DROIT

Une Déclaration européenne pour donner plus de droits à tous les animaux

Une Déclaration européenne pour donner plus de droits à tous les animaux
Publié le 14/02/2025 à 17:20

Officiellement lancé et présenté fin janvier à Strasbourg, ce texte co-écrit par plusieurs chercheurs et juristes interdit notamment les actes de cruauté et mauvais traitement à l’égard de tous les animaux, et appelle à la préservation des espèces en liberté.

« Une avancée décisive pour la protection animale. » Le 29 janvier dernier, la Déclaration européenne des droits de l’animal (DEDA) a été officiellement lancée à l’hôtel de ville de Strasbourg, première ville signataire de ce texte.

Rédigée par plusieurs juristes spécialisés dans ce domaine, chercheurs en droit animaliers, et coordonnée par le juriste et professeur agrégé de droit français et en sciences criminelles Jean-Pierre Marguénaud, cette Déclaration se veut, pour les animaux, l’équivalent de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, et vise à poser les bases d’une reconnaissance des droits des animaux à l’échelle européenne.

« Nous pensons que nous pouvons arriver à quelque chose à partir de cette déclaration pour changer le sort des animaux. Quand la CEDH dit “Nul ne peut être soumis à la torture ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants”, ce “nul” ne pourrait-il pas inclure les animaux ? », a questionné le professeur lors de la présentation fin janvier.

Et bien qu’il ne s’agisse pas du premier texte visant à protéger davantage les animaux, avec notamment la Déclaration universelle des droits de l’animal (DUDA) proclamée en 1978 à la Maison de l’UNESCO à Paris, Jean-Pierre Marguénaud espère donner à ce nouveau texte « une portée maximale », rapportent les Dernières Nouvelles d’Alsace.

Le 17 février, soit le lendemain du 10e anniversaire de la loi ayant introduit dans le Code civil la reconnaissance officielle des animaux comme « êtres vivants doués de sensibilité », la Déclaration sera solennellement proclamée dans différentes villes de France qui deviendront elles aussi signataires. Le texte devrait également être reconnu par le Parlement européen au printemps prochain.

Doter les animaux d’une personnalité juridique

Scindé en quatre grandes parties, le texte est composé de 14 articles pour pallier la « banalis[ation] tant [d]es violences et [d]es atrocités commises à l’encontre des animaux, que [de] leur exploitation abusive », est-il indiqué en préambule.

Premier principe formulé dans l’article 1 : « Nul animal ne peut être soumis ou exposé à un acte de cruauté. » L’article 2 vient préciser les types d’actes de cruauté qui peuvent se traduire, entre autres, par le délaissement volontaire d’un animal domestique ou la souffrance volontairement infligée à un animal donné en spectacle.

L’article 4 se penche sur le cas des animaux utilisés pour les besoins de l’homme et édicte que « Tout animal que l'homme a choisi pour compagnon, qui a travaillé à son profit, qui a servi à l'approfondissement de ses connaissances ou au renforcement de sa sécurité, doit avoir une durée de vie conforme à sa longévité naturelle dans les conditions nécessaires à son bien-être. »

Une responsabilité est également attribuée aux États qui ont l’obligation d’empêcher l’extinction des espèces animales qui vivent en liberté naturelle. Dès lors qu’une atteinte est portée à une espèce sauvage entrainant une perte de richesse biologique, « la réparation doit être prioritaire », prévoit l’article 9.

De son côté, l'article 12 affirme que « les animaux sauvages vivant à l’état de liberté naturelle (…) peuvent se voir reconnaitre une personnalité juridique dotée de droits qui leur sont propres ». La Déclaration penche également pour la création d’une autorité administrative de Défenseur des Animaux qui assurerait leur protection, à défaut, pour le moment, d’un ministère dédié.

L’idée de sensibiliser au respect des animaux tout au long de la scolarité d’un enfant est également avancée. Le 14e et dernier article de la Déclaration prévoit ainsi que la notion de respect doit figurer « de manière significative dans tous les programme de l’école à l’université. »

Mise au point pendant plusieurs mois, cette Déclaration intervient dans un contexte où la protection animale se place de plus en plus comme une préoccupation majeure en Europe, avec 91 % de ses citoyens qui jugent qu’il est important de protéger le bien-être des animaux d’élevage, d’après une enquête Eurobaromètre de 2023. En France, le pourcentage grimpe même jusqu’à 96 %.

Allison Vaslin

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