JUSTICE

Réforme de la saisie des rémunérations : les commissaires de justice entrent en piste

Réforme de la saisie des rémunérations : les commissaires de justice entrent en piste
Publié le 01/07/2025 à 09:10

À partir de ce 1er juillet, la profession se substitue aux greffes et devient l’interlocutrice des tiers saisis dans le cadre de ces procédures. Les commissaires de justice prendront notamment le relai des demandes déjà engagées après transmission du procès-verbal par le tribunal concerné.

Seule procédure, avec la saisie immobilière, restée « totalement judiciaire » jusqu’à aujourd’hui « en raison de la nature particulière du bien saisi », la saisie des rémunérations quitte les tribunaux pour rejoindre les offices des commissaires de justice.

Ce 1er juillet marque en effet l’entrée en vigueur de la réforme de la saisie des rémunérations prévue par la loi d'orientation et de programmation du ministère de la Justice 2023-2027 du 23 novembre 2023.

Une réforme « importante » qui « s’inscrit dans un mouvement général de déjudiciarisation de la mise en œuvre des mesures d’exécution forcée commencé il y a plus de trente ans », nous explique Béatrice Duquerroy, membre du bureau de la Chambre nationale des commissaires de justice. Ces derniers devraient ainsi « maitriser plus complètement l’ensemble des modes d’exécutions des décisions de justice ».

Le commissaire de justice devient répartiteur

En lieu et place des greffes, les commissaires de justice se chargeront désormais de délivrer l’acte de saisie à l’employeur, à qui ils indiqueront les modalités de prélèvement et de reversement mensuel de la quotité saisissable de la rémunération de son employé, développe la commissaire de justice.

« Cette réforme consacre par ailleurs une autre facette de l’activité du commissaire de justice, ajoute Béatrice Duquerroy, puisque celui-ci sera tenu, préalablement à la saisie, d’inviter le débiteur à participer à l’établissement d’un accord sur le montant et les modalités de paiement de la dette ».

À défaut d’accord dans un délai d’un mois, le professionnel pourra alors mettre en œuvre la saisie entre les mains de l’employeur. Si, à l’inverse, un accord est trouvé, le commissaire de justice dressera le procès-verbal.

À noter que si la tentative d’une résolution amiable avec le débiteur du règlement de sa dette fait partie de l’activité quotidienne des commissaires de justice, « c’est la première fois qu’elle est aussi précisément consacrée et encadrée par les textes », souligne Béatrice Duquerroy.

Avec cette réforme, le commissaire de justice est également investi d’un tout nouveau rôle : celui de répartiteur. Il sera chargé de recevoir les fonds versés mensuellement par le débiteur afin de les répartir au moins une fois toutes les six semaines entre les différents mandataires des créanciers ayant initié ou s’étant joint à la saisie.

« Très peu de changements » pour les tiers saisis

Côté tiers saisis, la réforme « opère finalement très peu de changements », de l’avis de Béatrice Duquerroy – les règles de calcul de quotité saisissable n’étant « absolument pas modifiées » –, si ce n’est le destinataire du versement mensuel, qui n’est plus le greffe, mais bien le commissaire de justice répartiteur, seul interlocuteur.

Un temps de « flottement » psour les procédures déjà en cours va également bouleverser, pour une courte durée, les démarches des tiers saisis. En effet, en attendant qu’un commissaire de justice (identifié dans un dossier) reçoive le procès-verbal de transmission du tribunal (entre les premiers jours de juillet et début décembre) et qu’il se manifeste auprès du tiers saisi, ce dernier devra cesser de prélever la fraction saisissable et verser l’intégralité du salaire au débiteur.

« À compter de cette transmission de la procédure par le greffe, le créancier aura trois mois pour poursuivre la saisie selon la nouvelle procédure », détaille Béatrice Duquerroy. Soit autant de temps pour désigner un commissaire de justice répartiteur et notifier au tiers saisi que les fonds devront être reversés mensuellement à celui-ci.

Quant aux demandes de saisies des rémunérations déposées avant le 1er juillet n’ayant pas encore donné lieu à un jugement autorisant la saisie, la loi et le décret d’application prévoient qu’elle seront jugées selon l’ancienne procédure. Une audience de conciliation devant le juge se tiendra donc à l’issue de laquelle ce dernier autorisera ou non la saisie.

« Il appartiendra ensuite au créancier de mandater un commissaire de justice pour mettre en œuvre directement la saisie entre les mains de l’employeur selon, cette fois, la nouvelle procédure », précise la commissaire de justice.

Attention, la réforme ne concerne pas les saisies du Trésor Public ou du comptable public (SATD), ni les paiements directs type pensions alimentaires, et les cessions de rémunération mises en place par les greffes.

Allison Vaslin

 

 

 


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