et de centrer sa réflexion sur les utilisateurs. « Quand on veut que quelqu’un nous aime, on s’intéresse à lui : eh bien c’est pareil ici ! » Cela implique donc de créer des services que les gens veulent et aiment utiliser. « La désirabilité est importante, c’est cela qui va faire acheter », a précisé Alexandra Sabbe Ferri.


Au-delà, a-t-elle considéré, il est primordial de créer une culture de l’innovation dans l’organisation. Passer de juriste à legal designer est, pour l’avocate, un enjeu démocratique, professionnel et économique. Et pour cela, « il faut changer d’état d’esprit », a-t-elle insisté.


« Développez votre aptitude à avoir des idées nouvelles, pertinentes et originales. Ne demandez pas aux gens ce qu’ils veulent, partez de leurs besoins », a-t-elle conseillé.


Le processus doit ensuite être exécuté dans un temps court, afin de passer du prototype (création rapide d’un projet d’outil qui répond au besoin) au test, pour vérifier que l’on a visé juste. Reste ensuite à « itérer », c’est-à-dire à modifier, améliorer, afin de coller aux attentes des utilisateurs. Un travail « constant », a précisé Alexandra Sabbe Ferri.


Particulièrement suivi, commenté et relayé, ce webinaire a, semble-t-il, montré la volonté d’une partie des avocats de s’emparer, à leur tour, du legal design. Et d’ « itérer » leurs pratiques, au plus proche de leurs clients.


 


 


Bérengère Margaritelli


 


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